Fabienne Jouvet parcourt la France pour sensibiliser les politiques au sort des plus démunis


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 10/06/2008 PAR Nicolas César

« Je ne vis pas, je survis ». Avec 700 euros d’allocations et 630 de pension, Fabienne Jouvet, 47 ans, mère de cinq enfants, éprouve les pires difficultés à satisfaire les besoins élémentaires de sa famille. Rien que son logement, une vieille maison de campagne de 100m2, qu’elle loue 785 euros à Tabanac, à une vingtaine de kilomètres de Bordeaux, ampute plus de la moitié de son budget. Le reste passe dans l’alimentaire. Chaque semaine, elle dépense 200 euros pour nourrir sa famille. « Après, il ne me reste plus rien pour payer mes factures », se désole t-elle.

Un accident « bénin » l’a fait basculer dans la précarité
Pourtant, il y a encore huit ans, Fabienne Jouvet et sa famille ne manquaient de rien. Secrétaire commerciale dans une banque en CDI, elle gagnait 1 200 euros nets par mois, plus des primes. « Mais, en 2 000, ma vie a basculé lors d’un accident de travail. J’ai tenté de rattraper un bloc de papier qui glissait de l’imprimante et mon poignet n’a pas supporté. » Bilan, rupture ligamentaire. Après neuf mois d’arrêt maladie, elle reprendra son poste, mais sera licenciée au bout de 15 jours, en toute légalité, par son patron pour « inaptitude au travail ». Commence alors un long combat pour « vivre dignement. » Il lui faudra deux ans de procédures administratives pour être reconnue handicapée et invalide à 100% par la sécurité sociale.

« Cela m’a mise en colère. Car, ceci peut arriver à n’importe qui. Alors, j’ai écrit aux syndicats, aux partis politiques, aux ministres, aux associations. De nombreux citoyens m’ont répondu et m’ont dit « nous sommes des milliers dans cette situation, mais que faire ? ». Elle a donc décidé de créer sur Internet un réseau de « résistance contre la misère », les « Sans rien ». Un réseau, qui se veut un système d’entre-aide, où chacun peut trouver du soutien, des conseils et des bons plans. « Sans rien, parce que quand on n’a plus de travail, on n’a plus rien, on n’existe plus socialement, alors que nos compétences sont toujours là ». Aujourd’hui, même sa santé est précaire. « J’ai une tumeur au cerveau depuis un an. Mais, ça me donne encore plus envie de faire aboutir mon combat, pour les autres », poursuit cette bénévole au Secours catholique de Gironde.

Surtout, que selon elle, il y a urgence à diminuer la pauvreté en France. « Désormais, même certaines personnes quiont un emploi ne peuvent pas se loger. Alors imaginez, vous pour ceux qui ne peuvent pas travailler (handicapés…), c’est insultant de nous dire : « travailler plus pour gagner plus ! ». Afin de sensibiliser le politique et l’opinion publique à leurs difficultés, elle part donc de Bordeaux aujourd’hui, avec quelque uns de ses 3 000 adhérents, pour un tour de France, à travers treize villes (Lille, Metz, Strasbourg, Lyon, Paris…). « Au yeux de la société, nous sommes invisibles, il faut qu’on nous entende. Nous demandons seulement une vie digne, bien se nourrir, des vêtements corrects, le smic pour toute personne qui ne serait pas en état de travailler… ». A cet effet, Fabienne Jouvet a sollicité un rendez-vous avecle président de la République et espère le convaincre de lancer un « Grenelle de la précarité ». Sans succès, pour l’instant…

Nicolas César

Site internet : http://www.sansrien.net/

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