Face à la précarité, l’aide alimentaire aux étudiants


Marianne Chenou
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 28/03/2019 PAR Marianne Chenou

Pour faire face à la détresse alimentaire de ces étudiants diverses initiatives associatives ont vu le jour récemment. Au comptoir d’Aliénor, une petite maison recouverte de tags qu’on peine parfois à repérer à l’arrêt Peixotto, des étudiants s’activent pour préparer l’ouverture. À 16h30, ils accueillent au moins une dizaine de personnes venues faire leurs courses de la semaine. Pâtes, riz, céréales, plats cuisinés, fruits et légumes, tout est installé.

Ici pas de dons, mais des prix réduits au maximum pour permettre à chacun de s’en sortir : 9 centimes le litre de lait, 24 centimes le kilo de pâtes et 31 celui de riz, ici tout se paie au poids. Au passage en caisse, Léa pèse scrupuleusement chaque produit pour lui attribuer le bon prix. Le principe : 5 euros d’achat à l’épicerie par semaine et 5 euros pour les produits d’hygiène par mois.

Précarité alimentaire étudiants

La présidente de l’association Tyffen Nogues, est une étudiante, comme ceux qu’elle aide au quotidien. En 3e année de psychologie, elle dresse un constat édifiant de la situation bordelaise : « Nous aidons 59 personnes à Talence, 69 à Pessac et 34 sur le campus Carreire, ce qui fait un total de 162 étudiants ». L’aide se fait sur critères sociaux exclusivement. Pour bénéficier des tarifs de l’épicerie solidaire, les étudiants remplissent chaque année un dossier dans lequel ils listent leurs charges et leurs revenus. L’aide est accordée à ceux dont le reste à vivre mensuel est de moins de 5 euros par jour, soit 210 euros par mois.

Thomas (le prénom a été modifié), a 28 ans. En 3e année de droit, il a déjà fait des études de commerce auparavant, à l’étranger. Un diplôme non reconnu en France, qui l’a poussé à entreprendre un nouveau parcours universitaire. Il compte continuer en master. Ses ressources ne lui suffisent plus : « Je vis dans une chambre chez l’habitant pour 350 euros par mois. J’ai investi dans un vélo pour ne plus avoir à payer les transports. Je réduis au maximum mes dépenses, mais ça reste impossible de m’en sortir ». Chaque semaine, il dépense environ 3 euros au comptoir, un chiffre « dans la moyenne » selon Tyffen Nogues.

Aller à la rencontre de ceux dans le besoin

Sur les campus Carreire et Pessac, l’aide fonctionne différemment. En étroite collaboration avec la Banque alimentaire de Bordeaux, une épicerie itinérante a vu le jour en octobre dernier. Pour 3 euros, là encore sur critères sociaux après validation d’un dossier, des étudiants reçoivent chaque semaine un colis alimentaire contenant de 5 kg de nourriture. À l’intérieur, des pâtes, des céréales, des conserves, régulièrement des produits d’hygiène, mais aussi des fruits et légumes ainsi que des produits carnés.

Pierre Veit, de la Banque alimentaire Bordeaux-Gironde (BABG), est en charge de l’épicerie itinérante, en collaboration avec le comptoir d’Aliénor. « L’association nous précise le nombre de colis nécessaires et nous les préparons avec ce dont nous disposons », explique-t-il. Chaque semaine, ce sont environ 80 colis qui sont distribués aux étudiants, l’équivalent de 2 tonnes de nourriture depuis octobre. Un travail qui nécessite la présence de 3 bénévoles pour procéder à la distribution.

Mais ce projet lancé a tout de même eu des difficultés à voir le jour. « Cela a été très compliqué » avancent Pierre Veit et Pierrette Castagné de la BABG. Trouver le lieu de distribution, établir des liens avec les universités du campus… Un long parcours qui a duré près de 2 ans avant l’arrivée des premiers colis entre les mains des bénéficiaires. Une déception que tempère toutefois Tyffen Noguès : « L’université de Bordeaux est entièrement à notre écoute. Elle nous prête notre local à Talence, ainsi nous n’avons pas de loyer à payer, seulement des frais de fonctionnement. En ce qui concerne Bordeaux IV, nous avons peu de relations, mais c’est principalement parce que nous ne les avons jamais beaucoup sollicités pour des partenariats », précise-t-elle.

Le comptoir d’Aliénor a déjà élargi son barème social pour permettre à de nouveaux étudiants d’accéder à l’épicerie solidaire. Impossible ainsi de définir si la situation s’aggrave réellement, l’arrivée de bénéficiaires étant principalement justifiées par des critères sociaux légèrement plus étendus. Mais l’association se développe, puisque deux services civiques sont présents pour permettre son fonctionnement. Enfin, Tyffen Noguès nourrit l’espoir d’ici peu de créer un potager attenant au local de distribution, pour fournir directement les étudiants.


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