Foisonnement de bonnes idées et d’interventions exceptionnelles au TEDx de Bordeaux


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 02/12/2012 PAR Laura Jarry

« Tu es partout à la maison »La farandole des speakers commence avec la spécialiste de l’interculturalité, Irina Dobre. D’origine roumaine, elle a longtemps eu l’impression de ne plus être chez elle nulle part ; jusqu’à ce que sa mère lui montre le verre à moitié plein, « en fait, tu es partout à la maison ». Présidente d’une association franco-roumaine, elle a trouvé un équilibre et réalisé un documentaire : demandant à des personnes venant de différents pays de définir la « maison », elle a collectionné des réponses sincères, analogues aux nôtres. Si, comme le dit l’un de ses interviewés, « peu importe où on part, la pensée nous rapporte toujours à la maison », pour Irina Dobre, « Acasa, la maison, c’est quelque chose de plutôt intérieur, qui dépasse une surface physique, une nationalité ».

Karim LappS’inspirer de la nature et des hommes.Suit à cette intervention l’ingénieur spécialiste en biomimétisme, Karim Lapp. Pour lui, nous sommes des êtres vivants, mais une espèce spécialisée, dépendante de l’énergie pétrolière. Pourtant, on pourrait s’inspirer de la nature pour s’en défaire : en prenant l’exemple des termitières qui ont leur propre régulation d’air, un architecte a ainsi construit un bâtiment qui réduit de 90% sa consommation d’énergie. Analysant les pierres, et leur production, il a réussi à trouver une manière de faire produire aux plantes du carbonate de calcium, et donc de la roche.

Après une vidéo du blogueur Jérôme Choain et son  « Tweet and share » (reprise de Michel Delpech), la journaliste Sandrine Pacitto-Mathou raconte son plaisir à « mettre en lumière la vie des autres « . Elle a ainsi passé deux ans au Sénégal pour réaliser un documentaire de quatre heures, questionnant sur les notions de famille, de transmission, et finalement le rapport de chacun avec son territoire, son dialecte, et également le souvenir de la colonisation. Des rencontres qui l’ont touchée et émue, et qui la font conclure son intervention par cet aveu personnel : « je pense être métisse de cœur et de culture. »

« Bilingue gitan »C’est ainsi que se présente Dominique Careil qui travaille avec les nomades depuis une dizaine d’années. Son respect envers cette culture est assez vite palpable, celui-ci racontant simplement que ces derniers ont un nom pour le groupe et un pour le pays, et d’autres anecdotes prouvant que la solidarité prime toujours chez ces nomades. Ainsi, pour un décès, les gens se rassemblent spontanément, sans musiques ou pleurs, juste pour être ensemble ; comme les regroupements auxquels les hôpitaux doivent s’habituer et s’adapter lorsque l’un d’eux est malade. Dominique Careil parle avec émotion de cette vie, ces principes, cette « force de l’oralité, de la parole donnée ».

Prendre les rênes.Ce fut ensuite au tour de Stéphane Faure, ancien moine bouddhiste de nous parler de la souveraineté sur l’être, l’intérieur. Pour lui, l’homme d’aujourd’hui se place souvent en pilotage automatique, et il est important qu’il « reprenne les rênes du véhicule », de son corps ; un projet qu’il développe lui-même à Bayonne en service hospitalier.
Puis le jeune ingénieur Corentin de Chatel-Perron a ébloui les spectateurs par ses réflexions et son travail : vivant au Bangladesh et partant d’un idéal, où « il ne serait pas question de transfert de technologie, mais que chaque territoire se développe vraiment en fonction de son identité », il a l’idée d’utiliser la toile de jute plutôt que la fibre de verre pour construire un bateau. Après un voyage de six mois jusqu’en France à bord d’un voilier composé à 40% de jute et 60% de fibre de verre, il réussit à réunir des fonds pour continuer ses recherches, réalisant qu’en deux ans, des jeunes sortant juste de leurs études, peuvent bouger un pays tout entier.

Marianne Jauffret

Expériences à reproduire.Marianne Jauffret a une vie aussi intéressante que l’idée qu’elle est venue présenter à ce TEDx : commençant sa vie nomade à 19 ans à bord d’un camping-car parcourant l’Allemagne, elle est touchée par de nombreux malheurs avant de finalement se poser dans le bordelais. Et là, lui revient en tête son « rêve de petite fille de vivre dans sa propre maison », dessinée par ses soins. Cependant, elle ne réussit à trouver personne pour faire le lien entre matériaux, techniques,  environnement et consommation d’énergie. Elle doit ainsi s’adapter, utiliser la nature qui l’entoure et crée alors sa maison actuelle, qu’elle décrit comme « vivante ».
Pour Halim Madi, un hacker est « quelqu’un qui aime comprendre le fonctionnement d’un mécanisme afin de le bidouiller, de le détourner de son fonctionnement originel ». Après son speak, on pourrait considérer que lui-même a hacké son propre corps, après des erreurs (ne pas manger douze œufs par jour) et des collectes de données (tester le café au beurre à la place du déjeuner). Pour lui, changer son corps se ferait en agissant à 75% sur la nutrition, 10% sur le sport, 10% sur le sommeil et 5% sur le stress.

Beasty

« On est tous schizophrènes »Suivent à ces speakers deux interventions artistiques : la lecture de Mourad Djebel de ses « Contes des trois rives » qu’il a tant eu de mal à se remémorer et dont il s’émerveille toujours sans aucune difficulté ; et l’historique du beatbox fait par Beasty, au travers d’un show qui a réussi à enflammer et faire danser la salle.
Pour Nicolas Gaume, difficile alors de garder ce niveau d’enthousiasme, mais il lui suffit d’enchaîner les sons de Dark Vador, Thierry la Fronde et du Gangnam Style pour conserver l’attention du public. A travers une analyse communicationnelle de la figure du héros, il réussit à montrer son évolution, et donc celle de la société. Finalement, « on est tous schizophrènes et enfin on se l’avoue », « on a plusieurs versions différentes de nous-mêmes, on se raconte différemment ».

« Pourquoi conclure ? »Jean-Pierre Xiradakis est le dernier intervenant de la journée : celui qui a crée une association de défense et sauvegarde des traditions gastronomiques, voit la cuisine comme un acte culturel et donc considère comme essentiel d’inventorier les recettes et tours de main des cultures méditerranéennes.
En effet, la question se pose : peut-on considérer la conclusion du journaliste David Abiker comme une intervention ? Dans un one-man-show très drôle, il a démonté le décor, cité Jaurès, résumé les interventions de chaque speaker, mais surtout finit de convaincre l’assistance que l’expérience TEDx doit être reconduite : « TEDx, ça ne se conclut pas. Chaque intervention se suit et ne se ressemble pas. Ces gens-là font des trucs formidables… pourquoi conclure ? »

Les interventions seront visibles sur le site de TEDxBordeaux dans les prochains jours.

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