Foot: le blues du manager


Football.ua - Илья Хохлов
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/07/2012 PAR Michel Queyraud
Laurent Blanc est un homme bien ; son parcours d’homme porteur de valeurs et d’engagement est inattaquable sur le fond. Droit dans ses crampons, solide, fidèle, solidaire, il est à l’image de ce mur de défense qu’il incarna dans la génération 98. Mais il semble se camper dans le personnage de l’incompris, sur notamment trois plans. Incompris par ses joueurs qui, au-delà de sa carrure de champion du monde et d’Europe, n’ont pas compris son message, ce vers quoi il aurait aimé les amener en tant que « groupe ». Incompris par sa direction, en la personne de Noël Le Graët, pour ne pas entendre ses besoins, ses demandes de ressources, qu’elles soient matérielles ou intellectuelles, implicites ou explicites. Enfin, incompris par un public qui, comme à Bordeaux, lui a donné pleine confiance et se retrouve le bec dans l’eau face aux attitudes de ce champion de toujours, englué dans le pétrin managérial de la défaite. Plus de son, plus d’image, Blanc est parti plus vite qu’il n’était arrivé. 
 
Des enfants dans une cour d’école
Sur le premier point, on ne peut être que compréhensif, face au spectacle qu’offre le comportements de certains joueurs, leaders de cette équipe et qui à ce titre, devrait être irréprochables face à l’insuccès de leur collectif. Des enfants dans une cours d’école, plutôt genre « sale gosses nantis », qui ont depuis longtemps quitter la Terre au gré de salaires fastueux les éloignants du commun des mortels, même quand celui-ci se prive pour venir l’applaudir. La faute à qui ? Les parents bien sûr, ou tout au moins ceux qui les remplacent depuis trop longtemps. Alors, si Blanc hésite entre posture de  « potentialisateur », en tentant de fabriquer un groupe à partir d’individus aussi disparates qu’infantils, ou de garde-chiourme pour collégiens narcissiques, on ne peut que compatir à la difficulté de la tâche.
 
Sur le deuxième point et à supposer que le président de la FFF, chef d’entreprise confirmé et président d’un club au parcours étonnant (Guingamp), n’ait pas entendu le message de son cadre-en-chef, on pourrait alors pointer un modèle managérial déficient. Les études sur le comportement humain montrent que les attitudes des collaborateurs sont pour la plupart du temps à l’image de leurs dirigeants. Autrement dit, « on a toujours l’équipe qu’on mérite ». Nos politiques le démontrent à longueur de mandats. Tout comme à Bordeaux, Blanc s’est encore une fois isolé. Fini le temps des accords ou des désaccords, bienvenu dans le temps des malentendus.
 
Sur le troisième point, on ne peut que se désespérer face au spectacle offert. Ce fut dit et redit : une défaite n’est acceptable qu’après avoir livré un combat digne de l’adversaire, que si les joueurs en prennent pleinement conscience, acceptant explicitement et profil bas les raisons de leur défaite. Que ces raisons relèvent de leurs manques ou d’une faiblesse face à un challenger plus fort que soi. Le spectacle offert par l’équipe de France a été tout autre. Après s’être piètrement illustrée en Afrique du Sud, elle a rejoué sur le même registre, certes avec des acteurs et un scénario différents. Résultat : un sondage donnant 80% des personnes en désamour avec l’équipe de France. Au-delà du fond, c’est aussi la forme qui a pêché.
 
Des savoir-faire des savoir-être
Le départ de Laurent Blanc ne fait que pointer les errements de responsables, lui compris, qui n’ont toujours pas compris que la gestion des hommes et des projets, passent par des savoir-faire et imposent des savoir-être. Alors, « quand c’est fini, ça recommence » et en attendant le prochain, souhaitons qu’il ait comme facteurs de succès : soit une expérience des hommes rudement acquise sur le terrain amenant à déployer un management expérimentalement efficient mais non théorisé (Aimé Jacquet), soit un savoir-faire issu d’années de travail ajouté à un savoir-être apte aux remises en question (Daniel Costantini). Car, avant de trouver un coach sportif sachant théoriser la pratique et pratiquer la théorie, il faudra attendre qu’une autre culture du management sportif soit accessible et surtout désirée. Croisons les doigts 😉
 
 
Michel Queyraud (coach professionnel d’entreprise, intervenant dans le sport de haut-niveau)
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