Gironde : l’accueil des mineurs isolés étrangers dénoncé par les associations


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 03/06/2017 PAR Carole Le Goff

Françoise Astruc présidente de l’Association Asti (Association de solidarité avec tous les immigrés) présentait, jeudi 1er juin, le cas MNA, « des mineurs étrangers en situation extrêmement difficile », particulièrement à cause d’un processus administratif long et fastidieux par lequel doivent passer les jeunes mineurs tout juste arrivés sur le territoire français, afin d’obtenir l’aide que la loi leur promet.

Des tests sont obligatoires

Une fois arrivés sur le territoire français les MNA doivent subir une batterie de tests pour confirmer qu’ils sont bien mineurs, afin d’obtenir l’aide des départements. Ils doivent alors se rendre au SAEMNA (Service d’Accueil et d’Evaluation des Mineurs Non-Accompagnés) qui vérifie leur âge. Mais à cause d’un manque de place chronique les jeunes se retrouvent souvent à la rue.

La procédure est supposée durer 5 jours, durant lesquels, les jeunes répondent à des questions sur leurs vies, familles, parcours migratoires. Cependant, les démarches administratives souvent longues, bloquent les dossiers, et il arrive que certains jeunes passent plusieurs semaines ou mois au SAEMNA, empêchant ainsi l’accès à d’autres jeunes.

Des suites de ce test, ils reçoivent ou non un papier certifiant qu’ils sont mineurs. Harmonie Lecerf du collectif MIE, n’hésite pas à dire qu’elle suppose que le SAEMNA fait en sorte de considérer certains mineurs en tant que majeurs pour ne pas avoir à les prendre en charge. Dans ce cas, ils sont remis à la rue « ceux considérés comme majeurs reçoivent un certificat de majorité, plus un billet de train pour Paris », dénonce-t-elle. Pour les jeunes mineurs qui ne sont pas pris en charge, parce qu’il n’y aurait plus de places, ils sont invités à « changer de département ». Enfin, pour les plus chanceux qui obtiennent le certificat, ils sont logés (hôtel) et nourris (ticket repas chez flunch en général) jusqu’à ce qu’ils bénéficient d’une place dans un collège ou un lycée et de passer devant l’inspecteur de l’Aide Sociale à l’Enfant qui aura pour charge de les placer en foyer ou dans une Maison éducative à caractère social.

La scolarisation et la formation: des priorités

Chaque enfant sur le territoire français a droit à l’éducation, peu importe sa situation administrative. C’est dans ce respect de la loi que le collectif aide les jeunes, dans l’attente de scolarisation. Les 25 jeunes bénéficient d’un soutien cinq fois par semaine, auprès de l’association Tremplin, grâce aux 22 bénévoles qui veulent « favoriser l’insertion scolaire », explicite Maryse Labroille, de manière à ce que les jeunes puissent entreprendre une formation comme un CAP. On est dans une « urgence totale » poursuit-elle, parce que les mineurs doivent obtenir une formation qualifiante d’au moins six mois, avant leurs 18 ans, pour qu’ils puissent obtenir une carte de séjour à leur majorité. Sous peine de quoi ils risqueraient d’être mis à la rue, voire d’être renvoyés chez eux.

De plus, les jeunes ont juste le droit à un rapide « bilan de santé » révèle Alban Damery de Médecins du Monde, « mais pas de soutien du côté psychologique », alors que l’on parle d’enfants qui ont fui « la misère, la guerre, des violences », et qu’ils ont pour la plupart vécu un voyage éprouvant, qu’ils ont été à la rue, sans avoir toujours la possibilité de manger… D’autant plus que les jeunes sont perpétuellement dans l’attente que leur dossier passe d’une main à l’autre. Face à ces difficultés le collectif MIE demande au Conseil Départemental de répondre à des revendications faites à plusieurs reprises, notamment « du personnel compétent, des aides supplémentaires, plus de places et plus d’éducateurs » pour les aider dans la formation ou la scolarisation des jeunes, déclare Françoise Astruc. D’autant que le collectif prévoit que le nombre de mineurs non-accompagnés ne fera qu’augmenter durant les prochaines années.

Le conseil départemental réagit à cet appel au secours

Contactée à la suite de la conférence de presse tenue par le collectif, Emmanuelle Ajon, vice-présidente du conseil départemental de Gironde, en charge de la protection de l’enfance et de la promotion de santé, certifie que des moyens sont en train d’être aménagés pour accueillir ce nombre croissant de jeunes. « Nous essayons d’ouvrir des places » explique-t-elle, « on est en train de doubler le dispositif d’accueil, pour répondre à un flux grandissant ». Elle illustre ses propos en citant quelques chiffres : l’année dernière ce sont 360 MNA qui ont été accueillis. Fin avril 2017 leur nombre était déjà de 340. « On est un département extrêmement volontariste » continue-t-elle, « on cherche à trouver des solutions », mais malgré les bonnes intentions il est long de modifier les structures et c’est « surtout très coûteux » : pour 110 nouvelles places d’accueil, ce sont 15 millions d’euros qui ont été mobilisés.  

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