En 1780, La Fayette embarquait sur l’Hermione pour annoncer aux insurgés américains l’arrivée des renforts français. En octobre 2014, une réplique de la frégate, fruit de 17 ans de construction, prenait la mer pour son premier voyage officiel… et sa première escale à Bordeaux. Une deuxième escale devait y faire suite, un peu moins d’un an plus tard. Ce lundi 24 août, les salons de l’Hôtel de Ville accueillent son commandant Yann Cariou, Benedict Donnelly et une partie de l’équipage pour revenir, une dernière fois, sur cette entreprise exceptionnelle.
Le trois-mâts de 65m de long compte parmi les plus grandes répliques à naviguer au monde. Lui faire traverser deux fois l’Atlantique sans encombre tient de l’exploit. Comme l’explique son commandant, l’Hermione de La Fayette naviguait avec un équipage de 200 hommes, et des savoirs-faire qui se sont pour beaucoup perdus au fil du temps. Face à ce défi, qu’il aime comparer à l’Everest, le commandant a du faire confiance aux 80 membres de son équipage, dont beaucoup, bénévoles et navigateurs « amateurs » à l’origine, ont du redoubler de motivation et d’acharnement pour se montrer à la hauteur. Comme le rappelle Yann Cariou « C’est une médaille à attribuer à tout l’équipage, car évidemment, un capitaine tout seul ne fait rien »
Une pensée partagée par Alain Juppé, qui rend hommage à l’ensemble des voyageurs de l’Hermione, à leur « professionnalisme », et à leur « ténacité » au cours d’une traversée parfois éprouvante. Benedict Donnelly souligne lui aussi la « singularité de l’équipage, qui a su donner un supplément d’âme à ce voyage historique ». Avant de conclure sur les valeurs fondatrices de l’association Hermione Lafayette : « Authenticité, désintéressement et partage ».
La cérémonie était également l’occasion de revenir, trois jours après l’attaque du Thalys, sur l’importance primordiale de la solidarité entre les peuples. « Je ne voudrais pas gâcher la fête par des propos trop austères » s’amuse Alain Juppé, qui ne peut malgré tout faire l’économie d’un hommage aux « héros » du Thalys. Et d’une mise en garde. « Il faut se battre. Nous sommes confrontés à un défi majeur : un terrorisme de grande ampleur, présent partout. Ne nous faisons pas d’illusions, le combat va durer. »
L’Hermione est un symbole. Lien entre deux nations et soutien à la lutte pour la liberté, elle se veut d’emblée porteuse d’un message fraternel. Il est plus que nécessaire aujourd’hui.