Idnight: une nuit aussi « light » que le prix.


DR
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 21/04/2008 PAR Joël AUBERT



22H30-Gare Montparnasse. L’IDNight est arrimé à un autre TGV, en bout de quai. L’embarquement se fait sous la pluie, car les deux trains sont tellement longs qu’il faut dix minutes de marche pour se retrouver au niveau où la gare n’est plus sous-terraine. Point de poinçonnage mais un gros bouchon devant la barrière où chacun présente son billet. Quatre contrôleurs munis d’ordinateurs de la taille d’une main scannent les codes barres des billets que les usagers ont eux-mêmes imprimés. Sur cette feuille, chacun doit s’engager notamment à « ne pas emporter plus de 4 canettes ou bouteilles de bière ou de vin par personne ». Contrairement, à ce qui est demandé, personne ne présente sa pièce d’identité. Il n’y aura pas de contrôle après mais un vigile de la sécurité et quatre policiers dévisagent attentivement tous les voyageurs avant leur montée dans le train. Beaucoup de campeurs avec leurs gros sacs, aucun enfant mais des gens de tout âge. Devant moi, un couple de quinquagénaires se chamaille. « Ne plie pas ta veste mon cochon, tu vas la froisser ». Pour l’instant, je ne vois pas la réalité de la pub « IDNIGHT, voyagez autrement ».


23H30-Le train est parti depuis quarante cinq minutes. Nous sommes dans les tunnels pour sortir de Paris. Ma voisine vient de finir un article « Albert de Monaco, la douloureuse rupture » et s’apprête à entamer « Nico et Carla, un bébé pour l’été » quand soudainement les lumières s’éteignent à la grande satisfaction de son mari, qui ronfle. Les moins de trente ans se dirigent vers le wagon « ID Lounge » jusque là désert. Cet espace conçu comme un lieu de convivialité est la voiture qui jouxte le bar. Ses fenêtres sont recouvertes par les panneaux des « Dix commandements » comme « La fête jamais tu ne gâcheras, sinon au prochain arrêt tu descendras ». La jeune femme qui a distribué des « flyers » (dépliants) à tout le train, attend avec son T-shirt « IDNIGHT Team » que la toute petite dizaine de personnes se décident à emprunter gratuitement ses jeux de société. Le site internet, très bien conçu, promettait aussi un espace presse, en réalité il s’agit de deux piles de journaux culturels gratuits à coté des toilettes.

1H-Je joue avec un jeune chômeur fort sympathique qui a fait l’aller retour à Paris pour aller chercher une petite chienne de 8 semaines baptisée Enéa. Ce Jacques Russel devient la mascotte de notre IDLOUNGE. L’un des contrôleurs nous parle une heure et demie de sa passion pour les chiens de chasse puis deux jeunes filles nous rejoignent. Laure et Anne-Laure sont étudiantes à Paris. Elles profitent du tarif imbattable de 30 euros l’aller retour pour venir passer quelques jours sur la côte. A la fin de notre partie de cartes, les hauts-parleurs interrompent leur flot de musique branchée mais assoupissante pour annoncer l’arrivée du DJ. Il est l’heure de passer dans l’IDZINC.

2H.Dans l‘IDZINC on peut manger, grignoter, boire chaud et froid et louer un DVD. Les menus sont à 7€ mais les bières à 4€. Ce prix dissuasif a peut être été le garant d’une ambiance bonne enfant sans aucun excés. La location d’un DVD coûte 9€50, le Coca est à 2€50. Après avoir regardés mollement le DJ du soir (qui n’était pas annoncé sur le site internet), la majorité d’entre nous retourne dans l’IDLOUNGE pour continuer à jouer gratuitement.


« IDNIGHT, ne perdez plus vos nuits à dormir ».

3H-Bordeaux. Robert vient de comprendre pourquoi nous mettions sept heures à arriver sur la côte basque. Notre train ne « dessert » aucune gare entre Paris et Bayonne mais il s’arrête dans toutes les gares. Voire même en pleine voie à deux reprises mais interdiction de descendre ou monter. Robert, se réveille systématiquement et s’exclame « Mais c’est quoi ce tortillard? Pourquoi on s’arrête dans chaque bled? On change les pneus ou quoi? ». Sa femme a renoncé à concourir avec les autres au grand jeu « Comment trouver une position confortable pour dormir. ». Elle préfère l’insomnie au torticolis et regarde défiler le paysage en écoutant du zouk sur son baladeur.

5H-Dax. Tout le train dort. Une petite dizaine dans l’IDLOUNGE, nous avons essayé tous les jeux de société sauf « la SNCF en 2OO questions ». Le DJ débranche ses platines. Enea baille.

5H30-Bayonne. Les premiers portables sonnent. Ils servent de réveil à ceux qui descendent. Mes compagnons d’une nuit me raccompagnent jusqu’à la porte avant d’aller boire un café proposé gratuitement. L’IDNIGHT est inconfortable, lent et largement survendu mais en plus d’être la solution la moins chère pour monter sur la capitale, c’est aussi la plus conviviale.

Paul Larrouturou
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle !
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles