Violences conjugales: « Il y a urgence ! » Delphine Labeyrie, coprésidente de Bordeaux Prévention


Béatrice Ringenbach SR
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 09/11/2018 PAR Sybille Rousseau

En France, une femme meurt sous les coups de son conjoint tous les trois jours, selon les chiffres officiels du Ministère de l’Intérieur. « Mais, les femmes qui se suicident car elles n’en peuvent plus d’être battues, violentées physiquement et psychologiquement ne sont pas dénombrées dans ces statistiques ! » souligne, pertinemment, Nicole Blet du Planning familial. « Et il faut souligner qu’en Gironde, la situation est catastrophique en termes d’hébergement ! » En effet, aujourd’hui, dans notre département, seul un centre accueille ces femmes en détresse. Il s’agit de l’APAFED à Cenon. « Ce centre ne peut recevoir que 34 femmes ! Or, en 2017, 641 femmes ont fait une demande d’hébergement en Gironde ! 71 ont pu être hébergées avec leur enfant. Du reste, le déclic de quitter le foyer se fait souvent lorsque l’homme s’en prend à l’enfant. Donc, en clair, plus de 500 femmes sont restées sans réponse ! » s’insurge Nicole Blet.

Clip
 

« AU NOM DE », un clip pour alerter, prévenir et sensibiliser« Aujourd’hui, il y a urgence ! Nous ne pouvons pas continuer ainsi ! », s’inquiète Delphine Labeyrie, psychologue du travail et coprésidente de Bordeaux Prévention. Ainsi, afin d’alerter l’opinion publique, son association a réalisé un clip sur les femmes victimes de violences conjugales. « Nous avons créé notre structure en 2016. Notre intention première est de concevoir des outils pédagogiques de prévention. Notre première thématique choisie est celle des violences faites aux femmes car il y a vraiment urgence. » Ainsi, le 6 octobre dernier, une centaine de bénévoles se sont retrouvés sur le miroir d’eau à Bordeaux pour tourner ce clip de prévention. Réalisé par OR Studio et chorégraphié par Nicole Muratov « AU NOM DE a pour visée de rendre hommage à celles qui nous manquent, à celles qui sont en pleine reconstruction et à tous les accompagnants qui les aident au quotidien ». Ce court métrage a été projeté en avant-première à la mairie de Bordeaux dans le cadre de la quinzaine de l’Egalité le 8 novembre au soir. Il sortira officiellement le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, sur les réseaux sociaux de l’association Bordeaux Prévention (Facebook et Intagram) ainsi que sur le site internet de la mairie de Bordeaux.

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Après Me Too, Nous Toutes

Cet outil pédagogique s’achève en mentionnant les numéros 3919 – appel anonyme et gratuit sur toutes les violences conjugales faites aux femmes – et 119 pour les enfants en danger, « car au-delà des femmes, les témoins de ces violences peuvent et doivent également appeler ! Les témoins sont capitaux. Nous sommes tous concernés par cette thématique des violences conjugales ! », s’enquit Delphine Labeyrie.
En 2017 éclatait l’affaire Weinstein et avec elle la création du mouvement « Me Too ». Aujourd’hui, un an après, un collectif français s’est créé « Nous Toutes » afin d’agir, « car en un an pas grand-chose n’a changé », déplore Nicole Blet. « En mars dernier, le planning a rencontré la mairie de Bordeaux pour dialoguer autour de l’hébergement et l’accompagnement de ces femmes. Une table-ronde sur cette thématique nous avait été promise en juin. Rien ne s’est passé… Nous avons relancé… En guise de réponse, nous avons reçu un courrier nous stipulant que nous faisions un travail formidable ! Depuis rien. » Du coup, le collectif Nous Toutes 33 appelle à un rassemblement le samedi 10 novembre place Pey Berland à Bordeaux afin de remettre symboliquement « une lettre à Alain Juppé lui demandant de se mettre autour d’une table avec nous pour savoir ce qu’il est capable de proposer en matière d’hébergement et d’accompagnement ». Un rassemblement national est également organisé le 24 novembre à Paris sur cette même thématique.

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