Immersion dans un centre de rétention


Chroniques de rétention, un ouvrage de la Cimade
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 11/01/2011 PAR Nicolas César

Avez-vous déjà dû renoncer à vivre chez vous ? Vous couper de vos racines, de votre famille, de vos repères, des codes sociaux de votre culture, de votre langue, celle qui vous vient de votre mère, de la mère de votre mère et de sa mère avant elle ? Avez-vous déjà pris le risque de partir, de tout laisser et de venir seul face à l’inconnu ? Avez-vous déjà été éloigné de tout ce qui vous attachait à la vie au point de perdre la mémoire de vous-même, le goût des autres, la mesure de ce qui est possible… et de vous jeter à la mer jusqu’à peut-être un jour, arriver autre part, pour essayer. Simplement essayer une vie meilleure ? Connaissez-vous la couleur des murs à l’intérieur d’un centre comme celui du Mesnil-Amelot ou de Vincennes ? Le quotidien, les juges, l’odeur, les visages des autres qui sont avec vous : un Cambodgien, trois Indiens, deux Afghans, dix-huit Maliens, sept Tamouls, trois Soudanais, quinze Algériens. Autour de vous : l’exil du monde, les conflits. Les coups policiers de temps en temps, les cellules d’isolement, l’enfermement des marmailles innocentes, des Français au teint trop basané, les expulsions par bateau pour neutraliser toute forme de résistance ou de solidarité. Voulez-vous seulement savoir ? Voilà entre autres ce que raconte le dernier ouvrage de la Cimade, « Chroniques de rétention 2008-2010 ».

35 000 étrangers enfermés dans les centres de rétention
Environ 35 000 étrangers sont enfermés légalement ou illégalement dans les centres et locaux de rétention chaque année. Depuis 25 ans, La Cimade est à leurs côtés à l’intérieur des murs. En 1984, les intervenants se comptaient sur les doigts d’une main. En 2009, ils étaient près de 70. Cette mission de défense des droits des étrangers et de solidarité active est unique en Europe. Loin d’être une caution à la réalité catastrophique de la rétention, cette force de regard et de réaction a été remise en question par l’État à la fin de l’année 2008. Pour rappel, la Cimade a été créée, en septembre 1939, pour faciliter l’installation des populations alsacienne et lorraine qui avaient été évacuées vers le Sud de la France à cause de l’entrée en guerre contre l’Allemagne et de la proximité de la ligne Maginot sur la frontière. Elle est aujourd’hui impliquée principalement dans l’aide juridique bénévole aux étrangers en situation irrégulière (« sans-papiers »), aux côtés d’autres organismes tels que le GISTI, avec qui elle fait partie du réseau Migreurop. La mission du service de Défense des étrangers retenus, le « DER », de la Cimade vise à rendre effectifs les droits fondamentaux garantis par l’ordonnance du 2 novembre 19456. Les équipiers de la Cimade visitent les étrangers retenus, leur fournissent les informations juridiques et l’assistance sociale indispensables, et assurent les liens entre ces étrangers et l’extérieur du centre, particulièrement avec les familles. La Cimade rend également compte au ministère des Affaires sociales de l’accomplissement de cette mission, et formule si besoin des propositions tendant à l’amélioration des conditions de rétention. En 2006, la Cimade a lancé une campagne intitulée « Assez d’humiliation, les migrants sont notre monde ! » dénonçant les injustices et humiliations subies par les migrants autour de 8 thèmes. Cette campagne a abouti en 2007 à l’élaboration de 75 propositions pour une politique d’immigration juste et réfléchie « si l’on veut éviter que l’Europe ne se transforme en une République grecque avec ses citoyens, ses esclaves et au loin ses barbares ».

                                                                                                                       Nicolas César 
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