Immigration: des manifestations de soutien contre l’extension de la rétention administrative


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/01/2008 PAR Joël AUBERT


« Il y a 24 places en tout, par groupes de 4 lits, une salle commune avec un téléphone qui ne marche pas toujours, un puits de lumière qui éclaire une cour intérieure grillagée par le haut. C’est sinistre. » Irina est une des rares personnes à avoir pu visiter les sous-sols de l’Hôtel de Police à Mériadeck où se situe le Centre de Rétention Administrative de Bordeaux : les lieux ne sont accessibles qu’aux avocats et aux représentants de la Cimade, seule association de défense des étrangers habilitée à y pénétrer. Les Centres de Rétention sont des prisons qui n’en ont pas le nom, réservées à ceux dont le seul délit est de ne pas avoir de papiers. En 2006, selon la Cimade, 31.200 personnes ont été ainsi privées de liberté en France, avec, à la clé, un taux d’expulsion de 45 %. Les hommes ne sont pas seuls concernés : on trouve dans ce chiffre 2700 femmes et 200 mineurs, dont la moitié nés en France.

Et pourtant l’Europe aura besoin d’immigrés

A Bordeaux, le Réseau Education Sans Frontière et le Collectif pour la Régularisation de tous les Sans Papiers ont voulu sensibiliser la population sur un projet de directive européenne qui vise à porter la durée de rétention jusqu’à 18 mois consécutifs. La mobilisation n’est pas toujours évidente, comme le reconnaît Julie Fradelizi, une des animatrices de RESF : « C’est très grave mais pas très parlant pour les gens qui ne sont pas dedans. » La logique du chiffre et la surenchère sécuritaire pourrait cependant menacer les libertés individuelles de tous, comme le montre par exemple la pénalisation croissante de « l’aide au séjour irrégulier ». Pourtant les arguments en faveur d’un traitement plus humain des étrangers ne manquent pas :
à l’heure de la mondialisation, où marchandise et capitaux circulent librement, pourquoi n’en serait-il pas de même pour les personnes ? La migration est un droit en même temps qu’une réalité historique… et économique : l’Europe aurait besoin de 20 millions de travailleurs immigrés d’ici 2020.

Après une séquence d’information et de prise de parole place Saint-Projet – alors que les soldes battent leur plein et que la rue Sainte Catherine est noire de monde – le cortège a rejoint Mériadeck en passant par Pey-Berland. Jean-Pierre, qui « donne un coup de main quand il peut » au Réseau, distribue des tracts aux passants et explique le projet de directive européenne : « On se demande si c’est une harmonisation vers le haut ou vers le bas… » Alice, la trentaine regarde, son vélo à la main, le cordon de CRS qui barre l’entrée de l’Hôtel de Police. Elle ne milite pas mais vient régulièrement aux manifestations : « Lors de la dernière manif, il y avait plus de jeunes. Mais j’aime bien aussi quand il y a des militants aux cheveux gris. Ils sont toujours là, ils restent vigilants. Cela me rassure. »

Vincent Goulet

De 32 jours à 18 mois?

Actuellement, en France, la durée maximum de « rétention administrative » (la privation de liberté en attendant la reconduite dans le pays d’origine) est de 32 jours. Cette durée est différente selon les pays de l’Union européenne. En 2005, la Commission européenne a proposé une directive d’harmonisation qui fixe à 6 mois maximum la rétention administrative. En septembre dernier, les députés européens ont proposé de la porter à 18 mois. L’adoption de cette directive, qui devait avoir lieu en janvier, a été repoussée en mai.
Les moyens de répression des étrangers sans papier ne cesse de se renforcer : de 1981 à 1998 la durée maximale de rétention est passée de 7 à 12 jours, la loi « Sarkozy » de 2003 l’a portée à 32 jours. La capacité des centres de rétention administrative, qui était de 1 200 places en 2005, est passée à 1 800 places fin 2006 et dépassera 2 000 places en 2008.


Liens internet :
Parlement européen

Education sans frontière 33
Cimade

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