Société | Itinéraire : Gilles Vanbremeersch, ingénieur chez Vinci, bâtisseur du pont Chaban-Delmas
14/03/2013 |

Bordelais la semaine, Angevin le week-end, Gilles Venbremeersch laissera dans la capitale Aquitaine une trace que l'on verra de loin. Ingénieur ESTP chez Vinci, ce parisien de 60 ans fait partie de ceux qui, depuis 4 ans, travaillent sur le projet du pont Bacalan Bastide. Nouveau lien entre les deux rives, l'ouvrage aux mensurations titanesques a soulevé les passions bien avant le début de sa construction. Les uns voulaient un tunnel, d'autres le trouvaient trop autoroutier, trop "pharaonique", trop levant... La question ne se pose plus, le projet a été voté, les travaux débutés en octobre 2009 devraient s'achever fin 2012. Aqui.fr a voulu en savoir plus sur ce professionnel de terrain dont le métier consiste autant à concevoir, diriger des travaux, maîtriser des techniques qu'à gérer des budgets, conduire des équipes et pour qui le pont "BaBa" sera l'ultime ouvrage.
433mètres de long pour 45 mètres de large. Une travée centrale de 120mètres élevée à 55 mètres au-dessus de la Garonne. À quoi il faut rajouter quatre tours de 81 mètres de haut, reposant surdes bases de 44 mètres sur 18, c'est donc sur le plus grand pont levant d’Europe que Gilles Vanbremeersch terminera sa carrière. Un projet d'envergure exceptionnelle, tant par ses dimensions que par le temps de préparation (2 ans) qu'il aura fallu avant la pose de sa première pierre. Or si l'ouvrage est impressionnant, il ne fait que clôturer une vie professionnelle habituée aux grand projets, débutée il y a une trentaine d'années. Né à Versailles, dans une famille où le père est militaire, bouger et changer de ville, quand ce n'est pas de pays, sont des conditions de vie habituelles pour lui. Entre Cenon où il réside aujourd'hui, durant la semaine, à proximité des bureaux de la branche construction de Vinci, et l'ESTP qui l'a formé, à Paris, beaucoup de béton aura coulé sous les ponts."Attiré par l'idée de faire du concret, même si à 20 ans, on ne sait pas vraiment ce qu'est le métier", Gilles Vanbremeersch a, tout au long de ces années, sillonné la France pour construire des tunnels, des ponts et même... des centrales nucléaires, mais aussi oeuvré à l'étranger : à la Réunion, où il construira un port, en Indonésie, en Corée du Sud ou au Koweit, pour participer à la construction d'une tour de télécommunications de 400 m de haut, un projet enrayé par la guerre du Golfe.

Un chantier comme une entreprise
"Côté déroulé des travaux, une fois les recours avec les associations réglés et les réajustements faits pour garder le label UNESCO ((abaissement de la hauteur des piliers, inversion de la flèche de ces mêmes piliers), il a fallu suivre la loi sur l'eau". Entendez par là, draguer en rejetant les vases à 20 km d'ici, dans des zones prescrites. Certifié norme ISO 14000, le tri sélectif est pratiqué : "on a créé notre propre déchetterie, même si l'application des mesures n'a pas été facile à faire accepter, elles sont aujourd'hui admises. Concernant le bruit occasionné par le travail de nuit, pour rattraper le temps perdu avec les grèves, on ne fait marcher que des engins silencieux". La répétition n'est pas de mise dans la vie de Gilles Vanbremeersch : "On ne fait que des prototypes. Il faut toujours se poser des questions en fonction des différences à intégrer... nature du terrain, sélection des bétons... Puis, une fois ces considérations résolues, il s'agit de manager les équipes, doser les relations humaines comme un patron de PME, puis gérer les budgets". Dans ce cas précis, les relations avec la CUB, maître d'ouvrage, qui auront valu à son président, Vincent Feltesse,de grimper à 100 mètres de hauteur, au sommet de la grande grue. Le plus haut et le plus beau point de vue de Bordeaux, prévu pour être partagé grâce à un belvédère installé dans un des pylones accessible à tous.
