Avant même la diffusion de la vidéo à grande échelle, ce mercredi matin, le lycée agricole de Coulounieix a pris les accusations de l’association L214 de plein fouet. Les images choquantes de centaines de canetons morts entassés dans des bacs et jetés aux ordures a nécessairement marqué les esprits, révolté les défenseurs de la cause animale, et interrogé les autres. Laurent Herbeteau, le chef d’établissement souhaite jouer la transparence et répondre aux accusations de pratiques choquantes et illégales au sein de son atelier palmipèdes portées par l’association L 214.
« Nous sommes un centre de formation, donc un lieu ouvert. Nous avons toujours été transparents sur ce que l’on fait. » Le proviseur rappelle les actions engagées en faveur du bien être animal depuis des années. « Nous travaillons conformément à la réglementation et avec les matériels de dernière génération. Tous les ans, nous sommes contrôlés par les services vétérinaires et nous recevons toujours un avis très satisfaisant. L’été dernier, nous avons investi 80 000 euros sur la chaine d’abattage, avec le recours aux dernières technologies pour atténuer la souffrance animale. » Par exemple, l’atelier palmipèdes fut un des premiers de l’Hexagone à avoir été doté de cages collectives, et ce dès 2009.
Dans son communiqué, l’association indique qu’elle a signalé la non conformité des pratiques de production de l’établissement aux services vétérinaires de la Dordogne. Ceux ci ont réalisé un contrôle inopiné le 19 novembre au titre du bien être animal, et ont constaté par eux mêmes que « les canettes n’étaient pas euthanasiées conformément à la réglementation ». Le texte publié par L 214 précise qu « à ce jour, les services vétérinaires n’ont pas indiqué si une procédure pénale avait été engagée, ni si la situation avait évolué ».
Des sanctions exemplaires demandées
Sauf que c’est inexact. La préfecture a annoncé dès le mardi 10 décembre que l’établissement a été verbalisé comme il se doit pour ce manquement. Dans son communiqué daté du 10 décembre, la préfecture précise que Le lycée a été mis en demeure de se mettre immédiatement en conformité. » Et que « dès l’éclosion suivante, le 26 novembre, les services vétérinaires ont constaté que le lycée avait pris les dispositions nécessaires pour assurer, à l’issue du sexage des canetons, le dispositif de mort instantanée des canettes conformément » à la réglementation.
L’association L 214 a porté plainte contre l’établisssement et exige des sanctions exemplaires, et demande au Ministère de l’Agriculture l’interdiction à l’exploitation de servir de centre de formation ainsi que le retrait de la médaille d’or, obtenue en février lors du concours général agricole.
Depuis le contrôle des services vétérinaires et la mise en conformité, le lycée agricole est parfaitement en règles. « Nous sommes un atelier de petite taille avec 23 000 canards produits par an, avec une méthode traditionnelle. La production de foie gras sous cette forme implique des pratiques auxquelles le grand public n’est pas préparé. Nous procédons à l’euthanasie des cannettes. Il s’agit d’une phase douloureuse et peu glorieuse et surtout incomprise du grand public. Nous avons cherché des solutions pour éviter cela, en cherchant des débouchés commerciaux pour les jeunes femelles. 15 % de nos cannettes sont actuellement commercialisées pour la volaille de chair », indique Laurent Herbreteau. Le proviseur fonde beaucoup d’espoir dans la technique de sexage des embryons avant éclosion en cours d’expérimentation. « Elle permettrait de faire éclore les animaux dont nous avons besoin et cela éviterait de recourir à l’euthanasie. »
La direction du lycée agricole en est persuadée : « à travers notre établissement, c’est l’ensemble de la filière foie gras qu’on a voulu atteindre, à moins de deux semaines des festivités de Noël ». L’origine des images, interpelle également : certaines ont été prises dans le couvoir, un lieu fermé, et sécurisé. L’analyse de la vidéo est en cours avec l’appui technique des services du ministère de l’Agriculture. L’établissement étudie l’éventualité de déposer plainte et de poursuivre L 214.