L’accessibilité au coeur du débat des Assises nationales de la médiation numérique en Gironde


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 16/10/2014 PAR Romain Béteille

C’est Anne-Marie Keiser, vice présidente du Conseil Général de la Gironde, qui a ouvert la première table ronde de ces secondes Assises de la médiation numérique, évènement qui existe depuis 2011. L’élue, en charge du déploiement des réseaux et des services numériques et relations aux usagers, en a profité pour rappeller que le numérique était une « préoccupation marquée, affirmée et ambitieuse en Gironde ». Le pacte numérique récemment passé par le Conseil Général en est, selon elle, la preuve : « il est là pour assurer les meilleurs débits et services aux usagers, et encourager le développement des usages. Il n’y a pas de médiation numérique possible sans des infrastructures à niveau. Aujourd’hui, nous avons le même débit en territoire urbain qu’en périurbain », a affirmé l’élue. 

Le numérique, un destin commun 

Francis Pisani, journaliste au quotidien Le Monde, était chargé de la médiation de ce premier débat. Il a rapidement rappellé qu’avant, « l’informatique était une question d’ingénieurs, aujourd’hui il est la question de tous », avant de citer quelques exemples de médiation numérique constatée lors de ses voyages autour du monde. Il a ensuite posé 10 questions essentielles aux quatres élus présents pour débattre entre eux et avec le public. Les difficultés culturelles liées au numériques étaient l’une de ces questions. Pour Michel Briand, membre du Conseil National du numérique (CNN), « le numérique est une autre façon de faire société : avant elle était cloisonnée et hiérarchique, aujourd’hui elle dispose d’une iinnovation abondante. On apprend aux gens à copier, à faire avec d’autres, alors qu’on privilégie l’individualisme dans les écoles. Accepter qu’on est dans une société qui travaille en réseau, c’est une rupture culturelle ». Pour lui, l’une des difficultés principales reste de convaincre les décideurs : « beaucoup de personnes en responsabilité dans le service public n’ont pas compris la transformation profonde du numérique ». La solution ? Une démocration « contributive ».

Marie-Laure Cuvelier, co-présidente de la coopérative Tiers-lieux et membre d’Aquinum, pointe une autre faille : « les utilisateurs finaux sont rarement ceux mobilisés pour la conception. Le fossé culturel entre l’idée d’un projet et ce qu’il est réellement sur le territoire est là. Partir du besoin utilisateur, ca limite ce problème ». Stéphane Delahaye, délégué régional d’ARSENIC (Association Régionale de Soutien aux Espaces Numériques de l’Information et de la Communication) en région PACA, temporise les propos de Michel Briand, affirmant qu’il « ne faut pas jeter la pierre aux élus, ils n’ont pas encore été amenés à une culture numérique. Enfin, Gérard Elbaze, directeur de Médias–Cité, préfère la coopération à l’autonomie : « il faut réussir à faire comprendre qu’il s’agit d’un destin commun ». 

Des solutions pour faciliter l’accessibilité. 

Pour les élus, de nombreuses solutions sont possibles aux problèmes sociétaux actuels. Stéphane Delahaye, soutient que l’on peut faire des conférences numériques sans aucun outil numérique. Le numérique est un fait social global : il est partout. Il faut se demander comment développer une culture numérique citoyenne, peut importe l’outil numérique. A partir de la, la technique suivra ». « Il est important d’amener les gens à devenir producteur d’information. Aujourd’hui, chacun peut être mis en valeur, et participer à des choses », affirme quant à lui Michel Briand.

Une grande partie du débat était également consacrée aux Fablabs, ces ateliers de créations technologiques de fabrications d’objets ouverts à tous, nés dans les années 90 et arrivé en France seulement en 2009. Ces manifestations, les élus s’y sentent concernés. Marie-Laure Cuvelier a cité en exemple un projet présenté le matin même de 10 heures à 12 heures aux Archives départementales. Créée et mise en place par la bibliothèque de Blasimon, il a pour but de former le personnel de l’aide médico-sociale à l’usage de tablettes numériques pour les personnes agées et handicapées. Cet exemple lui a servi pour illustrer la théorie selon laquelle « dans les tiers lieux, des tas de gens n’osent pas pousser cette porte. Le numérique, le digital, ce sont des notions qui font peur. Aujourd’hui, on peut fabriquer son imprimante 3D en une demi journée. La question, c’est à quoi ca va servir ? Plein de gens ne savent pas encore quoi faire avec tout ça. La terminologie de ces notions n’est pas facilement appropriable » affirme-t-elle. Michel Briand considère avant tout les Fablabs comme une avancée sociale : « le fait que les gens puissent eux même fabriquer, ça redonne de l’intérêt aux jeunes pour les sciences et la technologie. C’est dire aussi je fabrique un objet, ce code de l’objet tout le monde peut l’avoir. C’est le même mouvement que les repare-café, ça permet de réutiliser les objets ».  

Parmi l’ensemble des conclusions réalisées au cours de ce débat, citons en quelques unes énumérées par Françis Pisani : les utilisateurs finaux sont rarement utilisés à la création, les citoyens doivent être autonomes et coopératifs, le fab lab, c’est revoir la bidouille, la rendre visible mais ils ne doivent pas être un moyen d’externalisation des coûts pour les grosses boîtes. La conférence plénière était suivie de quatre parcours à thèmes, notamment centrés sur les pratiques numériques pour tous. 

La venue d’Axelle Lemaire (Secrétaire d’Etat chargée du numérique) ce vendredi sera l’un des autres moments forts de ces premières assises girondines. 




 

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