L’AEC a 20 ans et tout va (encore) plus vite dans le numérique


Solène Méric
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 13/05/2016 PAR Solène MÉRIC

« Si autour de 2010, le temps de latence entre la captation d’une tendance et son déploiement prenait environ 3 ans, on est ensuite passé de 18 mois à 1 ans, puis désormais à à peine plus de 6 mois », note Laurent-Pierre Gilliard. Une accélération de la diffusion des technologies qui passe par l’accélération exponentielle des puissances de calcul des microprocesseurs, la multiplication des capteurs, la miniaturisation des composants, la conception de logiciels innovants, l’arrivée massive de données, ou encore le deep learning, selon lequel un programme apprendre, intègre et évolue en fonction de son environnement…
Une accélération globale qui se traduit par la déferlante de trois grandes tendances fortes et massives dans les technologies et usages du numérique. L’intelligence artificielle, n’est plus (du tout) une vue de l’esprit ; la réalité virtuelle et augmentée, nous y sommes ; quant à la disruption des disrupteurs, tels que Ubber, Air Bnb et bien d’autres, elle est à leur porte, grâce à la sacro-sainte (et un peu mystérieuse pour les non initiés) blockchain…

Intelligence Artificielle et contenu immersifAppliquée à des métiers, l’Intelligence Artificielle se retrouve dans la traduction orale automatique pour une conversation fluide entre un japonais et un français. IA aussi dans les services d’assistance virtuelle (dont le bordelais Wiidii). Intelligence Artificielle encore et d’ores et déjà dans les colonnes du Los Angeles Times qui a diffusé le tout premier article sur les tremblements de terre de Los Angeles, écrit par un robot, dans la minute qui a suivi les dernières secousses… Et « bien sûr » sans signe distinctif à la lecture du texte. IA encore et toujours sur les véhicules autonomes que vous pouvez déjà croiser dans certaines rues de Rotterdam et bientôt de Singapour. Enfin, autre application qui va gagner en diffusion en même temps qu’en fluidité et en qualité : les « chat bot », messageries instantanées, mise à disposition de clients pour échanger non plus une personne mais une IA pour le compte de telle ou telle structure/entreprises…

Sur le contenu immersif, après la vidéo 360° qui ont marqué 2015, 2016 sera l’année de la réalité virtuelle et augmentée. Parmi les outils phare en la matière : l’Oculus Rift, racheté par Facebook ou encore l’Hololens de Microsoft. Seront ainsi impactés les jeux vidéo et les activités de divertissement, mais aussi l’immobilier (visitez votre futur appartement comme si vous y étiez simplement avec un casque sur les yeux…), l’éducation, l’ingénierie ou encore le tourisme (une sorte de « preview » de vos vacances grâce à la réalité virtuelle…).
De la réalité virtuelle à l’holoportation ou téléportation holographique, il n’y a (presque) qu’un pas. Microsoft y travaille, a expliqué Nicolas Gaume, grand témoin de la journée, DX Director chez Microsoft France. L’idée : permettre une interaction entre deux personnes éloignées, chacun échangeant avec l’hologramme de l’autre.

Quand les start-ups de la Blockchain prennent le pas sur l'évolution des start-up du numériques

Uberiser Uber, disrupter les disrupteursEnfin, la technologie « blockchain » s’annonce comme LA rupture technologique numérique de ce début de 21ème siècle. Son principe global, né de l’expérimentation bitcoin, est de permettre la réalisation de transaction de pair à pair sans intermédiaire, et donc quasiment sans frais supplémentaire. Pour synthétiser, dans un système d’économie classique : adieux aux banques. Dans un système d’économie collaborative, généralement gérée par une plate-forme centrale (Airbnb, Blabla car, Ubber, Facebook,…), adieux à ces acteurs qui ont su disrupter ( court-circuiter ) les systèmes classiques, prônant, déjà, une forme de désintermédiation. Mais une désintermédiation pas si effective, puisqu’eux mêmes devenaient la structure centrale et incontournable de leur propre réseaux. Si ces acteurs sont encore bien présents, les start-up de la blockchain (déjà nombreuses), s’apprêtent sans doute, en quelque sorte à « uberiser » Uber, à disrutper les disrupteurs…
Mais outre cette « libération », la technologie blockchaine apparaît surtout comme certifiée, infalsifiable et vérifiable. Pour Guillaume Buffet, Président de l’ agence U , intervenant en 2ème partie de soirée, cette technologie, « c’est la garantie de la sécurité d’une information ou d’une transaction quelle qu’elle soit ». Souvent comparé à « un registre de comptes permanent, public, inaltérable, crypté et accessible à tous », la blockchain, s’appuie principalement sur la force du réseau décentralisé et la cryptographie. La transaction souhaitée entre deux partenaires, est représentée en ligne par un « bloc », lui-même transmis à chaque membre du réseau. Chacun de ces membres décidant que la transaction est valide, le « bloc » est ajouté à une chaine d’autres blocs, créant ainsi un enregistrement permanent et transparent… Et pas de possibilité « d’extraire un bloc de la chaîne créée. De la même manière par exemple, on ne peut pas sortir un Lego d’une construction sans détruire l’ensemble », synthétise Guillaume Buffet. Une fois la chaîne enregistrée, la transaction entre les deux partenaires à lieu. Une transaction ainsi sécurisée et quasiment gratuite, sans intermédiaire, qui se déroule actuellement en 10 minutes environ.

Tout est « blockchainable »…?Mais au delà de l’aspect financier qui est en soi assez révolutionnaire, tout peut potentiellement être « blockchainable ». Des documents administratifs, aux contrats privés, en passant par des diplômes (une université le fait d’ores et déjà), des brevets, des droits d’auteurs, etc. Un contrat de mariage par la blockchaine et le consensus distribué, serait après tout, authentique, infalsifiable, et public de l’engagement réciproque… Alors, adieux notaires et autres professions basées sur le tiers de confiance… ? Peut-être pas pour de suite, car quelques défis technologiques, éthiques et juridiques (qui porte la responsabilité a posteriori, et quid du droit à l’oubli… ?) sont encore à relever. Mais au vu de l’accélération exponentielle des technologies, c’est bien sur les acteurs politiques, et leur manière de les appréhender et de les intégrer, que la question, et surtout les réponses, se posent aussi….
Autant de technologies qui ouvrent clairement la porte à une nouvelle Société, et des nouvelles sociétés, emportant avec elles une transformation sans doute profonde du marché de l’emploi, et des formes de travail dont les mutations déjà démarrent. « Freelancialisation », « microjob », « pronetariat », effondrement du marché de l’emploi, ou au contraire, gain en confort et en qualification du travail… Autant de pistes et de questions, exposés par Alexandre Bertin lors des ces Signaux 2016, et auxquels les veilleurs d’AEC n’auraient sans doute pas penser il y a 20ans. Mais qui aujourd’hui font l’objet de rudes débats pour les observateurs du numérique. Des plus optimistes aux plus alarmistes sur la réalité de l’emploi d’ici 10 à 15 ans, ce qui paraît en tout cas certain, c’est que les programmateurs d’intelligence artificielle, eux au moins, ont encore quelques belles années devant eux avant de craindre le chômage.

A moins que tout cela ne prenne des airs de bulles spéculatives, tout prête à exploser…

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles