L’Afrique face au cancer : un enjeu pour les organisations humanitaires


Marianne Chenou
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 21/03/2019 PAR Marianne Chenou

Monique Castaignède, chercheure associée au laboratoire et docteur en sciences politiques à l’initiative de cette conférence explique la position du LAM : « Nous souhaitons attirer l’attention autour de cet enjeu, particulièrement à l’approche du G7 ». Le sommet des grandes puissances mondiales se tiendra en effet en août prochain à Biarritz.

L’urgence aujourd’hui est d’établir une trajectoire de recherche et des dispositifs de traitements dans des pays où le cancer est souvent détecté trop tardivement, moment où aucun espoir de guérison ou de soin ne subsiste. Les estimations actuelles font part d’une augmentation de 78 % des cancers dans les 20 prochaines années. 60 % d’entre eux seront localisés dans des zones géographiques dites « intermédiaires » : Afrique, Asie et Amérique latine.

Devenue une des grands objectifs de l’Organisation Mondiale de la Santé, la lutte contre le cancer est tout de même un enjeu relativement récent à l’échelle mondiale. Cependant, le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom, a annoncé sa volonté « d’éradiquer le cancer du col de l’utérus » dans les prochaines années.

Penser l’évolution de la maladie

En 2018, on dénombrait 18 millions de nouveaux cas de cancer et 9,5 millions de décès liés. Les situations géographiques montrent encore la surreprésentation de la maladie dans les pays riches. On y estime le nombre de cas supérieur à 250 pour 100 000 habitants. Une proportion qui tombe à 150 en Afrique. « Mais nous savons qu’il y a une sous-estimation sur ce continent, les chiffres ne sont pas exacts », précise le docteur Claire Rieux.

L’inquiétude réside dans l’évolution de la maladie. Dans les pays du Nord, la mortalité liée au cancer diminue. En Afrique, elle augmente. L’exemple le plus frappant est celui des cancers pédiatriques. En France, 85 % d’entre eux sont guéris. En Afrique, ce chiffre tombe à moins de 40 %. Et les prévisions ne sont pas optimistes. Le nombre de cancers devrait augmenter de 100 % en Afrique dans les 20 prochaines années et « seulement » de 23 % en Europe.

Cette explosion du nombre de cas s’explique par un phénomène : la transition épidémiologique. C’est l’étape au cours de laquelle les maladies infectieuses et périnatales deviennent marginales tandis que les maladies chroniques, le plus souvent non transmissibles, se développent. De nombreux pays du continent africain sont en train ou vont bientôt vivre cette transition. MSF essaye ainsi d’anticiper les besoins.

L’investissement étranger, une nécessité

En Afrique de l’Est, la présence américaine est indispensable au niveau sanitaire. Dans des pays anglophones, l’implantation de structures et ONG venues des États-Unis s’est faite naturellement. L’Afrique francophone est peu privilégiée par ces fondations en raison de la barrière de la langue. MSF essaie ainsi de développer de nouvelles actions, parallèlement aux soins humanitaires de première nécessité.

Au Mali, les chiffres ont fait état de 13 000 nouveaux cas en 2018, et 10 000 décès. Le taux de survie dans les 5 ans suivant la détection de la maladie est d’à peine 15 %. Des données qui expliquent pourquoi les habitants jugent souvent le cancer « pire que le Sida », virus dont le traitement est gratuit. En effet, les soins sont souvent onéreux et plus de 50 % de leur coût revient au patient, contre moins de 15 % en France. Autre cause, un dépistage souvent tardif de la maladie, à un stade trop avancé qui rend le traitement trop peu efficace.

Ainsi à Bamako, où les malades doivent naviguer entre quatre centres de soins, MSF travaille en partenariat avec le service hémato-oncologie du centre hospitalier universitaire de la ville. « Normalement, nous privilégions les structures autonomes, les partenariats sont rares », mentionne Claire Rieux. Les principaux cas à traiter sont ceux liés aux cancers du sein, du col de l’utérus ou encore du colon. En deux mois (décembre 2018 et janvier 2019), le service a déjà accueilli 83 nouveaux patients et réalisé 348 consultations.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles