L’Education nouvelle, au cœur du « 4Médias » sur O2 Radio


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 11/07/2019 PAR Sybille Rousseau

Les pédagogies Montessory et Freinet. L’école démocratique Summer Hill… Pendant une heure Marion Malaty, ancienne AVS et désireuse de construire une école démocratique dans l’Entre-deux-Mers ainsi que Vincent Chapon, directeur régional du Ceméa Nouvelle-Aquitaine, le Centre d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active et universitaire, ont exposé leur point de vue sur l’éducation d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
A la suite de diverses expériences en établissements scolaires dits « classiques » ainsi qu’en colonie de vacances, Marion Malaty s’est donc lancé un défi, celui d’ériger une école démocratique dans l’Entre-deux-Mers à Créon baptisée « l’Ecole démocratique entre deux merveilles« . Cette éducation démocratique place la démocratie au centre de l’apprentissage. L’élève est libre, il apprend ce qu’il veut et, à l’enseignant de s’adapter. Ainsi, les apprentissages sont autonomes et les enseignants deviennent alors des « facilitateurs » d’acquisitions. « Le règlement est établi avec les élèves. Ils posent les règles. Du reste un conseil de justice existe afin que soient respectées les règles de vie. D’où l’aspect démocratique omniprésent dans cette éducation. » Ce type d’apprentissage s’inspire directement de l’école Sudbury. « C’est un lieu de vie dans lequel l’apprentissage se fait naturellement, libéré des programmes et des classes d’âge, où la voix de chaque membre, enfant ou adulte, a la même valeur, ajoute Marion Malaty. L’intérêt de ce fonctionnement est de préserver la confiance en soi et la soif d’apprentissage naturelle et permanente de l’Être humain. La bienveillance, la liberté, le respect, la justice et la confiance sont au cœur de la culture de l’école. »

L’école, facteur d’émancipation
Vincent Chapon émet un petit bémol à ce genre d’apprentissage. « Si l’enfant apprend ce qu’il veut, alors comment faire pour que l’enfant ait soif d’apprendre de nouvelles connaissances ? Comment l’invite-t-on à se nourrir intellectuellement d’autres idées ? » Le principe même de l’école est, selon l’universitaire, l’« émancipation ». Ce dernier nous invite à nous poser les bonnes questions sur l’école d’aujourd’hui, à savoir « A quoi sert l’école ? Comment se construit le projet d’école ? Comment travailler collectivement ? Comment inciter l’apprenant à s’intéresser à de nouvelles choses ? » Au-delà d’être universitaire, Vincent Chapon est directeur régional du Ceméa Nouvelle-Aquitaine, le Centre d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active. Le Ceméa qui soutient « les valeurs de l’Éducation nouvelle, mobilisant ainsi une approche politique de l’éducation et qui considère l’Éducation nouvelle comme une conception novatrice de l’éducation tout en affirmant la nécessaire transformation sociale de l’environnement politique et sociétal. » Dans cet esprit les Ceméa ont rédigé un manifeste de douze thématiques relatant leurs priorités d’actions telles que le renforcement de la citoyenneté et de l’engagement, la lutte contre toutes les exclusions et discriminations, la démocratisation de l’éducation culturelle par les pratiques artistiques, l’accompagnement à la parentalité ou encore le développement du numérique pour l’éducation et la citoyenneté.

L’enfant au cœur du système éducatif
Mais au juste qu’est-ce que l’Education nouvelle ? Gisèle de Failly, cofondatrice des Ceméa, écrivait dans le premier numéro de la revue « Vers l’Education nouvelle », dans les années 40 : « S’il est un mot maltraité par la vie, un mot galvaudé et appauvri, c’est bien celui de l’Education nouvelle qui porte en lui, pourtant, tel élan et tel espoir. Dans l’esprit et la volonté de ceux qui l’ont créé, il s’agissait d’un total renouvellement de notre éducation : atmosphère nouvelle, méthodes nouvelles, structures et organisations nouvelles ». Cette Education nouvelle ne date pas d’hier donc. Selon l’universitaire Angela Medici, auteure du Que sais-je sur l’Education nouvelle (PUF, 1990), « 1937 est l’étape révolutionnaire du mouvement ». Son précepte : mettre l’enfant au centre du système éducatif et l’apprentissage, avant d’être une accumulation de connaissances, comme facteur de progrès global de la personne. Dans cette approche d’Education nouvelle, les Ceméa s’attachent à provoquer un double courant de réflexion comprenant une approche théorique qui permet de conceptualiser des pratiques pour les placer dans un espace de réflexion favorable à la confrontation des idées, associé à la recherche pédagogique ainsi qu’une approche pratique qui consiste à mettre en œuvre des idées et à en évaluer les effets dans ses différents domaines d’activités. Dans ce processus dialectique, les interventions des Ceméa impliquent une démarche qui associe et la détermination de faire, d’expérimenter, et le souci constant de réfléchir sur leurs pratiques. 

L’activité au centre de l’apprentissage
« Il n’existe pas de moment où l’on n’apprend pas ! » Vincent Chapon l’affirme, à chaque instant de notre vie nous apprenons ! Aussi, l’activité tient une place primordiale dans l’acquisition des savoirs, des connaissances et du savoir-être. « L’éducation doit se fonder sur l’activité, essentielle dans la formation personnelle et l’acquisition de la culture ». Ce principe est l’un de ceux élaborés en 1957 au congrès des Ceméa de Caen.
Afin d’échanger autour de ce précepte d’Education nouvelle, les Ceméa, le GFEN, l’ICEM-Pédagogie Freinet, le CRAP-Cahiers pédagogiques, la FESPI (établissements scolaires publics innovants) et la FI-Ceméa (fédération internationale) ont créé une biennale internationale de l’Education nouvelle. La première s’est tenue en novembre 2017 à Poitiers. La prochaine aura lieu du 28 au 31 octobre dans la capitale poitevine. L’objectif de cette deuxième édition est de proposer conférences, débats, tables rondes, forum des pratiques « en pensant aussi au rapport étroit entre Education nouvelle et droits de l’Enfant en cette année anniversaire de la convention internationale ». L’objectif est également d’« ouvrir à des problématiques éducatives plus générales pour faire de cette Biennale un évènement fédérateur et mobilisateur à la hauteur des enjeux que nous travaillons au quotidien ».

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