L’ Euro vu de Cracovie : Ces Anglais qui posent problème


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 24/06/2012 PAR Piotr Czarzasty

La discretion n’est sûrement pas le point fort des Anglais. Logés à l’hôtel Stary, rue Szczepanska à Cracovie ils n’auraient pu choisir mieux pour se retrouver pratiquement en plein coeur du centre historique de la ville. Leur adresse n’est peut-être pas affichée à tous les coins de rue, mais même les non-initiés au ballon rond, n’auraient aucun mal à les localiser.

Devanture de l'hotel stary ou logent les joueurs anglais

La présence des Anglais est vite trahie par un dispositif de sécurité digne des plus grandes célébrités. Faisant près de 200 m, la rue Szczepanska a été coupée à la circulation sur toute sa longueur. Des barrières bien solides, telles qu’utilisées lors des manifestations, ont été déployées le long des trottoirs pour les séparer de la route. Impossible donc de traverser la rue sans être contraint de faire tout un détour. Pour veiller à ce que personne n’ose emprunter un raccourci et forcer les barrières, une dizaine de policiers et gendarmes veille à maintenir l’ordre.

Des commerces embaricadés pour clients motivés
Un dispositif de sécurité guère encourageant pour tout touriste désirant éventuellement s’aventurer dans ces parages. La situation commence d’ailleurs sérieusement à agacer les commerçants de la rue qui pâtissent du manque de clientèle. « C’est une catastrophe, s’exclame Kama, la manager d’un café lounge situé à deux mètres de l’entrée de l’hôtel Stary. On dirait que c’est la reine en personne qui est arrivée. C’est abusé. L’accès est tellement contraignant depuis la place centrale à côté qu’on n’accueille plus de nouveaux clients qui viendraient nous voir comme ça en passant dans la rue. Heureusement que nos clients réguliers assurent 70 % de notre chiffre d’affaires, sinon on ne s’en sortirait pas ».

« On enregistre 30% de ventes en moins par rapport au mois dernier, observe Klaudia, vendeuse dans un magasin de vêtements pour femmes. On se trouve en fait du mauvais côté de la rue. On est sur le même trottoir que l’hôtel et ceux qui veulent aller au bout de la rue doivent emprunter le trottoir d’en face. Donc même si les gens nous voient, ils n’ont pas envie de faire le détour. On n’a qu’une vingtaine de personnes par jour, toutes des clientes régulières. Les autres ne parviennent pas jusque ici. »

50% de pertes

Même son de cloche chez Jakub, proriétaire d’une chaîne de magasins de jouets : « J’ai cinq magasins en ville. Il y a moins de touristes que l’an dernier, c’est vrai, mais parmi les cinq, celui que j’ai ici note les pires résultats. Je crois qu’on n’a pas vendu la moitié de ce qu’on avait écoulé l’an dernier à la même époque ».

La situation empire lors des déplacements de la sélection anglaise. « La rue est envahie par les supporters. Les gens sont tellement nombreux qu’ils bloquent l’entrée des commerces, décrit la manager du Café lounge. L’autre jour, on avait un couple qui ne pouvait plus sortir de chez nous, tellement il y avait de monde dehors. Et je ne vous parle plus de ceux qui voudraient nous rendre visite à ce moment là. C’est même pas la peine d’essayer. Si encore ces supporters venaient prendre un verre ici, mais ce n’est pas le cas », déplore-t-elle.

Souffrir plus pour gagner plus

Euro vu de Cracovie - Mesures de sécurité

Du côté de la mairie on minimise les difficultés des commerçants. « Je peux comprendre qu’à ce moment précis il puisse y avoir des personnes mécontentes, mais les pertes que ces gens enregistrent aujourd’hui vont être, j’en suis sûr, récompensées dans les mois et années à venir », assure Filip Szatanik, responsable du département tourisme et promotion. La municipalité compte sur un effet boumerang de l’euro 2012. « Je pense que les supporters anglais, italiens et hollandais, dont les sélections sont basées chez nous, vont devenir les nouveaux ambassadeurs de la ville dans le monde. Il n’y a pas de meilleure promotion pour la ville, souligne le porte-parole. Plus tard, des touristes voudront sûrement visiter la rue où logeaient les joueurs anglais, s’arrêter dans le même hôtel où ils sont restés ou encore acheter dans les mêmes enseignes qu’eux. Ce ne pourra être que bénéfique pour notre économie ».

La sécurité avant tout
Ce qui interroge cependant c’est la flagrante différence de traitement entre les sélections anglaise et hollandaise. Cette dernière était aussi logée en ville, dans un lieu plus excentré mais non moins touristique des abords de la Vistule. Pourtant, aucune rue n’y a été coupée de la circulation. Le nombre de fonctionnaires se trouvant aussi diminué. « Il n’existe pas de traitement de faveur, affirme l’inspecteur Dariusz Nowak de la police municipale de Cracovie. Il n’y a pas d’équipe plus importante que d’autres. L’ampleur du dispositif de sécurité dépend notamment du nombre de fans. Il se trouve que les Anglais aiment bien Cracovie. Ils viennent chaque année et là avec la présence de leur équipe ils sont plus nombreux que les supporters hollandais. Il est donc normal que le dispositif de sécurité soit plus important pour assurer la sécurité de la sélection anglaise », explique le sergent.

Les commerçants ne l’entendent pas de la même oreille et n’hésiteront pas à demander des dédommagements. Pour le moment ils ne souhaitent qu’une chose : « Tout ce qu’on veut c’est qu’ils soient éliminés le plus vite possible », s’indignent les gérants d’un salon de thé inauguré il y a deux semaines. Les joueurs anglais sont prévenus.

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