« La crise est un révélateur de pauvreté » Christophe Vénien (Secours Catholique)


Secours Catholique
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 13/11/2020 PAR Yoan DENECHAU

« Cette situation est une honte dans un pays riche ». Voici ce qu’on peut lire dans les premières lignes du rapport annuel du Secours Catholique, où la présidente, Véronique Fayet, et le délégué général de l’assocaition, Vincent Destival, font référence à l’ignorance, ou à l’accoutumance de la population vis-à-vis de la pauvreté, qui toucherait 12 % de la population en 2020 d’après le ministère de la Santé et des Solidarités. Si les effets de la crise sanitaire ne sont pas encore visibles, « elle sera un révélateur de pauvreté, comme pour la crise des gilets jaunes », affirme Christophe Vénien, délégué girondin du Secours Catholique.

4 à 9 euros par jour pour se nourrir et s’habiller

D’après le rapport du Secours Catholique, la principale demande des personnes faisant appel à l’association est l’écoute (59 % en France et 65% en Gironde). « Le Secours Catholique n’est pas là uniquement pour apporter des aides financières, mais aussi et surtout pour écouter les personnes, les accueillir », reprend Christophe Vénien. Selon lui, la précarité économique devient vite sociale. « Les personnes se referment sur elles-mêmes. Pendant le confinement, nous avons rencontré des personnes en situation de pauvreté, qui nous disaient que l’enfermement n’était pas nouveau pour elles et qu’elles avaient besoin de parler », précise le délégué départemental du Secours Catholique.

Selon Christophe Vénien, « la pauvreté s’installe et la France ne travaille pas suffisamment sur les causes de cette pauvreté : plus de 10 % de la population ne vit pas décemment ». Dans son rapport, le Secours Catholique a calculé le revenu disponible médian (représentant le salaires et les aides sociales) des personnes que l’association accompagne. Il s’élève à 1037 euros. Le seuil de pauvreté en France se situe à 1063 euros. Dans les grandes lignes, 15% des bénéficiaires d’une aide du Secours Catholique en Nouvelle-Aquitaine sont des salariés, 27% au chômage et 56% en inactivité (étudiants, retraités, parents au foyer etc.). « Lorsque vous enlevez les dépenses pré-engagées (loyers, factures…), il reste 4 à 9 euros par jour et par personne pour se nourrir et s’habiller. C’est ridicule », regrette Christophe Vénien. Autre source d’inquiétude pour le délégué départemental du Secours Catholique : dans 51 % des cas, les ménages touchés par la pauvreté ont des enfants.

Maraudes et « chèques Covid »

Afin de limiter le plus possible l’impact de la crise sanitaire, le Secours Catholique s’est mobilisé, dès le confinement du printemps. « Nous nous sommes bougés pour débloquer des fonds d’urgence », affirme Christophe Vénien. Cela s’est matérialisé notamment par les 100 000 euros de « chèques Covid », « des espèces de ticket restaurants », précise le représentant du Secours Catholique. A Bordeaux, l’association a organisé des maraudes, « les mains nues », pour apporter un soutien moral aux personnes dans la rue, « déjà invisibles en temps normal », pour Christophe Vénien. « L’aide matérielle ou financière n’est pas une fin en soi. l’humanité doit primer, reprend-il. Nous ne sommes pas que des numéros d’allocataires ». Au niveau national, le Secours  Catholique milite pour la création d’un revenu minimum garanti et une meilleure répartition des richesses.

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