La presse se réinvente aux tribunes de la presse, à Arcachon.


Tribunes de la presse
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/10/2011 PAR Olivier Darrioumerle

La presse française est la plus chère, la moins paginée, la moins lue et la plus aidée ! Une aide qui devait aller obligatoirement dans les outils industriels, comme les rotatives ! Les investissements sur vingt ans ne sont plus dans le timing des médias contemporains et à l’heure d’internet on ne peut que constater l’échec flagrant de ce modèle. « C’està caus de e la lourdeur de leur outil que les quotidiens généralistes sont les plus fragiles (Grosse rédaction et outil industriel pas flexible) expliqueJean-Noel Jeanneney, historien et ancien président de la BNF, qui rappelle aussi que, dans les années 1975, les patrons de presse ont refusé de suivre Emilien Amaury dans le conflit violent qui l’opposa au syndicat du livre. » Les avantages concédés à ces derniers pèsent encore lourdement sur les coûts de fabrication des journaux. Et depuis 1980 la PQR s’est affaiblie partout où il y a des grandes villes et depuis 10 ans le journal le Monde affiche un déficit cumulé de 280 millions d’euros. Néanmoins, Louis Dreyfus, président du directoire du Groupe Le Monde, précise que«même si les journaux perdent de l’argent, ils ne meurent pas.On n’a recensé qu’un mort depuis 15 ans, c’était Info-matin en 1995. »

« Le budget d’un correspondant à Bagdad c’est le coût du journal en ligne Huffington Post. »
Les pratiques ont évolué, explique Jean-Marie Charon, chercheur à l’EHESS : « le lectorat des15-25 ans a baissé de moitié en 10 ans et le développement du web, des smartphones, tablettes et autres e-papern’est pas prêt de s’arrêter. Dans quelle mesure seraient-ils prêts à payer le prix des journaux ? »Convaincu que le papier vivait ses dernières heures, le journal anglais « The Guardian » a tout misé sur le numérique, raconte David Leigh, rédacteur en chef Investigation. Grâce à un lectorat anglophone gigantesque ( + de 10 millions de lecteurs aux Etats-Unis),internet a fourni au Guardianune ouverture extraordinaire sur le monde.Ledirectoire du « Monde », quant à lui, a décidé d’investir dans la qualité du journal en engageant 33 journalistes et en fusionnant la rédaction papier et la rédaction en ligne. Et le grand quotidien du soir retrouve des lecteurs : + 34% sur le web et les médias sociaux (Facebook et tweeter).Seulement, entre les médias et le public se sontglissés les moteurs de recherche et les réseaux sociaux ( Facebook, twitter) qui vendent les informations collectées sur les consommateurs d’articles.Faut-il faire payer ces «infomédiaires ? ». Pour Jean-Marie Charonla réponse est claire : « Comme des coucous ils se sont installé dans les nids des rédactions. C’est du brigandage.Les journaux doivent se mettre au niveau et se lancer dans la bagarre pour savoir qui va collecter et valoriser les informations sur les clients. »

Les règles du métier

L’affaire Murdock révélée par le « Guardian » a renforcé la crise morale qui secoue le journalisme. Pour répondre à la perte de confiance des lecteurs, le journal anglais s’est différencié par une information réfléchie, « qui ne se produit pas dans les 10 minutes », sourit David Leigh. Vérifier, s’assurer des sources, les règles de base du journalisme, n’ont jamais été aussi importantes qu’aujourd’hui. N’importe qui peut rendre disponible très rapidement et à très grande échelle des vidéos et des enregistrements. De nouveaux problèmes éthiques arrivent avec internet. David Leigh soumet le problème du Telegraph qui a accepté de payer un informateur pour se procurer un listing des frais de bouche des parlementaires britanniques. Suite à la publication, des parlementaires ont été incarcérés. Claude Angeli, rédacteur en chef du Canard enchaîné, qui admet que les commissions parlementaires doivent prendre le relais des révélations de la presse d’investigation, répond qu’il paye les pigistes, mais pas l’information, pas plus qu’il ne traite celle envoyée par des anonymes. Philippe Chaffanjon, directeur de France info, et Claude Angeli, avouent qu’ils n’ont pas voulu utiliser les enregistrements du maître d’hôtel à l’époque de l’affaire Bettancourt, faute d’une vérification tout à fait sûre. « On vole une information lorsque les pouvoirs ne veulent pas qu’on l’obtienne. On cherche dans la périphérie quelqu’un qui nous la donne. Mais on n’enregistre pas les gars ! », explique Claude Angeli. Abdou Latif Coulibaly, journaliste d’investigation, directeur de la Gazette de Dakar, insiste sur la manière dont on utilise les nouvelles technologies : « internet nous permet d’enquêter avec davantage de sources d’information, mais ce n’est qu’un moyen et pas une fin. »

Olivier Darrioumerle

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