« Crit’ 2008 » – le grand rendez-vous sportif annuel des IEP de France


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 31/03/2008 PAR Piotr Czarzasty

Les origines de l’événement datent de 1986 lorsqu’a eu lieu la première édition du Critérium. A cette époque, elle rassemblait seulement les équipes de Bordeaux et de Toulouse, à l’occasion d’un match amical de rugby. Le trophée fut alors remis par Jacques Chaban-Delmas à l’équipe victorieuse. D’autres IEP n’ont pas tardé à rejoindre l’initiative venue du Sud-Ouest. Accueilli chaque année par un IEP différent, le « Crit’ » est revenu cette année dans sa terre natale sous le nom d’ « Oc’CritAnia », en référence à la région d’Occitanie, dont Toulouse fut toujours l’un des centres majeurs.

« Provinces unies, tous contre Paris »

Tout le Crit’ est visiblement axé sur la rivalité traditionnelle entre Paris et les autres IEP, appelés « provinces ». A l’occasion d’un match contre les Parisiens, c’est presque toute la délégation adverse qui se mobilise pour manifester son soutien et encourager ses joueurs. Une éventuelle victoire sur la capitale suscite une telle euphorie générale, que l’on croirait voir des supporters français se réjouir après une victoire du XV de France sur leur énnemi juré, l’Angleterre. Bien qu’ici ce soit une raison de joie pour sept autres IEP. Serait-ce uniquement une opposition traditionnelle capitale-province ?

Une rivalité seulement sur le terrain

Les témoignages des étudiants semblent plutôt le confirmer « C’est une rivalité qui perdure parce que Paris se considère toujours comme le seul, vrai IEP de France ; des compétitions sportives sont pour nous l’occasion de montrer que ce n’est pas le cas. » affirme Pierre, 2ème année, IEP de Grenoble. On aura eu donc, à plusieurs reprises, l’occasion d’entendre les étudiants scander « Provinces unies, tous contre Paris ». Ce qui n’aura pas suscité de réponse particulière du camp parisien, défavorisé, de ce point de vue, par une délégation composée en quasi totalité de sportifs. « Il ne faut pas se prendre la tête avec ce slogan ; je trouve que c’est un phénomène de groupe, parce qu’en dehors de la rivalité du terrain, tout le monde est plutôt sympa. » remarque Jean-Michel, 5 année, Paris.

Mission : défendre ses couleurs

Mais on retiendra aussi que cette rivalité se voit naturellement renforcée par une manifestation impressionante de solidarité avec son propre établissement. Des délégations de 250-300 personnes vêtues et déguisées, souvent de manière extravagante, dans les couleurs de leur ville, saisissent chaque occasion pour souligner leur originalité et témoigner d’un fort sentiment d’identité envers leur IEP d’origine. « C’est un événement exceptionnel, qui m’a donné pour la première fois un sentiment de fierté pour mon IEP. » avoue Jean Michel « …d’ailleurs, l’une des premières questions qu’on te pose lorsque tu rencontres d’autres étudiants de Sciences Po, c’est si t’es allé au Crit’. »

Une vraie découverte pour les nombreux étudiants Erasmus, défendant aussi les couleurs de leur IEP d’accueil. « Je suis surpris à quel point les gens s’identifient avec leurs universités. » remarque Manuel, Bordeaux, venu de Suisse. Pour Constanze, vivant à Leipzig, et maintenant en tant qu’Erasmus à Strasbourg, ce sentiment d’identité est encore plus particulier, car lorsqu’elle entend les autres délégations crier : « Les Strasbourgeois sont des Allemands de l’Est », elle constate « C’est drôle, parce qu’en fait ça me concerne. »

Des sportifs qui comptent sur un public « en feCrit2008u »

Cette défense « farouche » de ses propres couleurs s’avère très importante pour les performances des sportifs. « Le Crit est le seul moment, où à un niveau amateur, on peut compter sur un public en feu, qui nous supporte vraiment à fond » affirme David, basketeur en 5° année, Toulouse « On se donne alors à 200%. » Frank, joueur de volley, ajoute de son côté : « Même si tu fous n’importe quoi sur le terrain, tu sait que t’as le soutien du public ; ça aide beaucoup. » Les Parisiens, par contre, semblent eux, motivés par tous ces grondements et sifflets qui leur sont adressés par une coalition des supporters « provinciaux ». « Ils nous motivent justement pour leur rire, un peu, au nez et montrer qu’on est les meilleurs. » affirme Adrien, 2ème année.

Le jour – sport et guerre, le soir – trêve et bière

On ne devrait pas s’attendre néanmoins à de grandes performances. Car une des dimensions importantes de chaque Crit’ est son côté purement festif, perpétué, en dehors des installations sportives, dans les bars et discothèques de la ville pendant la nuit. Un rythme draconien, où à peine la soirée terminée, aux alentours de 3h du matin, le coup d’envoi des premiers matchs est donné cinq heures plus tard. « Le sport est un prétexte à l’ambiance, la fête. » avoue Adrien, 1° année, Toulouse. « C’est le seul moment de l’année où on peut vraiment se lâcher, passer trois jours de folie entre IEPiens. » remarque Pierre, 2° année, Grenoble. « On pourrait dire que pendant la journée c’est le sport et la guerre ; et le soir c’est la trêve et la bière. » souligne Camille, 3ème année, Bordeaux. Certains avouent sans embarras, être venus uniquement pour la trêve et la bière, ou plutôt cette dernière.

L’ampleur de l’événement semble avoir, d’ailleurs, quelque peu dépassé les organisateurs : un cross arrêté après 500 mètres, pour cause de problèmes d’inscription ; quelques arbitres non-officiels sifflant des mi-temps de 10 et ensuite de 25 minutes ; un tournoi de basket organisé au dernier moment dehors, sur du bitume ; etc. Mais cela semble faire partie intégrante du Crit’. « Le Crit’ c’est toujours imprévisible, et je pense que c’est aussi ce que les gens attendent un peu, cela fait tout son charme. » conclue Edouard Perrin, membre de l’organisation.


Piotr Czarzasty

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