"Il est des matins où les choses ont du sens", déclare Eric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, en venant inaugurer à Bergerac ce mardi, le centre éducatif fermé, une alternative à l'incarcération pour mineurs. "Aujourd'hui, on m'en réclame souvent, mais loin de chez soi", ajoute-t-il en saluant Jonathan Prioleaud, le maire de Bergerac et la ville qui a accepté de l'accueillir. La ville a cédé le terrain pour l'euro symbolique. Ce projet est l'aboutissement d'un partenariat multiple entre les élus du territoire, le ministère de la justice, la protection de la jeunesse, les entreprises locales.
Un centre éducatif fermé (CEF) est un établissement de placement judiciaire de la protection judiciaire de la jeunesse du ministère de la justice. Il accueille des mineurs entre 15 et 18 ans pour une durée de 6 mois, renouvelable une fois. On en compte une vingtaine en France, un vingt-et-unième doit prochainement voir le jour en Saône-et-Loire, a précisé le Garde des Sceaux. Il s'agit d'un lieu de résidence et non de détention, comme le démontre l'architecture non carcérale de celui de Bergerac. Le Centre éducatif fermé se veut un compromis entre contraintes de sécurité et accompagnement pédagogique. Celui de Bergerac fait partie des CEF "nouvelle génération". Unique en Dordogne, il propose : un espace parental, un accompagnement renforcé du mineur et un régime d'ouverture progressive vers l'extérieur pour valoriser le jeune.
"Parmi les nouveautés, l'espace d'accueil des familles et les sanitaires dont sont équipées toutes les chambres. Chaque jeune aura son espace à lui. Les douze jeunes devraient arriver début avril douze jeunes", explique Fabien Vigier, directeur du centre de Bergerac, à la tête d'une équipe pluridisciplinaire de 27 professionnels. L'équipe en cours de recrutement, sera composée d'éducateurs spécialisés, d'un psychologue et d'un psychiatre. Un enseignant sera mis à disposition par l'Education nationale. Chaque mineur aura trois phases de placement, dans le cadre de parcours individualisés : une phase où ils sont contenus au sein du centre, une seconde qui consiste à tester des processus de sortie, et la dernière permet de construire un parcours où le jeune se rapproche de son univers familial et où il peut tester des périodes de stages en extérieur. Des entreprises bergeracoises se disent prêtes déjà à les accueillir.
"On a expertisé le centre éducatif fermé, dans ses résultats : 70 % des mineurs délinquants, quand ils sortent du centre éducatif fermé, ne retournent pas en prison et ne connaissent pas la délinquance. C'est un outil essentiel, qui est utile. Punir demeure le premier axe, mais éduquer est primordial. L'un ne se fait pas sans l'autre. C'est bon pour l'ensemble de la société qui n'a qu'une envie que le mineur délinquant rentre dans le droit chemin", indique Eric Dupond-Moretti.