Le choix d’Aqui : « Entre nos mains », récit filmé d’une utopie émancipatrice sur fond de dessous chics et de SCOP


Mariana Otero
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 04/09/2010 PAR Isabelle Camus

« Pourquoi voulez-vous faire un film sur nous ? » demande d’entrée l’une d’elles.  Entre nos mains, le très beau documentaire diffusé vendredi dernier, au cinéma Utopia, en présence de Mariana Otero, donne la réponse en 1h30. Son décor ? Une usine de lingerie en faillite près d’Orléans. Ses protagonistes ? Une majorité de femmes et quelques hommes qui, pour sauver leur emploi, pourraient être amené(e)s à s’engager et créer une Société Coopérative Ouvrière de Production (SCOP) en investissant un mois de salaire. Tel est le deal sur lequel la cinquantaine  d’employés de  Starissima va devoir se positionner. Et l’occasion pour nous, spectateurs, d’assister à une maturation humaine et relationnelle étalée sur 3 mois. Un suspense à multiples ressors, un polar social dont il serait dommage de dévoiler la fin. Juste savoir que Muriel, Sylvie, Jacqueline et les autres sont de sacrées nanas qui découvrent qu’elles peuvent devenir actrice de leur histoire et tenir dans leur main, l’avenir de leur entreprise.

Entre doutes et espoir 
Pas facile quand l’incertitude règne et qu’on est pas militante. Investir un mois de salaire minimum ? C’est beaucoup, surtout quand on ignore si ce sera suffisant. Et puis toutes ne sont pas d’accord sur la prise de risque et les chances de réussite. Pourtant le processusde prise de conscience et de décision collective se déclenche  : « Elles croient ne pas savoir et finalement réalisent qu’elles le peuvent » explique la réalisatrice, en parfaite empathie avec ses héroïnes. Au fatalisme succède la cohésion. L’humour trouve même sa place. Certains caractères et certaines réflexions dans le ton et le fond ressemblent à du  Audiard. Le projet decoopérative crée soudainement du lien, de la solidarité, un sentiment dedestin partagé, débride les personnalités. Evolution très nette, à la fin,  dans une ambiance à la Jacques Demy où chacun(e) mêle sa voix  dans une scène collective, pieds de nez à la fatalité, à l’echec et au cynisme bancaire.

SCOP toujours
Moment témoin, malgré la gravité, d’une confiance acquise grâce à l’utoPatrick Lopes ( SCIC ECSESS) et Mariana Otero, réalisatricepie du « un homme, une voix  » propre à  la SCOP, entreprise collective dont les associés sont les salariés. « Changer le monde sans attendre le grand soir  » c’ est ce qu’a voulu montrer Mariana Otero. C’est également ce qu’ont évoqué Patrick Lopes co-créateur de la coopérative EXSESS (Experts Conseils au service de l’Economie Sociale et Solidaire) et Charlotte Philippe, déléguée régionale de l’URSCOP représentants d’un mode de fonctionnement qui place l’Homme  avant le capital. Un rêve qui bouscule les rapports au pouvoir. Une culture nouvelle dans l’organisation du travail qu’il nous reste à apprivoiser et qu’auront touchée du doigts les ouvrières d’ Entre nos mains et bien avant elles, les ouvriers de Lip.

Bande-annonce du film :
http://www.youtube.com/watch?v=eT9nGkjUk0w 

Isabelle Camus

 


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