Profession’L : un salon par et pour les femmes


Sabine T
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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 05/04/2019 PAR Sabine Taverdet

Déterminées, avec un CV sous le bras, des visages inquiets ou juste là par curiosité, la salle du conseil était pleine à craquer dès 10h pour l’ouverture officielle en présence du nouveau maire, Nicolas Florian. A travers lui, c’est la municipalité qui se dressait littéralement aux cotés des femmes pour accompagner l’initiative.  » La question de vous héberger au sein de l’hôtel de ville ne se pose pas, le fait que le salon se tienne au centre de la ville montre l’importance que l’on donne à ce que vous faites. Vous voir toutes réunies est rassurant car cela prouve que vos initiatives marchent mais j’avoue ressentir une forme d’inquiétude car la question de la réalité de l’emploi au sein du territoire se pose. On sent que les choses sont à inventer : il faut refaire le monde, ne rien s’interdire.  »  Outre les encouragements, c’est une promesse que délivre le maire devant ces visages tournés vers lui  » on souhaite identifier les gens qui viennent de l’extérieur de la filière administrative. On est prêt à réserver des emplois féminins issus du travail collaboratif, qui ont pris part à ce genre d’évènements, issus de journées comme celles-ci et ce, dès septembre « .

14eme édition française et 7ème en terres bordelaises, Profession’L se place sous le signe de l’espérance et du partage. Séverine Valette et Valentine Mulliez-Bardinet le crient haut et fort : l’entraide est primordiale et le soutien, moteur. Valentine intime qu’elle était d’ailleurs en reconversion professionnelle quand l’idée de ce salon à émergé. Et après avoir demandé à l’assemblée qui venait pour la première fois et avoir vu une marée de mains se lever, elle se rend compte du travail qu’il reste à fournir, et de tout ce qu’il reste à mettre en place.

En quête de changement, Le Casino Barrière de Bordeaux est en recherche de candidates pour un poste d’agent de sécurité.  » On a l’habitude d’engager des femmes aux poste d’hôtesses d’accueil ou de cheffes de rang qui sont des postes presque exclusivement féminins. On a décidé d’ouvrir d’autres postes aux femmes et les agents de sécurité baignent dans une image de contact physique alors que le travail vis-à-vis de notre clientèle est surtout le dialogue. On mise donc sur la finesse féminine pour désamorcer les conflits  » précise Ludovic. Partenaires du salon et déjà en contact avec un centre de formation, l’occasion était toute trouvée pour commencer à chercher la perle rare.

Outre les quatre thématiques mises en place pour accompagner ces femmes dans leur cheminement (formation, retour à l’emploi/recrutement, création d’entreprise, pole accompagnement individuel), elles sont appelées à s’exprimer : boite à questions et panneaux d’affichage sont ouverts à toutes les idées.

Ouverture salon Profession'L


Sous les dorures, les différents partenaires ont pris place et quelques 70 stands attendent les visiteuses : institutions publiques, organismes de formations, incubateurs, entreprises et coachs sont ouverts à qui veut bien parler de sa situation, de son parcours et de sa recherche ou juste par curiosité. Certaines sont inquiètes pour leur avenir, d’autres redoublent d’efforts et d’énergie, les unes n’en ont plus et sont venues en trouver, d’autres encore sont juste curieuses et attendent qu’une rencontre fasse le déclic. Des poussettes sont garées dans l’entrée, un petit ange blond de 2 ou 3 ans joue avec le stylo que sa mère a placé dans la poche de sa veste de tailleur et quelques hommes émergent de la foule.

Des femmes qui prennent la parole et d’autres qui les boivent, faisant le plein d’énergie.  » Vous êtes authentiques, généreuses et sincères, à la recherche du WOW ! et d’un « j’ai envie d’en faire partie », on est là pour vous y aider « , scande le micro. Puis c’est au tour de Juliette de témoigner. Conductrice de travaux en région parisienne, elle redescend en région bordelaise après que son mari y ait trouvé un travail.  » En sortant d’un entretien d’embauche, je me suis rendu compte que je ne voulais plus faire ce que je faisais depuis si longtemps déjà. Mon travail ne convenait pas à mon rythme de vie, je ne m’y sentais plus en confort.  » La jeune femme prend alors du temps pour elle et se remet à la couture. Ses amis et sa famille lui demandent de plus en plus de créations et après 6 mois de réflexion, le projet émerge en janvier 2018.  » Je me suis tournée naturellement vers pôle emploi en qui j’ai confiance et le CIDFF (centre d’insertion des droits de la femme). Je suis encore en CAP couture. La Ruche, un incubateur de projet, m’accompagne et j’ai même été retenue pour le concours des Audacieuses.  » Le processus est long et la remise en question effrayante jusqu’à la prise de confiance grâce à l’accompagnement.  » C’est une renaissance, j’ai appris à puiser dans mon énergie et à sortir de ma zone de confiance pour trouver ma place. Si j’ai un conseil à donner c’est de ne pas avoir peur de tout remettre en question pour donner un vrai sens à sa vie. « 

 Ouverture salon Profession'L

Des copines se retrouvent sur les marches et débriefent ensemble des rendez-vous auxquels elles ont participé et les offres intéressantes. Cheveux courts et lunettes bleues vissées sur le nez, Martine, 56 ans, est sortie prendre le soleil. Elle est à quelques années de la retraite. Originaire de Poitiers, elle a suivi une formation de documentaliste à l’IUT de Bordeaux. Après son diplôme en deux ans, elle a été recrutée par France Télécom pour indexer le service minitel puis les pages jaunes.  » Après avoir fait du management et être passée par plusieurs postes, le local a licencié un quart de son effectif et j’ai fait partie de la vague. Je n’ai pas de trous dans mon cursus, en ce moment je suis en congé mobilité mais en septembre, je serai en période de carence si je n’ai rien trouvé d’ici-là.  » C’est grâce à son fils de 20 ans qu’elle a pris conscience de son besoin d’évolution au sein de son travail.  » Tout se passe par internet maintenant, c’est une envie mais aussi un besoin d’évoluer par rapport à ma formation et de prendre une couleur digitale que je n’ai pas et qui est indispensable aujourd’hui. Je cherche une formation à faire pendant mon congé et je viens ici non seulement pour en trouver une adaptée mais aussi pour me caler par rapports aux offres. « 

Après avoir surmonté ce sentiment de solitude face à un monde du travail en perpétuel mutation, c’est une recherche d’accompagnement que la plupart des femmes présentes au salon cherche en franchissant les portes de l’hôtel de ville. Louise elle, est venue avec ses enfants et son mari. Elle est vendeuse en boulangerie depuis bientôt 6 ans et sentant le cap des 30 ans arriver, elle s’est rendu compte de son envie de  » faire avec ses mains « . Bien qu’entourée par sa famille, elle ne sait pas vers qui se tourner pour franchir le cap de la création d’entreprise.  » En fait, je ne sais même pas de quoi j’ai besoin : formation, étude de marché, paperasse, budget… j’ai besoin d’un mentor pour la partie sur le papier, moi je ne sais que faire mes gâteaux. J’attends beaucoup du salon et pour l’instant je ne suis pas déçue de l’ambiance et des conseils que l’on me donne. Reste à voir si j’en ai l’audace « . Son mari Gabriel en est sûr et l’encourage dans cette voie. A la recherche d’un travail, d’une idée de formation ou d’un coup de pouce, toutes ici repartent avec l’espoir d’entendre des voix pour enfin trouver la leur.

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