Le Tourmalet, mythique et passionné


Pierre Esquer
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 11/07/2016 PAR Pierre Esquer

Les lacets escarpés du Tourmalet s’activent doucement en ce samedi matin. Le soleil surplombe la vallée verdoyante, sans nuage, et annonce une magnifique journée. Quelques vaches et moutons profitent des pâturages pentus, tandis que les dernières voitures se garent sur les bas côtés, avant que la circulation ne soit coupée. Le bitume est bordé de camping-cars et chaque virage, chaque espace vert est transformé en campement, plus ou moins improvisé. 

Une tradition familiale

Les plus courageux gravissent le col à vélo, quelques heures avant leurs idoles. Une sorte de deuxième peloton éparpillé, de passionnés de tout âge et de toute nationalité. Dans les derniers kilomètres d’ascension, le souffle se fait court, l’allure devient poussive, les jambes sont douloureuses.
« Ils sont vaillants », constate Frédéric confortablement assis à l’ombre de son parasol. Lui, n’est pas venu pour pédaler, mais pour partager un moment en famille. « C’est une bonne occasion de se retrouver. », ajoute-il. Comme chaque année, trois générations de la famille Bailly attendent joyeusement la caravane et le passage des coureurs. Réunis au bord de la route depuis la veille, ils campent ici, à un peu moins de deux kilomètres du sommet. Raymonde, la grand-mère, en est à son soixantième Tour de France. La quatrième fois dans le Tourmalet, « la montagne mythique des Pyrénées ». « J’ai commencé à étudier le parcours dès octobre », avoue-t-elle. « C’est une tradition, il faut que ça se perpétue ». 

Chaque année, toute la famille se retrouve sur les routes du Tour de France

Un peu plus haut, une douzaine de camping-cars occupent un virage en épingle, de chaque côté de la route. Joseph, Robert, André et Michel discutent tranquillement au soleil. Arrivés en début de semaine, tous viennent sur la route du Tour depuis plus de dix ans, minimum. Voisins de camping-cars, ils se sont rencontrés cette année sur les flancs du Tourmalet et partagent leurs souvenirs d’enfance, quand ils allaient, déjà, acclamer les coureurs de la Grande Boucle.

Caravane, apéro et vélo

« C’est convivial, on prend l’apéro le soir, c’est les vacances ! » explique Joseph en souriant. De l’autre côté de la route, chaises de camping dépliées sous un parasol blanc à pois rouges, Robert et Marcelle acquiescent. « Je suis fan de l’ambiance, c’est un tout » affirme Robert qui a voulu faire découvrir les joies du Tour, à sa compagne. L’atmosphère est chaleureuse, bon enfant.
C’est notamment pour cela que Jorge et Alejandro aiment venir profiter « de la plus belle course du monde ». Cyclotouristes espagnols, originaires des Asturies, ils ont grimpé ce long col en un peu plus d’une heure et vingt minutes. La veille dans l’Aubisque, aujourd’hui dans le Tourmalet, les deux hommes encouragent à leur tour, les derniers amateurs téméraires, en attendant la caravane. « Il n’y a pas ça sur la Vuelta » (ndlr : Tour d’Espagne) regrettent-ils.
Dans une musique entrainante qui contraste avec le calme pyrénéen, ce fameux défilé de voitures publicitaires précède les coureurs d’un peu plus d’une heure. Du haut de grands chars à l’effigie des sponsors, casquettes, bobs, porte-clés, saucissons et même pare-soleils sont distribués au public. Les enfants adorent, les adultes aussi. Pour Joseph, « c’est la gloire du Tour de France, ça fait venir les gens au bord de la route », même s’il regrette des temps glorieux où le show était encore plus grandiose.
Ça y est, le Tour peut arriver. Si les pentes du Tourmalet ne sont pas aussi garnies qu’à l’ordinaire, le public ayant préféré le col de Peyresourde, dernière ascension de la journée, une chaude clameur accueille les échappés du jour, le peloton et les coureurs plus en difficulté. L’effort est à son comble, le spectacle au rendez-vous.
Une grosse vingtaine de minutes plus tard, une fois la voiture-balai passée, la route se vide dans un joyeux bal de klaxons, tandis qu’une nuée de vélos redescend du sommet. Pendant que certains vont suivre la course, au frais, à l’intérieur de leur camping-car, d’autres rentrent chez eux, comme ces quatre jeunes à l’accent chantant, originaires de Saint Gaudens, et venus sur le Tour « pour faire la fête entre potes ».

Pour les plus passionnés, ce n’est que le début d’une nouvelle étape, avant de recroiser la route des coureurs un peu plus tard dans la semaine. C’est notamment le cas de cette jeune Suisse, membre du fan club de Fabian Cancellara, qui suit le peloton du Mont Saint Michel jusqu’à Berne, sa ville d’origine. Dans sa « deuche » rouge pétante, aménagée pour l’occasion, elle traverse la France au rythme de la Grande Boucle et découvre avec joie la beauté des paysages. Même si son héros n’a plus sa forme d’antan, elle profite de « la super ambiance et des apéros ». « Mais je ne serais pas là, s’il n’y avait pas Fabian », précise-t-elle, en arborant fièrement un maillot à l’effigie du champion helvète.
Une jolie histoire qui représente parfaitement l’esprit du Tour. « Et l’année prochaine, ça recommence ! », annonce Joseph, grand sourire. 

Le Tour de France en 2CV pour suivre Fabian Cancellara


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