Les Araignées Philosophes ou quand les arts vivants s’invitent à l’école


Les Araignées Philosophes
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 14/01/2021 PAR Emmanuelle Diaz

« Il est essentiel que, dès l’âge où ils prennent conscience de leur individualité mais aussi de celles des autres, tous les enfants puissent avoir accès au théâtre. Qu’ils sachent que le théâtre existe sous plusieurs formes et qu’il est simple d’y aller ». Pour Monique Garcia et Anne Berger, co-directrices du Glob Théâtre à Bordeaux, rendre accessible le théâtre – et plus largement la culture – aux enfants demeure une priorité. C’est pourquoi elles proposent tout au long de l’année, une programmation spécialement adaptée au jeune public, et ce, qu’il s’agisse d’enfants ou de pré-ados. Des représentations qui sont aussi l’occasion de rencontres avec les artistes ainsi que d’un travail plus approfondi dans le cadre scolaire car, pour les deux responsables, « il est fondamental d’être présentes dans les écoles, collèges et lycées, pour que chaque enfant sans distinction puisse construire son propre rapport à la création et la culture. » Une découverte qui débute dès le CP et qui, au travers du « parcours du jeune spectateur », propose 10 étapes dans les écoles primaires. Un travail effectué en partenariat avec Les Araignées Philosophes, une association fondée il y a quatre ans par Aurélie Armellini, Miren Lassus-Olasagasti et Laurence Dumas.

Enfance, art et philo : les Araignées tissent leur toile

« Nous nous sommes réunies parce que nous étions convaincues que l’enfance, l’art et la philosophie sont un combo merveilleux pour rencontrer et tracer de nouveaux chemins de pensées; pour observer et expérimenter des manières d’être et de vivre ; pour imaginer des façons d’habiter ensemble le monde et inventer sans limite de nouvelles formes de vie » précise Miren Lassus-Olasagasti. « On ne fait que de la médiation culturelle, c’est à dire que nous créons du lien entre l’œuvre d’art et nous en passant par le questionnement philosophique ; ou comment l’œuvre en question peut nous faire réfléchir sur le monde, sur la vie, à comment on fonctionne », poursuit-elle.
Généralement sollicitées par des structures culturelles, les Araignées prennent pour base une programmation et la déclinent avec des jeunes lors d’ateliers reposant sur un principe de questionnement sur l’œuvre et le monde. « Ils se posent plein de questions. On leur présente Socrate, père de la philosophie et dont l’art était d’enfanter la vérité précisément grâce au questionnement. Ils sont toujours surpris d’apprendre qu’il y a fort longtemps, vivait un  »vieux monsieur » qui se posait les mêmes questions qu’eux. Pour Spinoza et Deleuze, l’araignée est l’animal le plus philosophe de tous de par les liens qu’elle peut avoir grâce à sa toile. C’est une exploratrice. Nous aussi, nous espérons pouvoir relier le théâtre, la philosophie, les gens entre eux… ».

Un parcours ludique et didactique

araignées philos

Débutée il y a trois ans, la collaboration avec le Glob Théâtre propose aux jeunes tout un panel de découvertes. Un parcours qui débute avec deux spectacles d’art vivant issus de la programmation du Glob. « On cherche alors une thématique commune ou au contraire, des pierres d’achoppement entre les œuvres et sur lesquelles ils pourront réfléchir », précise Miren Lassus-Olasagasti. S’en suivent plusieurs exercices de création tels que l’écriture de poèmes ou la réalisation de dessins. Une correspondance entre les Araignées, le Glob et les classes participantes et illustrée par Alfred, dessinateur de BD sont aussi au programme. De même qu’un carnet de voyage destiné aux enfants ; une sorte de journal de bord que chaque jeune reçoit et qu’il peut utiliser à sa guise pour y noter ses remarques sur les pièces qu’il voit, les rencontres qu’il fait avec les Araignées, etc… « C’est une collaboration entre les enfants, les enseignants, l’association, le théâtre. C’est un lien. On en revient à la toile d’araignée ; quelque chose qu’on tisse ensemble et qu’ensuite l’enseignant peut prolonger comme il veut et quand il veut », précise-t-elle.

Des jeunes très sollicités

Débutés le 7 décembre dernier, les ateliers -qui vont durer jusqu’au printemps- concernent, cette année, dix classes réparties dans cinq écoles de Bordeaux (Dupaty, la Somme, Vaclav Havel, Sempé et Paul Lapie). Et là, pas de bonne ou de mauvaise réponse, pas plus que de cadre strict comme ils y sont d’ordinaire habitués. « On s’inspire beaucoup de la pédagogie alternative. On n’est pas dans un rapport élève-maître. On les fait réfléchir sur les mots. Ils n’ont pas vraiment l’habitude qu’on leur laisse autant la liberté de penser par eux-mêmes », explique-t-elle. « L’intérêt est de susciter un éveil chez le jeune. Dessins et poèmes permettent d’accompagner et de prolonger la rencontre esthétique. Quant au questionnement autour de l’œuvre, il les incite à nuancer le plus possible leur pensée ; à dépasser le  »j’aime »,  »j’aime pas », à affiner leur jugement. L’objectif est de les accompagner dans la découverte des arts de la scène, dans le développement de leur regard, de leur sensibilité artistique ainsi que dans leur aptitude à nommer le sens des propos et des thèmes qui nourrissent les spectacles auxquels ils assistent  », poursuit-elle.
Un travail qui commencera tout d’abord avec la pièce « La petite fille et le corbeau » de la Compagnie Mouka qu’ils iront voir à la fin de ce mois puis, si la situation sanitaire le permet, avec « Du vent dans les plumes », chorégraphie décoiffante de la Compagnie Volubilis, en mai prochain.

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