Les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon protestent contre l’interdiction de consommer des huîtres ordonnée par la préfecture


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 08/08/2008 PAR Nicolas César

Agacés d’être face à des fermetures, sans avoir d’explication scientifique, les ostréiculteurs ont décidé de passer à l’offensive et s’apprêtent à saisir les tribunaux, notamment le tribunal administratif de Bordeaux.

Depuis le 24 juillet, seules les huîtres et les moules du banc d’Arguin situé à l’entrée du bassin étaient interdites. Jeudi 7 août, la préfecture de Gironde a décidé d’élargir l’interdiction à la consommation des huîtres et moules prélevées après le 3 août dans l’ensemble du bassin d’Arcachon. Le scénario se répète inlassablement depuis plusieurs étés et pour les ostréiculteurs, c’est trop. Symboliquement, le bureau de la section conchylicole d’Arcachon a donc démissionné jeudi soir pour faire part de son mécontentement. Mais, ce n’est qu’un début. Ce 8 août, quelques 200 ostréiculteurs du bassin d’Arcachon se sont rassemblés à la Salie, une plage de La Teste de Buch, où se situe le « Wharf », qui rejette, entre autres, les eaux usées de Smurfit, un très important papetier de la région. « On interdit nos huîtres à la vente, sans savoir quelle toxine les contamine. Nous, on pense que cela peut provenir des rejets de Smurfit. Car, à chaque fois, la pollution vient du large et atteint systématiquement, dans un premier temps, le banc d’Arguin. Maintenant, ça suffit, on veut comprendre », indique Sylvie Latrille ex vice-présidente de la section conchylicole du bassin d’Arcachon, en charge du dossier environnement. Smurfit, de son côté, rétroque que des contrôles sont régulièrement effectués par la Drire, direction régionale de l’industrie, de la recherche. « Sauf, qu’aucun test souris n’est effectués sur des moules et des huîtres sauvages qui vivent à côté du Wharf. On a d’office exclu toute éventuelle pollution », répond Sylvie Latrille.

Les ostréiculteurs portent plainte devant les tribunaux
Les ostréiculteurs s’opposent donc aux analyses biologiques et aux tests de mortalité de 24 heures des souris auxquelles ont été injectés des prélèvements effectués sur les mollusques. Ils estiment que ces tests débouchent sur une application trop stricte du principe de précaution alors que la nature même de la contamination n’est pas identifiée. « Le test souris de l’Ifremer est utilisé hors de son champ d’application. Originellement, il est censé détecter la dynophisis (une algue toxique que l’on trouve régulièrement dans le bassin d’Arcachon, ndlr). Or, là il n’y en a pas et aucune recherche n’est effectuée pour trouver l’agent polluant. On nous ferme par principe de précaution. On ne peut pas nous faire ça pendant 10 ans. De nombreuses entreprises se retrouvent en difficulté », s’emporte t-elle. Il semblerait qu’une dizaine ferme depuis chaque année, depuis deux, voire trois ans.

Philippe Madrelle soutient les ostréiculteurs
Même les politiques s’interrogent. « J’appelle les services de l’Etat à diligenter dans l’urgence, les recherches nécessaires pour identifier les causes de ce phénomène qui se répète depuis quelques années et sur lequel on ne peut imaginer de rester plus longtemps sans explication compte tenu des conséquences dramatiques qu’il produit. Je souligne aussi la nécessité de mettre en place un fonds de solidarité pour soutenir la profession lors de ces crises structurelles et conjoncturelles. Enfin, je partage l’avis de la profession lorsqu’elle réclame la mise au point d’un contrôle fiable par la mise au point de procédures plus explicites que le test de la souris », interpelle Philippe Madrelle, président du Conseil général de Gironde.

« Les modes de cultures des ostréiculteurs n’ont pas changé depuis des années, cela signifie que c’est un agent extérieur qui pollue le bassin », poursuit Me Ruffié.La loi cadre sur l’eau stipule que « tout rejet en mer ne doit pas modifier la qualité des eaux du bassin récepteur ». La section conchylicole envisage donc, par l’intermédiaire de son avocat Me Ruffié de déposer une plainte pour pollution marine sur la base de l’article 218-73 du code de l’environnement. Par ailleurs, la semaine prochaine un recours sera déposé devant le tribunal administratif de Bordeaux contre l’arrêté préfectoral interdisant la consommation d’huîtres. Bien décidé à obtenir des réponses, la section conchylicole du bassin d’Arcachon va demander également, en référé, au même tribunal administratif de Bordeaux la nomination d’un collège indépendant et de renom pour répondre à deux questions que les ostréiculteurs se posent : est-ce que les huîtres du bassin étaient vraiment dangereuses lorsque l’interdiction de les consommer a été prononcée le 7 août ? Est-ce que le test de la souris est valable ?

Michel Barnier prône un nouveau test européen
Hier, Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, a rappelé « son engagement pour l’élaboration d’un nouveau test de référence communautaire pour le suivi sanitaire des huîtres », dans un communiqué. « Ce type de test est aujourd’hui la seule méthode de référence autorisée dans l’ensemble de l’Union européenne », précise-t-il, mais « l’ensemble des ostréiculteurs du bassin d’Arcachon contestent la fiabilité de ce test ». Le ministre « tient à rappeler l’engagement pris de travailler à l’élaboration d’un nouveau test de référence européen ». Dans l’attente de cette validation, « le test souris à 24 heures reste la méthode qui offre la plus grande fiabilité », affirme-t-il et « donc les meilleures garanties de protection des consommateurs ».

Nicolas César

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