Lever les tabous lors de la Quinzaine de l’Egalité


Bordeaux Métropole
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 17/11/2017 PAR Alizé Boissin

Jeudi soir, au cinéma de Mérignac quelques spectateurs sont venus assister à une séance un peu spéciale. Celle de la projection du film « 1 :54 » de Yan England. Quelques minutes avant la diffusion, dans le cadre de la quinzaine de l’Egalité, la diversité et de la citoyenneté, le maire de Mérignac, Alain Anziani, était invité à signer la charte d’engagement LGBT (Lesbienne, Gay, Bisexuel, Transgenre) de l’Autre Cercle. Par cette charte, la ville de Mérignac s’engage à veiller à l’égalité des droits de tous et à créer un environnement inclusif pour les collaborateurs et collaboratrices LGBT. Un engagement fort qui fait directement écho au film qui suit. L’histoire de Tim, un jeune homme timide, brillant, sportif hors pair qui s’interroge sur son orientation sexuelle. Le harcèlement qu’il va subir de la part de ses camarades le poussera dans ses derniers retranchements, là où les limites humaines atteignent le point de non-retour. Une séance qui sert de prétexte pour le débat qui suivra : l’homophobie dans le domaine du sport.

Souffrance chronique

Il faudra quelques minutes à la salle pour reprendre ses esprits après l’histoire qu’ils ont vue. Les intervenants du débat se disent eux aussi émus et choqués par le film. Des représentants du Comité Départemental Olympique et Sportif de Gironde sont là pour animer la discussion qui suit. « Avec l’armée, le sport est un de milieux les plus sexistes » confirme Anthony Mette, Docteur en psychologie, préparateur mental, formateur et auteur du livre « Les homos sortent du vestiaire ! ». De son côté, Julien Pontes, Président de l’association Rouge Direct, collectif qui lutte contre l’homophobie dans le domaine du sport, interpelle sur « ces blagues qui n’en sont pas ». Les chants homophobes lors de rencontres, les plaisanteries entre équipiers « tapette, PD » participent à créer un environnement homophobe et particulièrement malsain. En effet selon les chiffres annoncés par Julien Pontes, 10% des français sont homosexuels, soit 1 joueur par équipe de foot et pourtant très peu sont les sportifs qui veulent assumer publiquement leur orientation. Et pour cause, les organisateurs de cette quinzaine avouent ne pas avoir trouvé de sportif concerné présent ce soir pour témoigner lors de la discussion.

Selon un membre de l’association le Girofard (centre LGBT de Bordeaux) ces attitudes discriminantes ont de graves conséquences notamment chez les plus jeunes. Selon lui, treize fois plus de tentatives de suicides ont lieu chez les ados homosexuels. Une orientation sexuelle qui peut être extrêmement discriminante même au sein de la famille. « Une personne racisé pourra trouver refuge dans sa famille tandis qu’une personne homosexuelle a souvent peur de la réaction de sa famille » rappelle Anthony Mette.

Interrogations

Alors dans la salle on s’interroge sur les leviers à activer pour lutter contre l’homophobie. Le Comité Départemental Olympique et Sportif de Gironde rappelle que des formations existent et sont proposées pour les professeurs, entraineurs et coach afin de mieux appréhender des situations de sexisme et discriminations. Pourtant « c’est toujours les mêmes qui viennent ». Des professeurs présents dans la salle s’alarment qu’en STAPS (licence de sciences et techniques des activités physiques et sportives) aucune formation ne soit dispensée sur les discriminations.

Pour Julien Pontes, une triple action pourrait améliorer la situation de l’homophobie dans le sport. D’abord faire évoluer les mentalités. Rouge Direct espère par exemple que les commissions d’observation, déjà mises en place pour le PSG, deviennent obligatoires pour tous les matchs ce qui permettrait de relever les attitudes homophobes ou lesbophobes et de les condamner. «Concernant l’éducation il y a tout à faire », insiste Julien Pontes, « l’héritage patriarcal de notre société se reflète dans le foot et dans les autres sports ».  Enfin, des signaux doivent être envoyés par les autorités publiques. En effet des symboles politiques forts peuvent participer à changer les choses. Dans la salle on regrette qu’aucun homme ou femme politique ou sportif n’assume son homosexualité.

Des solutions qui manquent de moyens pour se mettre en place. Du côté du Comité Départemental Olympique et Sportif de Gironde on se dit ravi de l’existence de ce ciné-débat « qui n’aurait pas reçu le même accueil il y a vingt ans ». Preuve que les choses avancent ? « Doucement ».

Jusqu’au 25 novembre vous pouvez assister aux rendez-vous de la quinzaine de l’Egalité, de la diversité et de la citoyenneté. Plus d’informations sur le site. 

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