Marseille, capitale européenne de la culture 2013 ? Coup d’oeil sur le projet de la grande rivale de Bordeaux.


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 04/08/2008 PAR Piotr Czarzasty

C’est un projet tout-à-fait innovant que la ville met en avant. Tout d’abord par le caractère de sa candidature. Car, contrairement aux autres candidats, ce n’est pas uniquement la ville qui se porte candidate mais tout un territoire. Celui-ci s’étend de la ville de Arles, en passant par Aix-en-provence, jusqu’à Toulon. En somme, quelques 4200 km² avec plus de 2,2 mln d’habitants sur 140 km de côtes. On parle donc non pas de Marseille 2013 mais Marseille-Provence 2013. Un territoire devenant capitale ? La question ne s’était jamais posée ainsi.

Marseille & Provence, indissociables
« Il était toujours évident pour nous d’associer le territoire, en l’occurence la Provence, à la ville de Marseille. » explique Bernard Latarjet, directeur du projet. « D’une part en raison de fortes structures de coopération déjà existantes entre les différents acteurs du territoire, un projet comme celui-là ne pouvait se faire sans la Provence. » D’ailleurs, la majorité des projets d’infrastructure et d’urbanisme, comme en témoigne le directeur, est conçue pour l’ensemble du territoire, comme si l’on pouvait parler d’une certaine entité. Outre cet aspect structurel, le facteur de paysage était aussi non négligeable. De la rade de Toulon à Port-Saint-Louis-du-Rhône, de la Camargue à la montagne Sainte-Victoire, on commence à comprendre que l’on ne pouvait se permettre de séparer Marseille de la Provence.

La porte de la Méditerranée
Un deuxième élément important du projet se traduit par son volet euro-méditerranéen. Celui-ci repose sur des « Ateliers de la Méditerranée » qui rassemblent des artistes aussi bien européens que « méditerranéens » afin de travailler sur des thématiques communes. Parmi elles, notamment, le rôle de la femme dans les pays de la Méditerranée ou Marseille en tant qu’héritière des idéaux de la Grèce antique et lieu de rencontre entre islam et christianisme. « Il nous a paru important de travailler autour de cette dimension de plateforme d’échanges entre Europe et Méditerranée que représente Marseille. » raconte M. Latarget. « Il n’est cependant pas question de jouer le rôle du volet culturel de l’Union de la Méditerranée. »

Pour 2013, deux capitales européennes de la culture
Marseille compte aller cependant bien au delà. Des accords ont déjà été signés avec les villes candidates de Slovaquie (ndlr. La Slovaquie et la France doivent, chacune de son côté, désigner une ville sur son territoire qui sera nommée capitale européenne de la culture pour l’an 2013). 10 projets seraient notamment en route. « Alors que Marseille constitue un pont entre l’Europe et la Méditerranée, la Slovaquie, elle, est devenue aussi un pont mais entre l’Union Européenne et l’Europe orientale. » observe M. Latarjet « On voudrait travailler sur ce rapport assez complexe. »

bataille sur eauCamus, nouvelle recrue de l’OM
On aurait du mal à imaginer Marseille sans son club fétiche – l’Olympique et son public fanatique. Aucune raison de s’inquiéter. Ils ne manqueront pas d’être intégrés dans le projet. Une force de mobilisation comme celle-ci serait effectivement plus que bénéfique. Le programme prévoit, par exemple, d’associer de manière tout-à-fait inattendue, Albert Camus, dont on célèbrera le centenaire de naissance en 2013, et l’OM. « Peu le savaient mais Camus était un grand passionné de foot ; on a donc pensé de développer cette idée. » raconte le directeur de la candidature.

Capitale européenne, pour Marseille une « urgence »
Alors que la ville présente un projet ambitieux, ses habitants éprouvent une certaine indifférence envers cette candidature. M. Latarjet n’en est d’ailleurs pas surpris. « Cela m’étonnerait si quelqu’un se déclarait très enthousiaste pour la candidature de Marseille, si l’on lui demandait dans la rue ; je ne me fais pas d’illusions. » Comment expliquer une telle attitude ? Selon Bernard Latarjet il faut travailler sur l’image de la ville. « Je suis toujours étonné d’entendre que pour les étrangers, Marseille c’est une ville de pêcheurs qui vendent leurs poissons sur le Vieux Port par exemple ; on dit aussi que c’est une ville du Maghreb, une ville qui fait peur. » constate M. Latarjet. « Ce titre de capitale européenne nous permettrait de montrer que la ville a changé ; on pourrait ainsi combler le retard flagrant au niveau du rayonnement culturel de Marseille. » souligne M. Latarjet « Pour Marseille, à l’échelle de la deuxième ville de France, c’est une urgence. »

Piotr Czarzasty

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