Nouvelle-Aquitaine Électrique Tour : 800 km en deux jours en voitures électriques


Nouvelle-Aquitaine Électrique Tour
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Temps de lecture 8 min

Publication PUBLIÉ LE 12/09/2019 PAR Julien PRIVAT

Sur le parking d’un hôtel du site du Futuroscope, les places réservées aux véhicules électriques sont quasiment toutes occupées. Normal, puisqu’on y organise une conférence de presse sur la 8e édition de la Nouvelle-Aquitaine Électrique Tour (quatre éditions en ex-région Poitou-Charentes et bientôt quatre en Nouvelle-Aquitaine). Vingt-cinq équipages vont arpenter les routes de la région (hors réseau autoroutier). En deux jours, ils vont parcourir 800 kilomètres en véhicules électriques : trois motos et vingt-deux voitures.  

Jean-François Villeret est l’organisateur de ce Nouvelle-Aquitaine Électrique Tour. En préambule, ce féru de véhicule électrique, séduit dès les années 2010, a voulu faire un point sur les mobilités de 2020-2030. « La meilleure mobilité est celle qui n’existe pas, rappelle-t-il. Celle où on ne prend pas sa voiture. » Il milite en faveur de la baisse des émissions de gaz à effet de serre. « L’Union Européenne nous impose des résultats – 40% d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et il faut qu’elles soient neutres d’ici 2050 ». Aujourd’hui, les constructeurs automobiles se voient imposer des moyennes d’émissions de CO2 très faibles. « La moyenne dépasse les 95g/km, précise Jean-François Villeret, en 2021, elle devra être sous les 81 g/km et en 2025 sous les 59 g/km. Pour arriver à ces chiffres, il faudra forcément utiliser de l’hybride ou de l’électrique ». 

De plus certains pays ont évoqué l’interdiction des moteurs thermiques dès 2030 (Pays-Bas, Suède, Norvège). En France ce serait en 2040. « Il risque d’y avoir des ZFE (NDLR : zones faibles émissions), avertit l’organisateur. Pour l’instant, elles se limitent à Paris et sa couronne jusqu’à l’A86 (79 communes autour de Paris tout de même sont concernées). D’ici 2024, dans cette zone, seuls les véhicules Crit’air 0 et 1 (NDRL : autrement dit les véhicules 100% électriques et hydrogènes et tous les véhicules gaz, hybrides rechargeables et les véhicules essences produits à partir du 1 janvier 2011 respectant les normes euro 5 et 6) pourront circuler ». Et d’autres villes risquent de suivre l’exemple.  

Quasiment 800 kilomètres attendent les 25 participants à cette 8e édition du Nouvelle-Aquitaine Électrique Tour

Fervent défenseur de l’électrique

Les solutions consisteraient donc à changer sa mobilité et utiliser des véhicules à pile combustible, hydrogène et bien sûr l’électrique. « Pour l’instant je pense que le véhicule à hydrogène n’est pas encore arrivé à maturité, il reste cher et les stations de ravitaillement se font rares car coûteuses à l’installation », explique Jean-François Villeret, fervent défenseur de l’électrique. « Sur ma voiture, je n’ai pas de frais d’entretien, hormis les pneus. A la revente, cela reste intéressant, il y a des aides et des avantages. Mais seront-ils toujours d’actualité en 2024, si ces « voitures propres » se généralisent », se questionne-t-il. 

En plein salon de l’automobile de Francfort, Jean-Fançois Villeret a remarqué que l’électrique prenait de plus en plus d’importance. Les véhicules électriques affichent des autonomies jusqu’à 500 kilomètres, défiants parfois même les moteurs thermiques. « Il va y avoir une densification de l’offre entre 2020 et 2022 avec une baisse des prix ». Aujourd’hui, ils sont une poignée à proposer de l’électrique : Tesla, Renault, Nissan, Kia, Hyundai, BMW, Volkswagen et PSA (Peugeot, Citroën et Opel). 

« Un coup de fil et c’est rechargé »

Jérôme Princet, membre de la commission développement durable à la CCI de la Vienne et directeur général d’une entreprise qui installe des bornes électriques, a également été convaincu par l’électrique. Il y est passé depuis 2015. « Les premiers trajets étaient compliqués, reconnaît-il. Désormais, je parcours 35 000 km par an en électrique. Pour faire un trajet Paris/Toulouse, je m’arrête 2×30 minutes pour faire la charge. Le temps d’un coup de fil et c’est déjà rechargé. La voiture est prête à partir ». Ici, Jérôme Princet fait allusion aux superchargeurs. Ce sont des prestations qui se payent, un plein va coûter entre dix et vingt euros selon les modèles. Ces bornes rapides de recharge se multiplient dans l’Hexagone et même dans l’Europe. A l’échelle régionale, la Nouvelle-Aquitaine comptabilise un total de plus de 1 340 bornes de recharge, soit 2 412 points de charges. La région a soutenu à hauteur de 2 millions d’euros la mise en place de 144 bornes rapides permettant la recharge à hauteur de 80% en 40 à 45 minutes. 

L’un des soucis reste la recharge à domicile, lorsqu’on habite dans une copropriété. Mais Jérôme Princet a la solution. Son entreprise, Bornes solutions, située à Châtellerault, propose d’équiper les entreprises pour leur flotte et les copropriétés. Elle en a installé pour des hôtels du Futuroscope et sur le parc lui-même. En copropriété , il propose une sorte de compteur général et tire des câbles jusqu’aux emplacements de parking. Il en a installé dans la région de Bordeaux, à Limoges, dans le Sud de la France et en région parisienne. « A Paris, nous avons implanté 17 bornes sur une copropriété qui compte 120 places de parking pour 17 bornes installées, c’est important et ça va se développer », commente le directeur général confiant. Et pour ceux qui sont propriétaires ou locataires d’une maison, la voiture peut être raccordée à une prise chez eux. Et normalement le réseau ne risque pas de surcharge. « Le passage à l’électrique va se faire tranquillement. Le réseau peut assumer 10 à 20 millions de véhicules électriques. Il y a encore de la marge. Puis il va y avoir de nouvelles technologies avec la recharge intelligente qui permet de stocker et de prendre de l’énergie sur la batterie de la voiture électrique », explique Philippe Chadeyron, représentant territorial EDF à la Délégation Régionale Nouvelle-Aquitaine. « 20 m2 de panneaux photovoltaïques permettent de recharger une année un véhicule électrique à usage domestique ».

Les voitures électriques peuvent avaler les kilomètres et ne se limitent pas qu'à la ville.

Deux étapes pour pratiquement 800 km

Retour au Nouvelle-Aquitaine Electrique Tour, le lundi 16 septembre ce sera le prologue avec un tour des stations de chargement sur Grand Poitiers, avant de rejoindre place Charles-de-Gaulle l’exposition de voitures électriques avec présence des concessionnaires entre 12h et 19h. D’ailleurs, en avant-première, la Zoé de Renault sera présentée à Poitiers. À 17h, juste à côté, une conférence est organisée par la CCI de la Vienne à la médiathèque François-Mitterrand. Le thème : la mutation des flottes d’entreprises. « Nous avons pris conscience que la mobilité est un sujet sur lequel les entrepreneurs devaient travailler pour faire face à l’évolution technologique sur les nouveaux modes de transports durables. Il faut qu’on leur apporte les clés », explique Jérôme Princet, membre de la commission développement durable à la CCI de la Vienne.  

Le lendemain, le mardi 17 septembre, ce sera le coup d’envoi de la 8e édition de ce tour particulier. « Nous allons utiliser la taille de la région pour démontrer à travers le tour qu’il n’y a plus de soucis à faire de la distance. On peut recharger aussi bien en itinérance que la nuit, avant de prendre le départ. » La Première étape est Poitiers-Pau, 440 kilomètres. Sur le trajet, quelques pauses sont programmées. Une première sur la Nationale 10 à Limalonges (Deux-Sèvres) où se situe une borne (sait-on jamais). Puis direction Angoulême, une halte tout d’abord à la station de la SAEML Territoires Charente (Société Anonyme d’Economie Mixte Locale) qui dispose d’une borne rapide et de cinq bornes placées à un endroit stratégiques sur l’axe Poitiers/Bordeaux et Limoges/Cognac/Saintes. Ensuite à la mi-journée, direction la technopole de Grand-Girac au Sud-Ouest d’Angoulême pour y proposer notamment une conférence à destination des entreprises et des collectivités du territoire. Le thème : « Comment faire évoluer ma flotte d’entreprises/collectivité sur la période 2020-2025 ? ». Les vingt-cinq équipages vont rallier ensuite le circuit de Pau-Arnos qui projette de devenir un E-circuit pour des essais de développement et des compétitions électriques. Une séance de roulage est prévue. « Une animation pour rouler avec les véhicules et engranger encore plus de kilomètres et montrer qu’on peut même arriver aux 500 kilomètres », précise l’organisateur. Enfin l’arrivée à Pau, dans le cadre de la Foire-Exposition et un événement, pour les entreprises et les collectivités, sur la thématique de la mobilité durable et un focus sur la mutation des flottes. Bien sûr ce trajet va être cadré pour les véhicules électriques, en imposant des limites de charges. Il ne faudra pas oublier de brancher les batteries, le soir, à Pau, pour repartir avec le plein pour la deuxième étape.

Franchissement d’un col

Deuxième étape, le mercredi 18 septembre, entre Pau et Bordeaux, 330 kilomètres. Mais Pyrénées obligent, les véhicules électriques vont franchir le col de l’Aubisque, qui culmine à 1709 mètres. « Nous avons corsé les choses. En montée, il y a une surconsommation, dans la descente, l’énergie se régénère, c’est comme si lors de ma reconnaissance, j’avais circulé que sur du plat », confie Jean-François Villeret. Ils descendent ensuite vers Oloron-Sainte-Marie où ils s’arrêteront à l’espace d’information hydroélectricité d’EDF pour faire un petit point sur les trois barrages de la vallée. Puis le cortège se rend à Mont-de-Marsan pour l’étape de la mi-journée et un nouvel événement à destination des entreprises et des collectivités sur la mobilité durable et la mutation des flottes de véhicules. L’après-midi, direction l’étape finale de Bordeaux, où les concurrents rallient le congrès ITS4CLIMATE entre 16h et 18h. Un congrès international sur la mobilité intelligente pour le climat à la cité mondiale de Bordeaux sur les quais, organisé par le cluster TOPOS – Digital Aquitaine.

L’électrique sera à l’honneur durant la semaine européenne de la mobilité, du 16 au 22 septembre. « Je me souviens en 2012, lors de la première édition, les voitures avaient une centaine de kilomètres d’autonomie. On se demandait si on allait arriver au bout », se remémore Jean-François Villeret. Pour cette 8e édition, il paraît plus serein. Il a fait une reconnaissance du parcours la semaine dernière. 1 200 kilomètres au compteur de sa Tesla. Et les autres véhicules participant à ce grand voyage ont d’aussi bonnes performances. « C’est la première année qu’il y a des voitures avec autant d’autonomie, ce qui montre bien le changement », conclut-il. Quand on ose lui poser une question sur le recyclage des batteries, il a réponse à tout. « Les constructeurs annoncent une dizaine d’années de durée de vie. Le moteur peut parcourir 600 000 kilomètres, voire même plus d’un million. Ensuite, les batteries sont recyclées. Elles sont récupérées et recyclées pour être utilisées en tant que batteries de stockage ». Il a imagé son exemple avec le stade de l’Ajax d’Amsterdam dont le réseau électrique est couplé à un système de stockage d’énergie originale : 148 anciennes batteries de véhicules électriques. Au niveau du prix également, l’électrique n’est pas forcément accessible à tous, même si la dernière Tesla débute à  42 600 euros (pour l’autonomie la plus faible 409 kilomètres) et 53 000 euros pour la grande autonomie (560 kilomètres annoncés par le constructeur californien). Reste à savoir si l’électrique va provoquer un coup de foudre chez les conducteurs d’automobiles.

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