Police de Sécurité du Quotidien : la Gironde rentre dans le jeu


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 08/11/2017 PAR Romain Béteille

Déclinaison locale

Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit là de l’un des gros chantiers sécuritaires de la présidence Macron, au-delà même de la fin de l’État d’urgence et de la nouvelle loi contre le terrorisme vouée à le remplacer. Cette « police de sécurité du quotidien », comme il faut désormais la nommer, tourne autour des mêmes priorités au niveau national. Elles passent notamment par des policiers et gendarmes plus nombreux et présents sur la voie publique, des procédures « simplifiées et allégées », des moyens de sanction immédiats par des « amendes forfaitaires » et une adaptation à chaque territoire. On ne pourra pas mettre en place une police de sécurité du quotidien à Libourne comme on le fera à Captieux, les problématiques de délinquance sur ces deux exemples ne sont pas du tout les mêmes », a d’ailleurs précisé le colonel Jean-Christophe Sintive, commandant du groupement de la gendarmerie départementale de la Gironde. 

Les grands axes sont les mêmes partout : 13,3 milliards d’euros de budget pour la sécurité intérieure en 2018 (+1,9%) et 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires d’ici 2022. Mais il faudra donc s’attendre à ce que les futures mises en application soient différentes, elles. Ainsi, dès la semaine prochaine, le préfet de Gironde a annoncé vouloir réunir policiers et gendarmes (au travers d’organisations syndicales pour la police et des instances représentatives de la gendarmerie) du département en concertation, après quoi un rapport devra être rendu par chaque préfet d’ici le 15 décembre prochain. « Il faut analyser les problèmes de délinquance et d’insécurité avec la population, les associations, les élus, les entreprises et leur expliquer l’action de la police et de la gendarmerie », commente d’ailleurs Pierre Dartout.

Appel à toutes les voitures 

À l’échelle nationale, c’est plus de 250 000 policiers et gendarmes qui recevront un questionnaire en interne et le ministère consultera lui aussi organisations syndicales, conseil de la fonction militaire de la gendarmerie, des entreprises de transport collectif et autres associations d’élus mais aussi, et c’est une nouveauté, les professionnels de la sécurité privée (150 000 en France), « de plus en plus présents dans les grandes manifestations organisées dans le département. Il faudra aussi voir les élus de ce département et les bailleurs sociaux. Je ne me vois pas faire une concertation sans avoir des discussions avec les maires de certaines communes comme Bordeaux, Mérignac, Bègles, Pessac ou Libourne par le biais du sous-préfet). De manière générale, le but est de renforcer notre coopération avec les partenaires locaux. En Gironde, nous avons deux ZSP (zone de sécurité prioritaire) où l’accent est déjà mis sur la concertation : une sur la rive droite de Bordeaux en matière de sécurité publique et la seconde dans le libournais avec la gendarmerie », a précisé le préfet de Gironde. 

Et qu’on ne vienne pas lui parler d’un retour de la « police de proximité », instaurée par Lionel Jospin et supprimée en 2002 par Nicolas Sarkozy. « Il y avait, notamment à Bordeaux, beaucoup de postes de police implantés un peu partout mais qui étaient fixes, c’est ce qui avait été reproché à la police de proximité à l’époque qui, malgré tout, proposait des avantages au niveau du contact avec la population puisque ça permettait de venir déposer plainte au plus près de chez eux. Là, ce n’est pas la même chose : il ne s’agit pas de toucher à l’organisation mais à la méthode ». Reste que concernant les déclinaisons concrètes, tout cela est encore un peu flou pour le moment. Même le colonel Sintive se perd un peu en syntaxe. « Ce n’est pas spécialement un meilleur déploiement sur le terrain. C’est peut-être un déploiement plus visible. Pas plus de patrouilles, mais des patrouilles plus accessibles, des gendarmes à des endroits plus ciblés ».

Le Néo Girondin 

L’idée générale », a-t-il commenté, « c’est de créer une sorte de mission de proximité au sein de plusieurs brigades de gendarmerie pour pouvoir envoyer des gendarmes en patrouilles, la plupart du temps à pied, sur des places de villages, des marchés ou sur les grands évènements des communes. Ça passerait aussi par une participation plus active aux réunions de quartiers, de riverains, communales… En tout cas c’est une visibilité plus importante. C’est sûr les modalités pratiques de la mise en oeuvre que la concertation aura bien évidemment toute sa place et où on pourra définir dans chacune des sept compagnies de gendarmerie de Gironde le fonctionnement de cette sécurité du quotidien ». L’un des axes forts de ces nouvelles mesures reste la volonté d’une police « connectée » : services dématérialisés, nouveaux moyens vidéo (caméras-piéton et nouvelles caméras venant renforcer la vidéo-protection) mais, surtout, des agents eux mêmes « connectés ». À Bordeaux, c’est par exemple le cas depuis peu : début novembre, 13 policiers motards de la Sécurité publique disposent de smartphones Néo (moins le héros de la trilogie Matrix que le diminutif de « Nouvel équipement opérationnel »), donnant un accès direct aux fichiers de police ou de dresser un procès verbal électronique. Pour la gendarmerie, en revanche, ce n’est pas nouveau : mis en place en Gironde depuis deux ans, 500 gendarmes sont équipés d’un dispositif équivalent et tous devraient en être équipés dans le courant du mois de décembre, a confirmé le colonel Sintive. En France, 115 000 tablettes numériques doivent être livrées aux forces de sécurité d’ici 2020.

Le but reste le même : enregistrer les informations nécessaires directement sur place et ainsi  simplifier la rédaction des procédures pénales. Il faut dire que ces dernières ont bien besoin d’un coup de pouce comme l’a réaffirmé Olivier Étienne, adjoint du procureur de la République de Bordeaux. « Il ne faut plus que les policiers et gendarmes soient alourdis dans leurs tâches de recherche et d’identification des auteurs d’infraction par des contraintes procédurales devenues très lourdes. Cette année, nous avons constaté que pour la première fois, le code de procédure pénale dépassait en volume le Code Pénal lui même, c’est vous dire si ces contraintes sont lourdes ». Le Ministère de la Justice participe donc lui aussi à la concertation en consultant « l’ensemble de ses partenaires institutionnels » et les magistrats. Quant-à savoir ce qui sortira de ce grand remue-méninges, il est encore un peu trop prématuré de le dire : la concertation doit se terminer le 20 décembre et les premières expérimentations, auxquelles la Gironde est candidate, lancées dans le courant du mois de janvier 2018.

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