Quel nom pour la région? A Bègles, Aquitaine en tête


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 20/04/2016 PAR Solène MÉRIC

Avant de laisser place aux échanges proprement dits et aux suggestions des participants quant à la future dénomination de la Région ALPC, Anne-Marie Cocula, rappelle quelques enjeux, issus des réflexions du groupe de travail, et des premiers échanges citoyens, pour que le baptême régional soit réussi.
D’abord, ce nom doit être une véritable « marque » à l’international ou à tout le moins au niveau européen. Car, en effet, « il ne s’agit pas d’un simple arbitrage franco-français » qui ne concernerait qu’Aquitains, Limousins et Picto-Charentais. Le futur nom de la Région doit permettre de contribuer à son rayonnement au niveau au moins européen. Mais bien sûr à l’autre bout, « il faut aussi, insiste Anne-Marie Cocula, que ce nom ait un sens pour tous les habitants ». Le tout en veillant à ce que ce nom, ou celui que les habitants auront à porter ne puisse tourner au dénigrement.

Être significatif au niveau de l’EuropePour les noms à tendance géographique (sud ouest, sud ouest atlantique ou grand sud-ouest), ils peuvent doublement être éliminés, car, « il existe déjà une marque Sud ouest, développée entre les ex-Aquitaines et Midi-Pyrénées, et au niveau européen ils ne sont pas significatifs ». Le Portugal pourrait en effet, davantage y prétendre… Un point de vue partagé par Isabelle Boudineau, Vice présidente du Conseil régional en charge des relations européennes, coanimatrice de la soirée. De même choisir un nom dérivé de la présence de l’Atlantique, c’est faire peu de cas de sept départements sur douze qui n’ont pas de côte littorale…
Autre option qui ne pourra pas convenir selon Anne-Marie Cocula, les noms qui jouent sur les syllabes ou initiales des anciennes régions : « ils posent problème pour apprivoiser le nom, l’appliquer aux habitants, et ne sont pas forcément porteurs d’un grand rayonnement », qu’il s’agisse d’ALPC ou du potache APOIL.
Autre remarque issue des six réunions organisées précédemment dans la grande région : « il y a une différence d’appréciation forte entre les 5 départements de l’ex-Aquitaine, et les 7 autres. Ceux-ci globalement peuvent accepter de ne plus être Limousin et Poitou-Charentes, ils reconnaissent même le terme Aquitaine, mais pour autant ils considèrent qu’il faut que leur arrivée produise tout de même un changement dans le nom… »

Eaux douces et indépendances en connivenceQuels sont les éléments alors, qui rassemblent ces trois régions devenues une seule ? Ils sont au moins de deux ordres : si le littoral n’est pas commun, ce grand quart sud-ouest de la France, est partout baigné par les eaux douces, fleuves et rivières. « C’est ce qui a fait la richesse de notre grande région, dont le développement a été fortement lié au commerce par voie fluviale, jusqu’à l’arrivée de la voie ferrée au 19e siècle », précise l’historienne. C’est de là d’ailleurs que l’Aqui-taine, terre des eaux, tient son nom.
Autre élément fort de connivence, l’Aquitaine Anglo-gasconne, recouvrait en effet ce périmètre, mais plus que cela, « le Roi d’Angleterre qui était lui-même un vassal du Roi de France, a eu à cœur de s’ancrer sur ce territoire par la création de villes de privilège, indépendantes et autonomes, jusqu’à leur reconquête par le Roi de France »… mais dont l’esprit d’autonomie, revêche à l’idée de toute centralisation du pouvoir, a perduré, à travers notamment la position décentralisatrice des Girondins contre les Montagnards durant la Révolution.
Autant d’éléments qui amènent Anne-Marie Cocula elle-même à considérer, que « l’erreur, ça a été d’appeler Aquitaine, les 5 départements… ». Un regret sur lequel il est un peu tard pour revenir.

Depuis la salle, la préférence va bien aussi clairement à Aquitaine, mais rappelant les enjeux posés en début de réunion, la présidente du groupe de travail souligne que « le nom tel quel ne peut convenir au Limousin et Poitou-Charentes, dont un certain nombre, au cours des réunions ont pu exprimer des craintes vis-à-vis de Bordeaux, la ville qui dévore ; le terme “annexion” a même été prononcé en Poitou-Charentes. Alors “Aquitaine”, pourquoi pas, mais avec quelques nuances », souligne-t-elle. Autre suggestion de la salle : Alienor, « mais là le risque de dénigrement est fort. Comment s’appelleraient les habitants ? Les aliénés…? »
À ceux qui suggèrent Gascogne, comme a pu le faire un temps le Président de la Région, l’historienne est intraitable, « ça ne couvre que le Sud de la Garonne ! »

Se rattraper sur le logo…?Sur le site internet participatif aussi, c’est l’Aquitaine et ses dérivés qui suscitent le plus d’engouement, pour près de 40 % des internautes, les 2/3 soutenant Aquitaine. Aquitania et aquitanie, obtenant tout de même aussi un pourcentage assez large… Vient ensuite la référence à l’Atlantique pour environ 25 % des contributions, 15 % pour Sud-Ouest, et 8 % rejoignent la proposition Aliénor, le reste des propositions diverses et variées témoignant de la créativité, et de l’humour parfois, des internautes.

Une chose est sûre en tout cas, s’il paraît difficile de satisfaire tout le monde, il faudra pouvoir se rattraper sur le logo de la grande région, ont souligné les participants à la réunion.

Au total, concède Anne-Marie Cocula, « ce n’est pas une chose facile, mais passionnante ». Sur la suite de la procédure, les réunions départementales s’organisent encore jusqu’au 10 mai et le site participatif sera fermé après le 5 mai. Autant de contributions réelles et virtuelles qui seront prises en compte dans un rapport qui reprendra également les observations du groupe de travail. Ce rapport se conclura par un nom que le Président de la Région soumettra au vote des conseillers régionaux le 20 juin prochain, 10 jours avant la date limite imposée par la loi pour baptiser les nouvelles régions, le 10 juillet.

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