Réinsertion sociale: le dispositif bordelais TAPAJ séduit au niveau national


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 09/12/2013 PAR Solène MÉRIC

Rendons à Cesar, ce qui est à César. Le dispositif TAPAJ est né au québec au début des années 2000, inventé par l’association «Spectre de Rue» dont les responsables étaient présents ce lundi au CAPC. Le système bordelais est donc un transfert de la formule québécoise. Mais adapter le dispositif de Montréal à Bordeaux ne s’est pas fait en jour, loin de là. «Il a fallu prendre le bâton de pèlerin» pour rencontrer et convaincre les acteurs locaux, institutionnels, Mairie, ARS, acteurs de l’insertion par l’emploi (ARE 33notamment), et entreprises à entrer dans le projet se souvient Jean-Hugues Morales, éducateur spécialisé du CEID. Il a également fallu adapter le dispositif au contexte légal français, différent du système québécois. A Bordeaux, cela fait 3 ans que TAPAJ a été lancé, avec à ses débuts, «des échecs cuisants», reconnaît-il volontiers. Après avoir mis le dispositif entre parenthèses pour une meilleure adaptation au public ciblé, c’est aujourd’hui un projet dont le succès tapageur est remonté jusqu’à Paris décidant la MILDT à travailler à son évaluation et à sa diffusion au niveau national.

Une alternative à la mancheConcrètement TAPAJ propose aux jeunes de 18 à 25 en situation très précaire, un travail à la journée payé en espèce dès la fin de celle-ci. Scindé en 3 phases, au fil de la remise à plat de la situation administrative et médicale du jeune, le programme se présente en premier lieu comme une alternative à la manche accompagnée d’une approche éducative, le tout dans l’univers du monde du travail. En effet, outre «un vrai contrat de travail», les chantiers répondent à des missions confiées par des collectivités, (pour l’heure, le service espace vert de la Mairie de Bordeaux) et d’entreprises telles que la SNCF, Auchan ou ERDF pour des missions d’élagage, désherbage des rues, nettoyage d’espaces verts ou encore de médiation avec des riverains et commerçants sur des travaux en cours.
Au fil des phases du programme, les contrats de travail proposés sont de plus en plus longs avec au bout du processus, un accompagnement vers des projets d’orientation via des formation qualifiantes, du travail en chantier d’insertion voire pour certain, un accès direct à des contrats de droit commun. L’objectif est bien ici, la revalorisation de l’image de soi par le travail, et la préparation graduelle aux différentes contraintes du monde professionnel. Un premier pas vers une démarche d’insertion, qui aux dires des témoignages entendus ce lundi, satisfait pleinement les «tapajeurs» bénéficiaires, souvent rapidement volontaires pour accélérer le rythme.
Ce programme innovant a, depuis un an environ, trouvé la clé de la réussite, «même si ça n’est pas forcément tous les jours facile» s’empresse de rajouter l’éducateur du CEID. C’est cette réussite que la Mission interministérielle voudrait voir se développer dans d’autres villes.

19 « tapajeurs » en 2013Pour ce faire, Jean-Hugues Moralès, imagine bien une sorte de «mallette TAPAJ». Construite à partir des échecs et des réussites locales, elle contiendrait également les entreprises partenaires du programme bordelais. Leurs implication est en effet, indispensable, que se soit en terme de financements (la Fondation Auchan a largement financé le lancement du programme avec une dotation de 10500€) ou de gisements de missions pour les jeunes. Mais, au delà de cet échange de bonnes pratiques, la structuration nationale de TAPAJ, sera aussi, pour Jean-Hugues Moralès l’occasion d’une «plus grande interlocution entre les partenaires, chacun pouvant ensuite y amener son propre réseau partenarial local et ainsi dérouler plus facilement le programme au niveau français».
Pour l’heure, la MILTD a commandé une étude à l’Université Ségalen de Bordeaux 2 sur l’évaluation du dispositif, afin d’établir au mieux les points forts de la démarche pour une meilleure diffusion possible dans l’hexagone. A Bordeaux en 2013, le CEID a compté 19 « tapajeurs » (sur 31 au total) pour 1600 heures de travail effectuées.

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