Reportage – Pascal Tauzin, un éleveur dans la tempête


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 09/02/2009 PAR Solène MÉRIC

Préoccupations d’urgence et problèmes structurels
Pascal Tauzin, éleveur depuis 27 ans, est également élu à la Chambre d’agriculture des Landes où il est responsable de la section avicole. Grâce à sa double casquette, il a une vision claire des dégâts subis en grands nombres par les aviculteurs landais, ainsi que des problèmes d’indemnisation qu’ils risquent de rencontrer. Il se sait ainsi un peu plus chanceux que certains car, pour sa part, il n’a pas eu de perte animale, et ses cabanes à poulets ont été épargnées; cela dit son exploitation est loin de s’en être sortie indemne. Après les préoccupations d’urgence des premiers jours concernant l’électricité, l’eau potable pour les bêtes, et le dégagement des voies pour permettre l’abattage, il faut désormais s’occuper des problèmes plus structurels auxquels son exploitation doit maintenant faire face.
Chez Pascal, c’est principalement l’élevage des canards prêts à gaver qui a le plus souffert. En effet, 1/3 de ses abris à canards ont été détruits par la tempête. Quelques 300 m2 d’abri sur 900 ont été emportés par le vent ou se sont écroulés sur place. La « chance » de Pascal est « d’avoir déplacé, un peu par hasard, les canards qui se trouvaient sous ces abris dans la journée du 23 janvier », veille de la tempête.

« Un travail colossal »clôture dévastée par les souches d'arbres arrachés
Le préjudice majeur subit par l’éleveur concerne les clôtures des espaces de plein air réservés aux canards. Ces destructions nombreuses s’expliquent par le fait que ces larges enclos sont situés en sous-bois, donc exposé aux chutes d’arbres. Le travail ici est très important, car il faut d’une part « sortir les arbres tombés sur les clôtures mais aussi parfois complètement ré-aplanir le sol avant de pouvoir replacer une nouvelle clôture, cela particulièrement, lorsque c’est une souche d’un arbre arraché qui se trouvait au niveau de la clôture ». Or, pour se genre de travaux il faut des machines, des bulldozers et des tronçonneuses, que les éleveurs ne possèdent pas forcément. Pascal se prépare, bon grè mal grè, à « un travail colossal ». D’après lui, certains éleveurs « risquent de renoncer parce qu’il va être matériellement difficile de dégager les bois ». Si pour l’instant les canards sont dans un parc, les règles de l’élevage veulent que dans deux mois ils soient en liberté dans les sous-bois, d’où la nécessité de clôtures réparées. Mais la durée de deux mois paraît bien courte à Pascal, pour avoir le temps de rétablir correctement l’ensemble des clôtures.
Même si l’éleveur est très reconnaissant de la solidarité exprimée (« l’aide apportée par la Chambre d’agriculture, de l’armée, la Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt a été très précieuse ») il avoue qu’ « il ne sait pas comment gérer les préjudices liés aux clôtures, ni vers qui se tourner ». En effet, c’est la première fois que ce genre de dommages a lieu à si grande échelle dans la région. Il espère que le travail syndical permettra de savoir si ces préjudices sont assurés ou pas et d’obtenir de l’aide et du matériel pour dégager les sous-bois à temps.

Des inquiétudes concernant les indemnisations
Concernant les indemnisations, Pascal Tauzin connaît bien les problèmes que risquent de rencontrer les agriculteurs. D’une part « les abris à canards, qui sont des bâtiments légers et mobiles, ne sont pas assurables ». Or, la très grosse majorité de ces abris dans le département se sont envolés ou ont été écrasés par des chutes d’arbre. Ces dommages causeront donc « une perte nette pour les éleveurs ». L’autre inquiétude des agriculteurs concerne la perte d’exploitation, pour laquelle très peu d’entre eux sont assurés. Autrement dit, même s’ils ont droit à une indemnité de la part de leur assurance pour les pertes matérielles (ex : destruction de cabanes à poulets) et les pertes d’animaux, le manque à gagner d’une exploitation n’est quant à lui pas indemnisé et les éleveurs concernés se retrouvent sans revenus. Pour Pascal Tauzin c’est là aussi un enjeu important qui contribuera à la remise sur pied de l’aviculture. Il considère en effet, que « cette question doit être traitée au niveaux des syndicats avec la Chambre d’agriculture ou l’Etat. »
Sur les évènements à venir, Pascal est lucide mais déterminé; pour lui, l’après tempête est l’occasion pour la filière de se mobiliser dans son entier. « Après le désarroi, il faut se retrousser les manches, la filière en a besoin, et il n’y a que comme ça qu’on y arrivera. »

Solène Méric

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