Philippe Joachim, l’engagé du micro


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 02/02/2015 PAR Romain Béteille

« Pause Café », c’est ainsi qu’on nomme la matinale de la web radio RtdR qui a lieu de 9 heures à 13 heures. Ironie, c’est justement au détour d’un café que Philippe Joachim se décide à raconter comment il est devenu directeur d’antenne de la radio. Car il aurait tout aussi bien pu être viticulteur, il a d’ailleurs obtenu son CAP dans cette branche. « Etant donné la conjoncture et le fait que je n’étais pas fils de propriétaire, je savais que ce serait compliqué. Mon maître de chais m’avait d’ailleurs dit que si je décidais d’être ouvrier viticole, je ne pourrais pas quitter ce métier ». A 16 ans, la tête pleine de projets, il décide de devenir DJ, essentiellement dans des boîtes de nuit. L’Ecureuil, le Pacha, le Macumba, le Vert-Galant… il écume les discothèques et vit la nuit avec une communauté de pros qui s’échangent les établissements. 

Mais ce rythme effréné est bientôt bouleversé par la vie de famille. En 1996, Philippe sort une idée de son chapeau : « Je voulais qu’on se serve de la culture pour défendre des causes sociales ou humaines ». C’est de là qu’est née « Noir et Blanc Culture »,  qui ne compte au départ que 3 membres. Ensembles, ils crééent une antenne des Restos du Coeur à Oloron-Sainte-Marie. « L’antenne n’existait pas là-bas, le maire pensait que ça donnerait une image de « ville de pauvre ». Elle tourne toujours aujourd’hui ». D’une ancienne usine d’Oloron à l’abandon, NBC aménage des salles de répétitions pour les artistes et une galerie d’art. Dès la première année, les murs sont ornés de toiles de Jacques Roux, célèbre peintre originaire de Pau. « Notre idée lui avait plu. Il a d’ailleurs refusé d’exposer au musée de Pau. On avait même gagné le deuxième prix d’un concours grâce à lui ! », s’étonne encore Philippe Joachim. 

Le projet RtdRMais le directeur d’antenne a un autre atout dans sa manche : il s’improvise animateur radio. Il passe par une radio associative à Floirac, anime l’antenne locale de Chérie FM pour le groupe NRJ… Des expériences qui vont lui servir pour sa future web radio. L’association, elle aussi, multiplie les expériences. En 1996, elle participe à fonder le premier « Noël pour tous », qui récolte des cadeaux et les offre aux enfants. NBC s’exporte. Elle lance des raves sur les plages de Guadeloupe. Philippe n’a pas le temps de faire ses valises qu’il est déjà globe-trotter. Europe, Venezuela… Déjà en 1996, NBC mutualise ses moyens pour faciliter ses actions. RtdR s’impose bientôt comme le volet « média » des actions de l’association. Son but : partager les deux passions de son fondateur : la musique (le mix, héritier de son passé de DJ) et le social, en faisant intervenir des acteurs du milieu associatif local. « On s’est rendu compte que la culture reste un levier de communication sociale pour mettre le doigt sur des sujets sensibles. On ne se retrouvait pas dans les produits radios qui nous ont inspiré comme FIP ou Nova. On ne voulait pas faire une « radio carotte », et multiplier les partenariats pour faire gagner des cadeaux et attirer les gens. On voulait qu’ils s’interrogent et qu’ils viennent nous écouter pour nos valeurs ». 

C’est en 2001 que naît Radio Trait D’union Régionale. Son fondateur raconte comment l’idée s’est transformée en réalité. « Je n’arrêtais pas de dire à mon entourage sur Facebook que je voulais monter une radio. Ils m’ont encouragé à le faire et je me suis lancé de chez moi, avec du matériel sommaire. Au départ, on ne diffusait que de la musique. Comme ça fonctionnait, on s’est mis à communiquer sur les évènements de l’association et puis on s’est professionnalisé petit à petit ». Au tout début, Philippe n’a que deux auditeurs : sa belle-mère et sa femme, qui l’encouragent à continuer. Et puis ils se multiplient, comme les antennes, 9 en tout, une générale et 8 autres concentrées sur un style de musique en particulier. En juin 2013, RtdR se lance pour la première fois à l’écran via une Web TV. Mais l’antenne n’en oublie pas son objectif premier : continuer de faire vivre l’association. 

L’avenir de NBCNoir et Blanc culture compte bien perdurer, et ses projets se multiplient. En mars, l’association s’exporte à Izon, commune du Sud Libournais du 13 au 15 mars autour de la place de la femme dans le monde, aves des débats, des projections et des concerts entièrement dirigés par des femmes. Avril sera consacré au « bien-être » dans le cadre d’une soirée « Moon Mag » (du nom d’un magazine distribué sur Paris, Bordeaux, Biarritz, Arcachon, Montréal ou Agadir) à Arcachon, avec des professionnels sur les thématiques du « mieux consommer ». En mai, NBC participe à l’anniversaire du club de foot « La Bastidienne » qui fêtera ses 110 ans, « parce qu’on a besoin de valoriser le sport collectif et ses valeurs de respect et de vivre ensembles qui ont tendance à se perdre en ce moment », avoue Philippe Joachim. 

Il y a deux ans, NBC commencé à s’intéresser au financement participatif. « On a aidé des associations à faire leur campagne de crowdfunding, et on a voulu comprendre comment ça marchait ». Dans le cadre de la journée du crowdfunding organisée par Fidaquitaine à Artigues en janvier dernier, la WebTV a organisé une journée spéciale qui a réuni jusqu’à 3600 connexions simultanées, la preuve selon Philippe que le crowdfunding « est un mouvement très fédérateur, même si le système est compliqué à mettre en place. On ne se lance pas comme ça, sans soutiens ». En mai prochain, NBC va lancer sa propre campagne. Forte de ses 19 ans d’existence, elle va se servir de son passé fourni pour sensibiliser son public. Manu Chao, Kassav ou encore Nile Rogers, célèbre producteur de Madonna, David Bowie et guitariste sur 3 morceaux du dernier album des Daft Punk, sont notamment passés au micro de Philippe Joachim. « On a accumulé beaucoup d’expérience, on a fait plein de choses. Ce qu’on veut maintenant, c’est professionnaliser complètement la structure pour générer de l’emploi ». Objectif : 20 000 euros. Avec cette somme, l’association veut créer en 2016 « Etnival », son propre festival de diversité culturelle, avec des intervenants en interaction avec le public via divers ateliers créatifs en musique, théâtre, peinture… « C’est un festival citoyen participatif, parce qu’on sait que la culture appartient à la rue. Comme la rue est gratuite, le festival à aussi vocation à l’être. Pour ça, on a besoin de financements ». Etnival prévoit de s’intaller à La Réole pour sa première édition l’an prochain, un évènement qui pourrait coûter entre 70 et 80 000 euros. 

Sans jamais regarder trop en arrière, l’ancien DJ reste un acteur engagé. « On peut traiter des questions essentielles de notre société. En France, en créant des associations, c’est avant tout des mouvements que l’on peut structurer. Et ça, c’est une chance, une belle opportunité. On a même des auditeurs japonais qui nous écoute parce qu’ils aiment la programmation musicale ! » glisse-t-il entre deux anecdotes. L’animateur regagne son petit bureau installé Quais de Brazza. Le 6 février, NBC organise une soirée « mécénat vs culture » quai des Chartrons à Bordeaux, avec des concerts gratuits et ouverts à tous. Cette diversité, ce foisonnement de projets et de soutiens locaux, c’est sans doute ce qui permet à Philippe Joachim d’attaquer chaque nouvelle journée avec le sourire et l’envie de faire bouger les lignes. 

L’info pratique : pour voir toute la programmation de la radio, rendez-vous sur leur site. Pour être informé de tous les évènements organisés par NBC, passez par leur page Facebook

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