Se regarder dans le miroir pour s’en sortir


Claire Sémavoine
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 27/06/2012 PAR Claire Sémavoine

« Les gens me disent que je suis jolie mais je ne les crois pas. » « J’ai du mal à me regarder dans le miroir. » « Quand je me regarde, je vois mes parents… »
Cindy 32 ans, Marie-Laurence 54 ans et Hélène 59 ans se réunissent pour le second atelier de socio esthétique organisé par l’atelier Changer de regard à la maison relais Sichem, initiative mise en place par l’association les BDR*.

Pourquoi elles ? Les trois femmes, épaulées dans leur parcours de (ré)insertion sociale soit 
par le diaconat de Bordeaux, soit par l’association bordelaise pour l’adaptation et l’intégration Asais, sont sur le point de faire leur entrée dans la vie « normale ».
Alors que quelques jours auparavant, la psycho-socio-esthéticienne Danièle Dubroca animait la première rencontre autour des mains, le petit groupe de femmes se retrouve aujourd’hui pour parler de leur visage et si elles le souhaitent, en prendre soin. Elles sont accompagnées par les chargées de mission Marie Dandieu à la mairie de Bordeaux et Nadia Laaziz au diaconat de Bordeaux, adhérentes aux BDR*, toutes deux à l’origine du projet, animatrices réconfortantes en cet après-midi ensoleillé de juin.

« Dans la rue, l’urgence, c’est pas la beauté. »

Les soins socio-esthétiques prodigués par Danièle Dubroca sont des moment privilégiés de détente et de relaxation.

Cindy, Marie-Laurence et Hélène viennent de loin comme on dit. « J’ai découvert l’huile d’olive il y a quelques mois à peine », confie Cindy, 10 ans de rue à son actif. « À cette époque, je peux vous dire que l’urgence le matin, c’était pas la beauté, mais bien de manger et de savoir où j’allais dormir le soir », poursuit-elle. « Maintenant c’est différent, j’ai un CDI et bientôt mon premier logement », se réjouit la jeune métisse qui s’est « toujours lavé le visage à l’eau et au savon » avant de conclure qu’elle « découvre des sensations qu’elle n’a jamais connues » lors de ces ateliers.
*BDR: Les Bruits de la rue: Jeune association qui réunit des hommes et des femmes de la région bordelaise, qui veulent agir autrement contre les précarités… avec humilité et fraternité… à la recherche de l’innovation sociale. Plus d’infos ici

 

Trois questions à Danièle Dubroca, psycho-socio-esthéticienne bénévole, infirmière en psychiatrie à la retraite.

@qui! – Qu’est-ce que la psycho-socio-esthétique ?
Danièle Dubroca – La psycho-socio-esthétique est la pratique de soins de beauté auprès de populations en situation d’insertion ou de réinsertion sociale qui ont été par le passé, fragilisées par des maltraitances physiques et/ou psychiques. Cette discipline, en collaboration avec les équipes sociales ou des thérapeutes comme les psychologues et psychiatres accompagne les bénéficiaires dans des projets de soin ou de vie.

@qui! – Quels sont les objectifs de votre pratique ?
D. D. – Le passé des femmes que je rencontre est toujours compliqué. L’image qu’elles ont d’elles-mêmes est souvent faussée, négative. L’objectif des ateliers n’est pas d’offrir les soins habituels pratiqués en institut, mais bien de favoriser la reconstitution de l’image de soi par une approche polysensorielle, la resocialisation et la valorisation de chacune.

@qui! – Que faites-vous lors de ces ateliers ?
D. D. – Dans certaines situations, le toucher peut-être invasif, agressif. Je dois faire très attention à ne pas les toucher sans leur autorisation, car je peux réactiver des souffrances. C’est pourquoi je propose aux femmes de commencer par faire connaissance avec leurs mains, leur visage en se passant de la crème par exemple, ou en effectuant un gommage. On échange beaucoup autour des odeurs, des textures, etc. Si elles sont d’accord, je peux leur faire un massage ou encore leur épiler les sourcils. Mais tout en douceur…


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