Signaux numériques 2015: le bouleversement continue


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 17/04/2015 PAR Solène MÉRIC

Depuis 5 ans déjà et comme à son habitude, Antoine Chotard, le scrutateur des tendances numériques de l’AEC n’a pas déçu le public venu nombreux pour l’entendre. Un exposé d’1h30 (très) dense, (très) riche et (très) dynamique comme un véritable one man show (puisqu’il revendique lui-même les anglicismes…) sur les évolutions, tendances et prospectives de quelques uns des grands chamboulements portés par le numérique. Des bouleversements pour demain, mais dont les prémices se font parfois déjà sentir avec force pour le guetteur de l’AEC.
Celà dit, si les années précédentes pouvaient être caractérisées assez fortement par un ou plusieurs phénomènes numériques nouveaux, comme le big data, ou encore les objets connectés, 2015 marque, selon Antoine Chotard, « un petit moment de flottement » mais permettant du même coup « une phase de maturation » des innovations ou phénomènes apparus précédemment.

« Disrupteurs » et redéfinition de monopole
C’est le cas par exemple, des fameux « disrupteurs », déjà évoqués lors des Signaux 2014. Ces sociétés numériques, qui du jour au lendemain ou presque, viennent mettre à mal des pans entiers de l’économie dite classique, des CD jusqu’aux taxis, avec pour dernier exemple en date : l’application Uber et son offre de transport à la demande. Figures de l’économie collaborative, et de service(s) à la demande, ces sociétés bien souvent, mettent, le client lui-même au travail, créant par là même, foule de « micro jobs ».
Un phénomène d’ « uberisation » dont aucun secteur ne semble réellement à l’abri : « acteurs de la musique, des médias, des assurances, du voyage, et bien d’autres seront mis à mal s’ils ne se transforment pas rapidement », prévient Antoine Chotard. Des « disrupteurs » qui au delà de ce phénomène de concurrence violente « parviennent de par leur compétence algorithmique de développement de codes, à redéfinir leur propre monopole », analyse-t-il. Pour rester sur le « cas » Uber, la ville de Boston a par exemple mis en place un partenariat avec la société pour l’aider à comprendre comment ses habitants vivent la ville.

De l’expérience utilisateur à l’émotion utilisateur?
Autre phénomène profitant de ce temps de « pause » pour affiner un peu plus le modèle : les objets connectés. Si au delà de l’objet lui-même, c’est bien le service qui leur est attaché qui en fait sa valeur, ce service pourrait être de plus en plus poussé, notamment par le biais de partenariats avec d’autres acteurs. Une manière « d’être de plus en plus dans le champ de la continuité de l’expérience » pour l’utilisateur. Une raquette qui capte et mesure vos performances au tennis passant un partenariat avec un journal sportif ou une chaîne télé, pourrait, pourquoi pas, vous permettre de les comparer à celles de Rafael Nadal lors de son dernier match. A moins d’envisager un partenariat directement avec le joueur, qui profiterait ainsi d’un nouveau mode de développement de son business model, au delà de la publicité pour des rasoirs… Quant à l’utilisateur, son expérience d’un match vu à la télé continue sur le terrain, dans sa pratique sportive, le tout dans une certaine relation avec son idole.

Autre hypothèse prospective proposée par Antoine Chotard: et si de l’expérience utilisateur, les tendances numériques futures, via les neurosciences par exemple, allaient de plus en plus loin en intégrant la dimension émotionnelle ? De l’expérience utilisateur à l’émotion utilisateur, en quelque sorte. S’il constate que cette logique d’émotion manque encore dans le web, il existe déjà tout de même des applications qui s’en approchent. Quand une application cherche à comprendre votre rythme quotidien via un ensemble de données, afin de faire apparaître des éléments permettant d’améliorer votre bien être, une autre se propose d’accompagner votre couple dans la conception d’un enfant, mêlant logique collaborative, big data et crowdfounding. Du côté des objets connectés, le tee-shirt vecteur de traduction d’émotion a déjà été inventé par un neuroscientifique….

Vers de nouvelles communications et des métiers inconnus
Et enfin, dans les tendances à suivre, de nouvelles fréquences voire de nouveaux modes de communication s’apprêtent à débarquer dans nos vies comme la 5G, ou encore via des applications de reconnaisance de son, d’images, etc… La célèbre application Shazam, qui reconnaît le morceau de musique que vous lui faîtes écouter, pourrait un jour entendre des messages inaudibles émis par des acteurs commerciaux ou culturels partenaires dans les musiques de notre environnement. Des sons inaudibles à l’oreille, traduit sur notre smartphone par l’application en message d’annonce sur une promotion dans le magasin où vous êtes ou encore en temps d’attente à la billeterie du festival où vous faites la queue…

Au total, les Signaux numériques décryptés annoncent toujours de grands bouleversements, pouvant a priori intervenir dans tous les pans de l’économie classique et qui poussent chaque année un peu plus le constat de l’inexorable évolution de l’emploi et des métiers. Pour Thomas Frey, prospectiviste américain, cité par Antoine Chotard, une centaine de métiers est ainsi vouée à disparaître. Mais, d’autre part, plus de 160 métiers dont on n’a, pour la plupart, pas encore l’idée sont quant à eux destinés à voir le jour d’ici à 2025, dans une quinzaine de compétences nouvelles portées par les chamboulements du numérique; qu’il s’agisse de les accompagner, de s’y adapter, de les optimiser, de les prévoir, etc… Au nombre de ces métiers, Antoine Chotard imagine volontiers des « créative technologists », des « optimiseurs de ressources temps et argent », des « agenceurs phygitals », des « profs de sport connectés », des « pshych’OS » et autres « interprètes en émotions », ou encore « des aiguilleurs de spectre et de réseaux »…
Rendez-vous donc dans 10 à 15 ans pour l’état des lieux auprès des « habitants » de la Cité Numérique… A condition bien sûr, que les journalistes et les veilleurs de tendance, n’aient pas tous laissé leur place à des algorithmes super-puissants.

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