Start up à succès: Nicolas Masson et Parking Facile


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 14/03/2016 PAR Romain Béteille

« J’ai constaté que les places en voirie et en ouvrage public sont rares et chères alors qu’il en existe plein en ville qui sont à usage privé. Pour les rendre accessibles au public, il suffit d’enlever la remise de clefs et de créer un boîtier connecté et une application mobile. En fait, on met à disposition de tout automobiliste inscrit sur le site un réseau de parkings qui appartiennent à des bailleurs sociaux, résidents ou entreprises. Ces places sont soit sous-utilisées, soit pas du tout, ce qui fait qu’on optimise un parc de parkings privés, ça rapporte de l’argent aux partenaires qui mettent leurs places à disposition, c’est sans aucune contrainte de gestion et ça revient moins cher à l’automobiliste ».

Un pitch, et c’est partiCe jeune entrepreneur de 26 ans originaire de Normandie n’a pas été victime d’un coup de folie qui l’a incité à se lancer dans cette aventure, il est parti avec une expérience solide derrière lui. D’abord des études d’éco-gestion à l’Université de Bordeaux, puis un master 2 en « gouvernance des entreprises familiales et patrimoniales ». Après plusieurs stages dans le milieu du sport, notamment dans le judo qu’il exerce à ses heures ou encore le marketing au sein d’une salle de fitness; et la grande distribution où il s’est occupé de gérer la logistique d’une entreprise de livraisons à domicile, il a intégré la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux au sein du service création d’entreprises. Pendant sept mois, il s’est constitué en porteur de projets sur différents secteurs d’activité, avec un petit chouchou qui s’est très vite distingué. « C’est là que j’ai découvert mon secteur d’activité préféré : le numérique et les modèles économiques innovants. J’accompagnais un maximum de porteurs de projets dans ce secteur, ça m’a permis de comprendre l’écosystème de l’entreprenariat à Bordeaux. Quand on a lancé « Parking Facile », on avait donc déjà un bagage, on savait déjà à qui s’adresser ». 

Avec Tom Camin, un jeune entrepreneur qui avait déjà fait ses armes avec une application mobile sur le jardinage, « L’arrosoir », ils se croisent au sein d’un concours puis au sein d’un salon de l’entreprise. L’idée germe et les deux jeunes pousses décident de s’associer. « Il avait pour projet de fermer sa boîte, et comme je ne connaissais pas beaucoup de développeurs web et mobile, je lui ai proposé et il a sauté dans le train », explique Nicolas Masson. Depuis, le train roule, doucement certes, mais sûrement. Il y a quelques semaines, Parking Facile a changé de local et s’est doté d’une nouvelle vitrine en plein centre de Bordeaux. Une expansion qui est aussi le reflet d’une bonne connaissance de l’écosystème en amont. « On a toqué aux bonnes portes et on a été très accompagnés dès le début, notamment par la Chambre de Commerce de Bordeaux. On était incubé à AEC (Aquitaine Europe Communication) et on a été très tôt lauréats du Réseau Entreprendre ce qui nous a permis d’être toujours encadrés. Le lancement commercial de la société a, en fait, eu lieu un an après sa création, au départ c’était une S.A.S qui nous a permis de démarcher et de recruter nos premier partenaires ». 

Des soutiens actifsAvec de nombreux soutiens financiers (dont une levée de fonds de 300 000 euros avec l’aide de la BPI, du Conseil régional et de financeurs privés), « Parking Facile » a pu démarrer son activité assez sereinement car soutenue dès le départ. A l’initiative du Crédit Agricole, ils ont passé un entretien devant l’équipe du « Village by CA » et ont été retenus parmi les trois lauréats. « Ca nous a permis d’avoir beaucoup de visibilité et un accès privilégié aux différents métiers du Crédit Agricole, notamment dans l’immobilier. Aujourd’hui, rien n’est fait mais on avance de manière un peu plus décomplexée ». Les récompenses, elles non plus, n’ont pas tardé : membre de l’opération French I.O.T par La Poste, ils ont été parmi les quelques entreprises chanceuses à voyager jusqu’à Las Vegas lors du dernier Consumer Electronic Show, grand messe américaine des entreprises de nouvelles technologies. « Parking Facile » a également été lauréat, en novembre 2014, du coup de coeur du public lors de la remise des prix CGPME (Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises) où, plus surprenant, du prix développement durable, ce que Nicolas Masson explique. « D’abord, on libère de l’espace public, on l’optimise. On a une approche open-data puisque pas mal de nos parkings ne sont pas en hyper-centre et proches des transports collectifs, donc on se substitue ou on complète un réseau de parc relais. Dans la mesure ou on permet de réserver sa place en avance, on évite à l’automobiliste de tourner en rond, sachant que 20% du trafic en zone urbaine dense est lié à la recherche d’une place ». Un modèle rentableIl est vrai que le modèle économique offre un potentiel certain et que l’offre ne peut que s’étendre, compte tenu du prix des parkings et du nombre de places en centre-ville de Bordeaux où garer sa voiture est devenu un vrai casse-tête. Selon de récentes études, on a appris que la moitié des places de parking réalisées dans le cadre de programmes de logements sociaux n’étaient jamais utilisée. Reste à démarcher et convaincre de potentiels partenaires, ce qui est devenu pour la jeune start-up qui compte aujourd’hui sept personnes dont trois salariés, un des principaux objectifs. « Après le lancement, on s’est concentrés sur l’acquisition de partenaires, ce qui est encore aujourd’hui le nerf de la guerre. C’est très difficile, parce qu’on essaye de travailler avec des grands comptes et leurs cycles de décision sont très longs. On voudrait avoir cinquante parkings et cinq cent places dans un avenir proche ». 

Financièrement surtout, « Parking Facile », bien que disposant d’un parc modeste voué à s’agrandir, reste assez compétitif pour le consommateur de son service. « On est pertinents pour tous ceux qui n’ont pas leur carte résidents parce qu’on est moins cher : 1€50 de l’heure au lieu de 2€20 sans compter notre système de plafonnement qui revient à huit euros la journée (six euros de 8h à 20h et deux euros de 20h à 8h). Et la semaine est aussi plafonnée à trente euros sur les places les plus chères. On est rentables puisque la place coûte en gros cent-vingt euros par mois alors qu’elle en vaut quatre-vingt. Le but du jeu, c’est d’être moins cher que les autres parkings. Même si l’expérience client est moins bonne chez nous que dans un parking public, les prix sont souvent divisés par quatre ». 

De nouvelles pespectivesUne des ambitions de Parking Facile dans un futur proche serait d’étendre ce modèle en commercialisant des parkings dans une dizaine de grandes métropoles en France et dans plusieurs villes moyennes du Sud-Ouest. Faisant pleinement partie d’un nouvel écosystème numérique bordelais en plein essor et ayant bénéficié d’aides conséquentes pour se lancer, Nicolas Masson affirme qu’il est peut-être inutile pour une jeune start-up (de plus en plus nombreuses chaque mois à Bordeaux et sur la Métropole) d’être trop assistée.

« Le rôle des collectivités, c’est d’aider financièrement les jeunes entreprises et de les mettre en relation avec les différents acteurs. Beaucoup de ces acteurs ont pour but d’accompagner, on se perd vite. On a plusieurs fois fait des dossiers pour participer à des concours, nationaux ou internationaux, et arrivés à la fin de la semaine, on n’a pas décroché un contrat ni eu davantage de clients. Il ne faut pas non plus oublier que le mec qui réussit à signer ses contrats et à faire venir ses clients est sûr de trouver des investisseurs ou de faire marcher un business, ce n’est pas le cas pour quelqu’un qui se fait sur-accompagner. Il y a un arbitrage à faire, il faut que chaque porteur de projet puisse doser ».

Porteur d’une solution innovante et d’une alternative aux problèmes de stationnement, « Parking Facile » compte bien pérenniser son petit modèle, dont le chiffre d’affaire est aujourd’hui inférieur à 100 000 euros. Quant-à savoir pourquoi ils n’ont pas été lauréats du label French Tech alors qu’ils en font indirectement partie, là encore, Nicolas Masson a une réponse : « on ira le chercher en temps et en heure ». 

Pour revoir notre reportage au sein de l’entreprise LoisirsEnchères.com et l’interview de son fondateur, rendez-vous à cette adresse : www.aqui.fr/economies/start-up-a-succes

 

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