Sur la route des Entreprises du Patrimoine Vivant : découverte d’une première perle rare à Pau


Au Parapluie des Pyrénées
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 23/07/2020 PAR Lucile Bonnin

C’est sous le nom de « Au Parapluie des Pyrénées » que l’entreprise de la famille Pando s’est faite connaître dans les Pyrénées-Atlantiques. Installé à Pau, au 12 rue Montpensier, cet atelier est spécialisé depuis des années dans la fabrication de parapluies un peu spéciaux… Des parapluies de bergers ! L’Atelier existe depuis 1896 et a été créé par la Maison Capell. Cette entreprise fabriquait des parapluies de bergers jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale. Puis, la vieille fabrique est restée fermée une dizaine d’années avant qu’Hervé Pando ne reprenne l’affaire et relance la fabrication de cet objet atypique. « Depuis, nous fabriquons toujours des parapluies de bergers, et de la même manière, confie Christophe Pando, le fils d’Hervé. Nous avons toujours suivi le même parcours, la même philosophie. »

Mais quels sont les secrets de ce fameux parapluie de berger, seulement fabriqué en France dans cette entreprise ? C’est en fait un parapluie fabriqué avec 9 baleines en rotin, avec les mêmes dimensions qui étaient utilisées à l’époque. « En 1985, nous avons décidé d’imperméabiliser le tissu avec de la résine de pin, indique Christophe Pando. C’est la seule innovation que nous avons voulu apporter en 100 ans ! »

Les premiers parapluies de bergers étaient fabriqués en fanon de baleine. Lorsque la chasse à la baleine a été interdite, il a fallu trouver un substitut pour faire les parapluies. Les baleines en fer sont alors arrivées. Or, pour les bergers, ce n’était pas un outil adéquat, car cela attirait la foudre. C’est alors la Maison Capell qui a eu l’idée d’utiliser du rotin. « C’est aussi à cause du passé de la fabrication du parapluie, que l’on parle des « baleines » (qui a pour terme technique les brins) du parapluie », explique Christophe d’un air passionné.

Au Parapluie des Pyrénées

Derniers fabricants de ce type de parapluie, les membres de la famille Pando travaillent ensemble, depuis trois générations. Pour fabriquer un parapluie de berger, pas moins de douze étapes sont à suivre. Dans la fabrique familiale, tout est conçu de manière artisanale et à l’ancienne. La main est le principal outil de travail. Perceuse, tournevis, marteau, pince : ces outils n’ont pas de secret pour ces artisans. Les tissus du parapluie sont tracés à la craie, les patrons sont en papier, tout est découpé aux ciseaux et cousu à la main. Un travail de quatre heures et demi qui demande minutie et technicité.

« Un petit coin de parapluie, un petit coin de paradis »

« Ce qui me plaît le plus dans mon métier, c’est le plaisir de faire plaisir », déclare Christophe Pando en riant. Car le parapluie de berger est un objet rare qui donne envie. Son manche en bois très noble, sa poignée ronde et lisse, le savoir-faire qui se cache derrière : ce parapluie est inusable et représente une grande partie du patrimoine Pyrénéen. « C’est aussi perpétuel, insiste Christophe. Je vois souvent revenir dans notre atelier des personnes avec des parapluies que j’ai pu fabriquer auparavant, il y a peut-être 30 ans ! Nous fabriquons un produit qui n’est pas jetable et qui peut aussi être restauré. »

Au Parapluie des Pyrénées

Les bergers, principaux concernés par cet outil de travail, sont aujourd’hui pour la plupart déjà équipés. Mais beaucoup de professionnels qui travaillent en extérieur se tournent vers la famille Pando pour trouver leur bonheur : entraineurs sportifs, chauffeurs de taxi, jardiniers… Mais ce parapluie spécial fait aujourd’hui surtout de l’œil aux amateurs de belles choses. « Beaucoup l’exposent dans une maison car c’est en quelque sorte un petit meuble. C’est une chose à laquelle on s’attache à cause de son caractère pérenne et de son authenticité », explique le fabricant.

De nombreux touristes chaque année foulent le sol de la boutique historique de la famille. « Lorsque quelqu’un entre dans notre atelier, nous lui expliquons l’histoire de ce parapluie. Nous prenons du temps pour expliquer ce que l’on fait car la transmission fait partie de notre métier. Souvent, les gens nous remercient car ils passent un bon moment en notre compagnie. Même s’ils n’achètent pas ce n’est pas très grave car l’important est de transmettre aux personnes qui s’intéressent encore à notre patrimoine », confie Christophe. Pour obtenir ce petit bijoux rare et fait avec amour, il faudra compter environ 195 euros. Plusieurs couleurs sont disponibles, mais les puristes sauront que le bleu est la couleur historique à choisir. Labellisée « EPV » depuis désormais un peu plus d’un an, l’entreprise n’a jamais cessé de faire perdurer la belle coutume du parapluie de berger. « C’est un vraie reconnaissance d’avoir ce label, car cela permet de voir que nos fabrications sont reconnues au patrimoine », déclare Christophe. Une belle tradition pour laquelle, Christophe et sa famille, mettent tout en œuvre pour ne jamais la voir disparaître. 

Ndlr : On porte à notre connaissance l existante de l’existence deux autres fabriques de parapluies de Berger en France et qui ont également obtenues le Label EPV :

– La fabrique d’Aurillac qui le fabrique de façon traditionnelle depuis 1884 :
https://www.piganiol.fr/parapluies-tradition-made-in-france/9-parapluie-de-berger-bleu.html

– La fabrique François à Poitiers qui le fabrique de façon traditionnelle depuis 1882 :
https://www.parapluie-artisanal.com/parapluies/parapluie-de-berger-bleu-marine/

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Pyrénées-Atlantiques
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles