Sur le chemin de Saint-Jacques une femme s’est échappée


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 12/03/2008 PAR Joël AUBERT

Son livre est un cœur ouvert. Elle donne beaucoup et ne demande qu’à ce qu’on l’écoute parler de ces refuges reposants après de longues journées de marche sur ces vieilles pierres. Tout au long de son livre, on a l’impression d’être assis dans un bar avec une vieille amie qui vous raconte sa fierté d’avoir réussi avec seulement vingt euros par jour en Espagne ou avec une inconnue si sympathique et avide de vous faire partager son expérience que vous ne pouvez que pointer l’oreille pour capter tout ce que vous pouvez. Elle conte, sans faux-semblant et avec familiarité, son parcours à la rue près, donnant quelques leçons d’histoire par ci, par là, mais raconte surtout son aventure dans le club des Jacquets.
Elle m’a confié que cela faisait très longtemps qu’elle avait envie d’entreprendre ce voyage. Secrétaire, puis par défaut lancée dans la vente directe, elle a ensuite gardé des personnes âgées en fin de vie pendant dix ans. Suite à cela et à un évènement malheureux vécu dans sa famille, elle a eu envie de partir, de s’enfuir. Elle a tout de suite été acceptée de partir avec des amies, sans trop se poser de questions, juste pour pouvoir donner « une réponse à tout ça ». Ce n’est qu’en route qu’elle a vu que le Chemin relevait davantage d’une démarche personnelle.

Pire que si j’avais divorcé…

Sur le chemin de Saint-Jacques une femme s'est échappéeAvec ce livre, elle a eu envie de dire merci aux gens qui l’ont aidée et soutenue parce qu’au départ, comme elle le dit elle-même : « c’était pire que si j’avais divorcé ! ». C’était une coupure directe, peu réfléchie, avec ses proches mais ce sont des pèlerins de passage, rencontrés sur le chemin de Bazas, qui lui ont donné cette envie et permis de découvrir en elle cette force et ce désir d’y arriver. « Et pourtant, je l’ai fait », peut-on lire dans son livre. « Et pourtant » car en effet on le lui déconseillait au vu de ses trois opérations de la cheville.
Au départ, notre pèlerin n’imaginait pas publier son livre, elle écrivait sur du simple papier pour passer le temps le soir dans les refuges et mettre par écrit toutes ses journées afin de ne rien oublier : Marie-Pierre, la jeune fille du Canada, le jeunot belge équipé de son sac poubelle et ramassant ce qui traînait, Hans le monégasque qui connaissait beaucoup de la vie, l’amitié naissante avec Geneviève, les fous rires avec sa fille.
Parce que, tout comme son voyage, son livre se découpe en quatre récits, quatre parcours, quatre étapes qui l’ont menée à Saint Jacques. Le premier vous décrit le paysage de Roncevaux à Burgos ; le second, ne soyez pas étonnés, de Bazas à Saint Jean-Pied-de-Port (non loin de Burgos), est le chemin de l’Indépendance, du fameux « repartir pour mieux recommencer » ; le troisième démarre de Castrogeriz (également proche de Burgos) pour se rendre Triacastelea ; mon tout achève le voyage repartant de Triacastelea pour Saint Jacques de Compostelle.

Un livre pour ceux qui se lancent sur le chemin.

Petit à petit, elle écrit plus facilement, s’échappe plus. Cette petite dame sait ne pas se focaliser sur les imprévus, les mauvaises anecdotes et nous livre sa philosophie de vie, son « Ce n’est pas grave », qui en dit long sur son vécu. Ce vécu qui lui a permis d’aller jusqu’au bout, malgré une altercation avec une de ses partenaires du Chemin. Rien n’aurait pu entacher son arrivée à Saint Jacques, en compagnie de sa fille : « Seule la leçon que j’en ai tirée restera », écrit-elle. C’est une satisfaction et une fierté de se dresser face à la « Porte de la Gloire ».
C’est uniquement dans ce but qu’elle a publié ce livre : pour conseiller ceux qui se lancent sur le chemin de Compostelle, leur indiquer les routes à emprunter, les refuges à éviter et les coins à voir. Et puis aussi pour se donner de l’élan. En effet, elle partira à nouveau sur les routes en avril et si, d’aventure vous la croisez, parlez-lui de la vieille dame aux crêpes… Elle ne demande qu’à parler et vous aimerez l’écouter. Et, si vous ne prenez pas encore la route, lisez son livre pour vous y préparer car elle n’y a mis que la vérité, que sa vérité.

Laura Jarry

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