Bordeaux : Tapaj, un travail payé à l’heure pour les jeunes sdf


Claire Sémavoine
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 27/01/2013 PAR Claire Sémavoine

« Les jeunes en errance que nous suivons sont très angoissés à l’idée d’intégrer un CDD, CDI, etc. Bref un contrat qui ne le permet pas d’une part, de suivre un traitement médical contraignant et d’autre part, d’attendre la fin du mois avant de toucher un salaire », commence Jean-Hugues Morales, éducateur spécialisé au CEID. « C’est pourquoi, le projet canadien Tapaj initié en 2000 par l’organisme Spectre de rue avec qui le CEID échange régulièrement nous a semblé correspondre aux besoins du public que nous recevons. » Une première fois expérimenté positivement à Bordeaux durant l’été 2011, Tapaj s’apprête donc à démarrer officiellement dans quelques jours. Le but ? Permettre à des jeunes en grande précarité de s’intégrer sans stress ni panique dans le monde du travail à raison de quelques heures par semaine rémunérées immédiatement. Une action rendue possible grâce à des entreprises comme Auchan, la SNCF, les commerçants de la galerie marchande Mériadeck et les Espaces verts de la mairie de Bordeaux.

10 500 euros de la fondation AuchanL’apport de fonds privés dans une association n’est culturellement pas très français et en irritera plus d’un… Pourtant, force est de constater que « sans les 10 500 euros accordés en février 2012 par la fondation Auchan pour les frais de fonctionnement du projet, jamais Tapaj à Bordeaux n’aurait pu voir le jour », observe Jean-Hugues Morales. Achat de matériel, équipements des travailleurs, temps de réunion des acteurs sociaux, etc. « Pour la fondation Auchan, ça n’est pas une action au rabais. On ne fait pas de bric et de broc », remarque Jean-Charles Llado, membre de la fondation Auchan et responsable du Comité développement durable au sein du magasin du centre-ville. « Lors de la présentation de Tapaj à Paris au jury de la fondation Auchan, il nous a fallu présenter un projet très solide et le défendre méthodiquement », se souvient l’éducateur spécialisé. « Mais une fois l’idée validée, nous rencontrons aujourd’hui beaucoup moins de pression en comparaison avec le milieu institutionnel ». « En effet, précise Sandrine Roumat, également membre du Comité développement durable et chargée de recrutement dans l’enseigne bordelaise, il est vraiment question de confiance réciproque, d’un donnant donnant en terme de visibilité ».

Quels emplois pour ces jeunes ?Les premières missions pour ces jeunes SDF se dérouleront dans un premier temps avec les Epaces verts de la mairie de Bordeaux où ils pourront par exemple mettre à profit leur créativité dans la remise en floraison des parcs et allées de la ville. Mais aussi en partenariat avec la SNCF qui leur propose de réparer des machines ou encore d’entretenir les voies. Du côté des commerçants de la galerie Meriadeck et d’Auchan qui selon Jean-Charles Llado « ne peut se permettre d’entacher son image ou d’effrayer la clientèle », l’heure est à la réflexion. « Nous étudions plusieurs pistes pour offrir du travail aux jeunes du CEID comme par exemple le nettoyage des abords du magasin, la réfection de caddies, des travaux de peinture, etc. » « L’objectif étant d’intégrer en douceur les bénéficiaires du projet dans un espace public qu’ils connaissent généralement sous l’angle de la mendicité », clarifie Jean-Hugues Morales avant de poursuivre : « C’est une population très fragilisée, souvent victime, rebelle, fréquemment opposée à la société, il faut y aller en douceur ».

En douceur… Et avec réalisme… Car en terme de revenus, ces jeunes reçoivent dans un premier temps un « équivalent/manche », soit 10 euros net de l’heure à raison de deux après-midi par semaine puis passent progressivement à un travail hebdomadaire, rémunéré cette fois-ci au SMIC horaire.

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