TER: Les Pyrénées-Atlantiques abritent « la ligne la plus malade de la région »


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Publication PUBLIÉ LE 28/09/2018 PAR Solène MÉRIC

Alors que la Région s’apprête à signer une nouvelle convention sur 6 ans avec la SNCF, Renaud Lagrave assure que la collectivité imposera des engagements plus forts de la part de la SNCF en termes d’objectifs de régularité et de robustesse, ainsi que des pénalités plus élevées en cas de défaut de l’exploitant.

La colère des usagers des lignes 63, 64, 65
Mais l’engagement du vice-président en la matière n’a semblé que peu convaincre les usagers béarnais excédés, de l’effet concret de cette convention sur leurs transports quotidiens… De même que les 300 M€ investis chaque année par la Région sur le transport ferroviaire, le financement à 100% des garages à vélo dans les pôles multimodaux, la récente harmonisation des tarifs à l’échelle régionale, les politiques tarifaires attractives mises en place (notamment à destination des jeunes ou sur les lignes à moindre fréquentation), la création d’un syndicat mixte « pour une meilleure coordination des autorités de transport », le lancement ce 1 octobre d’un système d’information multimodal unique prémice d’une billettique unique, ou plus globalement encore l’engagement de la Région à la défense des « petites lignes » (qui représentent 70% des lignes du réseau néo-aquitain)…
Seul le rappel du renouvellement de 61 rames et l’annonce de l’arrivée de 10 nouvelles rames supplémentaires sur le réseau régional a bien eu quelques effets sur les participants à la réunion. Mais pas nécessairement par des félicitations car le nouveau matériel présente des fragilités face au givre, causant un certain nombre de retards et d’annulations de trains…

Car en effet la principale cause de la colère des usagers des lignes 63, 64 et 65  se trouve dans les chiffres livrés par la SNCF en terme de régularité et de présence des trains en gare. Sur la régularité (c’est à dire les trains arrivant au plus tard 5 minutes et 59 secondes après l’heure prévu), la ligne Pau-Bedous affiche en 2017, un taux de 95,5% sur les trains effectivement partis… mais 83,6% si on ajoute au chiffre les suppressions de trains qui sur cette ligne représente 4,1%, quand la moyenne au niveau régional est comprise entre 1,9 et 2,1%… Pour 2018, sur les trains qui ont effectivement roulé, la régularité chute à 60,2 %, en raison, explique Samuel Roger de SNCF mobilité, « des conséquences importantes liées aux intempéries du mois de juillet qui ont dans un premier temps causé la fermeture de la voie avant d’entraîner une limitation de la vitesse des trains à l’endroit de l’incident ». Une limitation d’ailleurs désormais intégrée dans les nouveaux horaires de la ligne…

Face au givre, des locomotives racleuses et… la patience
Sur la ligne Bordeaux-Pau-Tarbes, « la régularité oscille énormément » reconnaît le responsable SNCF Mobilité. « Au total, en moyenne avec 83,2% de régularité, on est à 10 points des objectifs que la région pose à la SNCF », synthétise Renaud Lagrave. En cause, certains mois de l’année : le givre « qui met le matériel en défaut, entraînant la suppression ou le retard de train », précise Samuel Roger. Un problème apparu depuis environ 2 ans témoignent les usagers. Une date qui correspond, à la mise en circulation des nouveaux TER plus fragiles au givre que la génération de train précédente… Une explication qui exaspère les usagers présents : « dans le cahier des charges du nouveau matériel, vous n’aviez pas prévu ça ? », interrogent-ils ébahis. « L’évaluation des besoins des nouvelles rames et leurs commandes sont passées au mieux 10 ans avant leur livraison. A cette époque là le trafic de fret, notamment de nuit, était beaucoup plus important sur la ligne, ce qui empêchait la formation de givre », tentent les responsables de la SNCF, admettant à demi-mot que « non, le problème n’avait pas été identifié »… Du côté des solutions réclamées depuis la salle, la tribune explique qu’une locomotive racleuse passe sur la voie à l’aube avant le départ du premier train… non sans admettre le caractère parfois aléatoire de son efficacité, le givre pouvant se former après son passage. Pour autant les lignes du département devraient bénéficier d’une seconde locomotive racleuse en 2019. Faute de mieux, l’autre solution proposée aux voyageurs réguliers, c’est la patience. « Entre Bayonne et Puyoo la régénération complète de la voie qui permettra d’améliorer les choses aura lieu en 2021-2022. Pour Dax-Bayonne, ce sera entre 2023 et 2026… A 1 million d’euro du kilomètre pour la réalisation de ces régénérations, c’est l’état de la dégradation des voies qui priorise notre intervention… », explique Cécile Rodier pour SNCF Réseau. Au total, pas de quoi calmer les participants à la réunion, bien au contraire…

Les espoirs d’une amélioration sont minces
Quant à la troisième ligne étudiée lors de cette soirée, la Bayonne-Pau-Tarbes, Renaud Lagrave la présente comme « la ligne la plus malade de la région », avec 5,5% de train supprimés et une régularité de 74,5% sur les trains roulant, soit 63,4% sur le total des trains prévus sur la ligne… Pire encore, en 2018, le taux des trains supprimés ne s’améliore pas et seuls 54,8% des trains qui ont effectivement circulé sont arrivés à leur gare de destination dans le délai fatidique des 6 minutes de retard. Pour l’élu, « ce sont de chiffres complètement délirants », bien loin des objectifs fixés par la convention entre la Région et SNCF. Et au vu des arguments du Responsable SNCF Mobilité, hormis les impacts liés aux grèves, les espoirs en une amélioration sont minces. « C’est une ligne extrêmement contrainte, parce qu’elle est également desservie par des Intercités, sans possibilité de croisement autre que dans les gares… c’est donc un facteur de retard supplémentaire pour les Ter qui sont obligés d’attendre l’intercité en gare pour pouvoir repartir. » Là encore les seules solutions envisageables, «  ce sont des solutions qui supposent des investissements lourds, et des évolutions à long terme »… Ou l’argent et la dette de la SNCF, comme éternel nerf de la guerre en matière ferroviaire.

La Nouvelle-Aquitaine, « l’oubliée du rail »
Un sujet que Renaud Lagrave ne manque pas de dénoncer tout en soulignant « l’absence d’investissement de longue date » (comprendre avant la question de la dette et des financements LGV) sur le réseau ferré néo-aquitain. « Selon un audit que nous avons mené avec SNCF, remettre en état le réseau dans la région nécessiterait 1,2Md €. En raison du manque d’entretien, nous avons déjà 6 lignes fermées dont Mont-de-Marsan-Tarbes ou encore Bayonne-Saint-Jean-Pied-de-Port, pour ce qui concerne les Pyrénées-Atlantiques. La Nouvelle-Aquitaine a été l’oubliée du rail. »
Un sentiment que visiblement connaissent bien les usagers béarnais, même s’il faut noter qu’au niveau régional, la fréquentation sur les TER connaît une fréquentation en hausse de 10% sur l’année 2017. Une croissance qui semble se poursuivre en 2018.

Les dates et listes des prochains comités de ligne (qui sont par ailleurs diffusés en direct sur internet) sont à retrouver sur le site: https://transports.nouvelle-aquitaine.fr/

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