Terre 2 Cultures : des réfugiés dans les champs


Terre 2 cultures est une association qui accompagne à l'insertion des réfugiés qui répondent souvent à la demande de main d'oeuvre de la part des agriculteurs

Travail dans les serres de tomate dans les Landes pour ces réfugiés afghansTerre 2 Cultures
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 20/06/2022 PAR Julien PRIVAT

Ce lundi 20 juin, c’est la journée mondiale des réfugiés. Une journée instituée par l’Organisation des Nations Unies en 2001 pour honorer les réfugiés dans le monde entier. L’occasion pour Aqui de mettre en avant une association, Terre 2 Cultures. Elle accompagne l’insertion des personnes réfugiées en mettant en lien deux populations aux besoins complémentaires : les agriculteurs et les réfugiés. Rencontre et présentation avec Pauline Vialaret, directrice et co-fondatrice de cette association.

L’aventure Terre 2 Cultures a débuté en 2019. Il y a trois ans et demi. Cette association, à but non lucratif, a été fondée par Laludin Aftab et Pauline Vialaret. « Laludin est un réfugié afghan. Je travaillais dans le social. On voulait sortir de la précarité les réfugiés que nous rencontrions sur Paris », explique Pauline la directrice et co-fondatrice de Terre 2 cultures.

Un emploi, un hébergement, un accompagnement global

La majorité des réfugiés qu’ils rencontraient, était SDF, ne touchait ni RSA, ni chômage. « On voulait leur proposer un emploi, un hébergement et un accompagnement global, car nous ne sommes pas une boîte d’intérim non plus », sourit-elle. Pauline entend par là l’accès à des cours de français ou encore à la santé, mais aussi des aspects de la vie quotidienne (gérer l’argent, le logement, payer le gaz, l’électricité, faire des économies d’énergie, l’entretien de la maison…). « Finalement, il y a un choc des cultures qui peut créer des blocages dans l’intégration. Laludin étant afghan, il permet d’être le trait d’union dans les différences culturelles ».

Elle-même fille et petite-fille d’agriculteurs, elle connaissait ce milieu-là. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est tournée vers ce secteur qui est en besoin de main d’oeuvre et pas seulement. « Dire que les agriculteurs manquent de main d’oeuvre et une version simple et vulgarisée. Certains ont la fibre de l’accueil et veulent contribuer à l’accueil des réfugiés. Je retrouve l’ouverture d’esprit de cette population de paysans ». Elle se remémore les vendanges faites par son grand-père dans son village du Tarn-et-Garonne non loin de Valence-d’Agen où « tout le monde se retrouvait, les exilés italiens, espagnols, l’handicapé du village. Ils donnaient tous de leur temps. On mangeait, on vendangeait et tous ensemble. Une terre de partage ».

Agriculteurs dans leurs pays
Autre raison importante, les réfugiés sont parfois eux-mêmes agriculteurs dans leur pays d’origine. « Il y a beaucoup de réfugiés afghans en France, mais aussi des Érythréens, des Soudanais, des Syriens et depuis le début du conflit en Ukraine, des Ukrainiens. En Afghanistan, cela fait une quarantaine d’années que le conflit a éclaté. Ce sont d’abord les élites qui ont fui le pays. Depuis une dizaine d’années, ce sont des migrants économiques. Ils fuient la guerre, la famine et vont travailler ailleurs pour nourrir et envoyer de l’argent à leur famille. Souvent, ils sont issus de milieu rural et donc agriculteurs dans leur pays. Ils ont un savoir-faire manuel. C’est pour ça qu’ils peuvent répondre à la demande de ce domaine en France », explique Pauline Vialaret.

Actuellement, Terre 2 Cultures est présente dans 9 départements sur l’ensemble de l’Hexagone. Et notamment en Nouvelle-Aquitaine, dans les Landes avec un producteur de tomates : Tom d’Aqui. « Cela fait trois ans que nous travaillons main dans la main avec cet employeur ». Au début, il a commencé en faisant confiance à quatre réfugiés ; désormais ils sont une vingtaine à travailler pour Tom d’Aqui. « On est sur des emplois qui durent quasiment toute l’année, à part sur un à deux mois », poursuit Pauline. Ce sont des CDD renouvelables de 3, 6 et 8 mois.

Une journaliste afghane devenue médiatrice

Fatema, journaliste afghane, découvre pour la première fois l'océan AtlantiqueL’association Terre 2 cultures en a également profité pour embaucher une assistante médiatrice interculturelle, Fatema. Elle travaille depuis Dax dans les Landes (en télétravail). Il s’agit d’une réfugiée afghane. « Elle a 28 ans et était présentatrice de télévision dans son pays ». Un métier qu’elle a mis de côté pour l’instant, préférant donner tous les lundis des cours de français aux autres personnes de son foyer de demandeurs d’asile. Elle avait appris le français en Afghanistan.

Pour le moment, l’association est surtout présente dans les Landes. Mais Terre 2 Cultures à des velléités d’expansion. Notamment avec la Gironde. « Des contacts ont été pris avec l’Anefa (Association Nationale paritaire pour l’Emploi et la Formation en Agriculture) qui promeut les métiers et les formations de l’agriculture et développe l’emploi dans ce domaine-là. » Peut-être donc qu’il y aura de futurs accompagnements de réfugiés. L’association a surtout besoin d’appui de bénévoles. « On recherche toutes sortes de compétences. Ça peut être pour visiter les villes, les musées, les monuments, aller au cinéma, les amener à la plage, leur donner des cours de français, leur apprendre à gérer un budget… »

À ce jour, Terre 2 Cultures a accompagné 300 réfugiés depuis la création de l’association en 2019. En 2021, ils ont encadré 140 personnes réfugiées. « On a permis à 300 réfugiés d’avoir un emploi et prouvé à la société française que ces personnes étaient embauchables et employables ! » Une belle victoire pour Pauline Vialanet et les membres de son associations.

Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! SOLIDARITÉS > Nos derniers articles