Tribune libre : Geneviève Jacques – Un temps de dangers et de promesses


Geneviève Jacques
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 22/12/2014 PAR Geneviève Jacques - Présidente de la Cimade

Le traitement – hostile ou hospitalier – accordé aux étrangers est un marqueur de la santé démocratique de la société. S’ils sont les premiers à être soupçonnés et stigmatisés, ils ne sont pas les seuls : les chômeurs, les jeunes, les vieux, les malades que l’on traite d’assistés, de profiteurs, de fraudeurs, sont aussi victimes de notre société inhospitalière aux plus pauvres. A coups de préjugés, de fausses évidences répétées en boucle, de mensonges, les partis nationalistes et xénophobes font du rejet de l’immigration leur fonds de commerce. Les idées toxiques de « préférence nationale » se répandent et se banalisent partout. Elles prennent racine dans une « crise des solidarités » qui affecte nos sociétés de plus en plus individualistes, et se développent sur un fonds d’anxiété imputable aux problèmes économiques et sociaux et à une défiance croissante à l’égard de la classe politique.

Derrière l’ idée de préférence nationale se cache une demande de discrimination envers les « étrangers », qui peut rapidement dériver sur des attitudes racistes et la stigmatisation des Musulmans, des Juifs, des Noirs, des Arabes, des Roms etc..

Loin d’apaiser ces peurs irrationnelles ou manipulées, les politiques nationales d’asile et d’immigration contribuent à les renforcer par le biais de législations de plus en plus sécuritaires et répressives et par une approche étroitement utilitaire de la migration.

Le silence atterré ou complice devant ces dérives politiques et morales traduit une vision étriquée et frileuse où disparaît l’idée même d’égalité à l’intérieur de notre commune humanité.

Mais il n’y a pas de fatalité !Comme dans toute crise de société, des promesses nouvelles émergent de la société. Elles sont portées par toutes celles et ceux qui ne veulent pas de ce triste projet de détestation et de repli. Qui disent « Non » à toutes ces régressions éthiques et politiques.

Qui refusent la paralysie de la pensée et la résignation. « C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal » nous prévient Hannah Arendt ! Qui s’impliquent concrètement sur le terrain pour créer des liens d’humanité, pour faire reculer les injustices, pour redonner le gout du bien vivre ensemble, pour interpeler les responsables.

Ils sont plus nombreux que l’on ne croie ceux qui veulent en finir avec la « société de l’éloignement », où les gens ne se connaissent plus, cohabitent sans se rencontrer, sans se connaître, sans se reconnaître, étrangers les uns aux autres.

Pour ne pas laisser le champ libre à ceux qui nous promettent le cauchemar d’un « entre soi » replié sur lui-même sans autre horizon que la peur ou la haine de l’autre, il faut faire tomber les murs de l’ignorance ou de la bêtise en déconstruisant les idées fausses par la démonstration des faits, arguments contre arguments, vérités contre représentations, témoignages de vie contre fantasmes virtuels.

Il faut aussi commencer par affirmer que « l’étranger » est l’un de nous, qu’il appartient à notre histoire depuis toujours et que cette histoire s’écrit encore aujourd’hui. C’est autour de la revendication de ces valeurs d’égalité, de fraternité et de solidarité que La Cimade lance un « Manifeste » qu’elle propose à la signature du plus grand nombre.

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