Tribune libre – Timothée Duverger* : Pour une science engagée


Timothée Duverger
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 24/06/2015 PAR Timothée Duverger

Initié à la recherche alors que grondait la crise du capitalisme de 2008, j’ai immédiatement senti que la démission des clercs serait un drame. La science ne peut rester hors sol, elle doit descendre de sa tour d’ivoire et affronter le réel.

Appartenant à la génération Y, génération « Why », située à la croisée des chemins et en quête de sens, je crois que le temps du retour des intellectuels est venu. Dans un contexte de crise systémique, les sciences humaines et sociales ont le devoir de s’attaquer au problème du politique, entendu non pas dans ses formes partisanes, mais comme la mise en forme de la société.

Une science engagée ne revient en aucun cas à instrumentaliser le savoir par la politique. Les règles de la méthode sont parfaitement respectées, l’administration de la preuve reste d’une impérieuse nécessité. Mais les artisans de la science deviennent les éclaireurs d’une société en perte de repères.

Aussi est-ce le politique que j’entends saisir dans ma thèse sur l’histoire de l’économie sociale et solidaire (ESS). En entrelaçant les trajectoires de ses groupements, discours et institutionnalisations, j’ai interrogé les modes d’institution de la société.

L’étude de l’économie sociale et solidaire constitue de la sorte une porte d’entrée pour l’exploration des sociétés démocratiques de marché, prises dans le triangle des rapports entre l’État, le marché et la société civile. Ses mutations révèlent l’effacement progressif de l’alternative au régime capitaliste. L’aspiration démocratique perdure, mais elle apparaît de plus en plus intégrée au système.

Les lignes de fuite existent cependant. La fin de la croissance et la révolution numérique tarissent les sources du profit et ouvrent une fenêtre d’opportunité. Le défi consiste à relier les expériences alternatives dispersées pour monter en généralité et déborder la capacité de charge du capitalisme.

Écrire l’histoire des alternatives est ainsi un levier pour stimuler cette authentique praxis, combinant les actions à leur réflexivité en vue de la transformation sociale.

* Auteur d’une thèse intitulée : « L’émergence de l’économie sociale et solidaire. Une histoire de la société civile organisée en France et en Europe de 1968 à nos jours : groupements, discours et institutionnalisations », soutenue le 16 juin 2015 à la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine.

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