Un numéro vert pour aider le handicap


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 06/06/2020 PAR Romain Béteille

Pour beaucoup, ils sont « épuisés par ces deux mois et demi de confinement. La reprise des écoles et des établissements médicaux sociaux se fait de façon très segmentée, partielle, ces familles ont donc besoin de soutien, d’une solution de répit. Avec ce numéro, nous allons pouvoir regrouper les acteurs du territoire pour leur permettre d’offrir ces solutions », a ainsi précisé la Secrétaire d’État, également en visite au Café Joyeux, une chaîne de restaurants employant des personnes handicapées mentaux ou atteints de troubles cognitifs, qui a ouvert ses portes ce mardi à Bordeaux.

Des parcours complexes

Les familles et leur expérience, c’était justement l’objet d’une table-ronde, aux témoignages souvent révélateurs d’une aide encore insuffisante pour ces enfants, adolescents ou jeunes adultes aux pathologies très diverses et aux besoins souvent spécifiques, d’autant plus dans le contexte d’une crise où les structures d’accueil et d’accompagnement ont été « prises de cours. Il y avait une grande incertitude de savoir comment les personnes handicapées et leurs familles allaient vivre ce confinement », a souligné Michel Keisler, Directeur général de l’APAJH de Gironde, qui relève pourtant que « dans l’ensemble, ça s’est plutôt bien passé et l’inquiétude de départ n’était plus aussi forte à l’arrivée. C’est notamment dû à une coopération essentielle, notamment du côté de l’intervention à domicile, des CCAS ou des écoles ». 

Toujours est-il que le déconfinement et la « reprise » ne sont pas encore une réalité pour tout le monde.  Arthur, 22 ans, est le deuxième d’une fratrie de quatre enfants. Atteint d’autisme, il n’a pour l’instant pas repris la classe au sein de l’Institut Médico-Éducatif dans lequel il était inscrit, ni son stage de trois jours par semaine à l’ESAT (Établissement et Service d’Aide par le Travail). « Il a plutôt bien vécu le confinement, on n’a pas eu d’accentuation des troubles. Pour l’instant, la reprise est très anxiogène, on attend que les choses s’apaisent parce que c’est dur pour lui de reprendre avec les gestes barrières », témoigne sa mère, testée positive au Covid-19, tout comme Antoine. Le confinement a aussi eu des conséquences sur la famille : pour une mère seule, avec trois enfants à charge à la maison, il a fallu faire des sacrifices. Antoine, l’aîné, a dû arrêter sa première année de BTS et vient juste de reprendre son poste de pompier volontaire. Pauline, infirmière, a été bloquée au Vietnam. « On a réussi à la faire rapatrier au service réanimation à Marmande, ça fait quatre mois qu’on ne l’a pas vue, pour ne pas prendre de risques ».

Pour Nadia, maman de Maïssane, 15 ans, polyhandicapée, le confinement a au contraire plutôt été un soulagement au moins sur un point : la prorogation des droits de manière automatique. « Il n’y avait plus de papiers à faire. Il a fallu pallier à l’urgence mais ça a été un grand accélérateur dans le traitement des dossiers ». La prise en charge de Maïssane, dans le cadre d’un PCPE (pôles de compétences et de prestations externalisées), a été stoppée pendant le confinement. « J’ai eu peur, je ne voulais pas prendre de risques. On a recommencé à porter toutes les casquettes, on fait un peu de tout… mais surtout un peu de rien ».

« Effet entonnoir »

Faciliter l’accès aux soins, arrêter les demandes de justification systématiques du handicap pour obtenir des aides auprès de multiples structures et apporter des solutions concertées à une sortie de crise qui risque de durer, c’est en tout cas le but affiché de cette plateforme d’appels, dont la prise en charge sera assurée par des « communautés 360 » composées d’acteurs locaux réunis autour des MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). Ce 360 fait aussi écho à un numéro national, à l’origine prévu pour 2021 mais qui a donc été adapté au contexte de la crise et lancé plus tôt que prévu. La logique est la même : adresser toutes les demandes au même endroit et permettre une meilleure coordination entre tous les acteurs du champ médico-social.

La plateforme se veut elle-aussi comme une « porte d’entrée unique. Ce que la crise nous a enseigné, c’est l’isolement des familles, c’est que parfois elles n’ont pas une réponse adaptée ni de service d’accompagnement. Nous nous mettons tous ensemble avec la MDPH en cœur de réacteur. Cette crise nous a amené à une coopération inédite, nous voulons capitaliser là-dessus pour ne plus avoir des gens sans réponses qui devraient errer de service en service », a précisé la secrétaire d’État. « Il y a eu un déplacement des besoins à domicile, des façons différentes d’accompagner. Le personnel médico-social a répondu présent et on a pu voir qu’il fallait travailler différemment ». 

Pour le président de la Gironde, Jean-Luc Gleyze, c’est aussi une question d’accès au droit, « de savoir où se trouve la bonne porte et quelles sont les bonnes aides. Ça répond aussi à un besoin fort de simplification administrative, pour que les familles ne soient pas en train de mener un combat supplémentaire ». Sophie Cluzel a dit espérer que l’ensemble des départements puissent mettre en place ce numéro vert « d’ici la fin du mois de juin » et a souhaité un appui supplémentaire auprès des départements de la part des agences régionales de santé pour les aider à le mettre en place. Le numéro sera ouvert cinq jours sur sept à partir de ce lundi 8 juin.

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