L’Université Hommes-Entreprises du CECA en quête de sens


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/08/2014 PAR Solène MÉRIC

Une des clés du succès toujours renouvelé de l’Université du CECA, outre son thème central de la relation Hommes-Entreprises, est sans aucun doute la qualité jamais démentie des intervenants qui y sont programmés. Entre analyses riches et pointues, et souci de compréhension et de clarté pour l’auditoire. Des interventions complexes mais didactiques souvent pleines de punch, d’humour et d’énergie, facilitant le cheminement de la pensée et de la réflexion. Les deux premiers intervenants de l’Université 2014 du CECA, Marc Halévy, physicien spécialiste de la prospective économique et Samuel Rouvillois, « Frère Samuel », Philosophe, théologien et religieux de la congrégation des Frères de Saint-Jean sont bien de ceux-là.
Et leurs deux interventions, en ouverture du colloque, ont ainsi clairement posé les grandes lignes du questionnement ouvert par le thème de la journée, «Sens et croissance». Une question d’actualité si l’en est à l’heure où nos politiques, pour l’essentiel, ne jurent que par une croissance pour l’heure perdue, érigée en véritable Graal de la réussite de nos entreprises et au final de nos vies. De là à en déduire que la croissance donne un sens à nos vies, le pas est semble-t-il petit. Pourtant la course à la croissance est bel et bien enrayée, comment alors réconcilier (et est-ce possible?) logique économique et recherche de sens?
A cette question Marc Halévy, répond en quelques sorte, que la vérité est ailleurs. Elle n’est pas en tout cas dans le modèle socio-économique capitalistique et centralisé bien connu de l’Occident ces derniers siècles, pour la bonne raison que selon lui, ce modèle touche à sa fin. Preuve en est l’ensemble des ruptures ou crises qu’il analyse. Parmi elles, les crises liées à la disponibilité des ressources, la rupture technologique avec le passage du mécanique au numérique, la complexification des organisations, la remise en cause des logiques économiques «classiques» telles les économies d’échelle, le taylorisme, etc… Autant de «graves turbulences» qui pour lui caractérisent une période de «bifurcation» vers un nouveau cycle et de nouveaux paradigmes. Rien de nouveau assure-t-il, l’humanité connaît de telles évolutions tous les 550 environs. «A l’invasion des cités grecques a succédé la chute de l’Empire romain, puis la mutation féodale, la Renaissance et désormais ces fameuses ruptures, ouverture d’un nouveau cycle, non encore stabilisé».

« Un monde à réinventer »S’il ne peut le décrire encore, la meilleure manière d’aborder ce nouveau modèle global est d’abord selon lui, d’apaiser les turbulences en cherchant à répondre à ces ruptures. Face à la pénurie de ressources, «passons à la frugalité, consommer moins mais mieux» propose -t-il. Sur la transition technologique entre mécanique et numérique, il préconise «l’intellectualité», «restons maîtres de nos pensées», sur les organisations, veillons à «l’organicité», «plutôt qu’à la sclérose». Enfin sur le constat d’un basculement du paradigme de «progrès» et à celui de «bien-vivre», Marc Halévy prône une place sauvegardée à la spiritualité («et non forcément religion»), «pour ne pas tomber dans la barbarie», et justement «donner du sens à l’ensemble».
Au total, «un monde à réinventer» selon l’intervenant, mais prévient-il, si l’objectif est enthousiasmant, «la solution ne viendra pas des institutions en place», véritables porte-voix du cycle qui s’achève. C’est bien plutôt d’un mouvement de «bottom up», résultat de l’agrégation des solutions locales voire individuelles, que l’impulsion du basculement doit venir souligne-t-il.
Pour Frère Samuel, les entreprises sont justement au cœur de tout ça; elles sont à la fois «un collaborateur du système encore en place et en même temps un lieu de résistance» préparant l’arrivée du prochain cycle. Une évolution qui dans l’entreprise selon lui n’est pas si nouvelle. «Depuis les année 90, les entreprises s’efforcent d’intégrer les personnes dans le projet d’entreprises, explique-t-il, mais désormais c’est une phase nouvelle qui doit se jouer, il faut en venir à la singularité des personnes pour humaniser l’entreprise». Autrement dit, mettre l’humain comme priorité en respectant «le rythme et l’écologie de la personne», lui faire confiance et encourager les alliances interpersonnelles notamment intergénérationnelles pour donner sens au développement et au projet de la structure.

Et Barbara Hendricks chanta

 Barbara Hendricks dédicacant son livre

L’humain justement… Qui mieux que Barbara Hendricks pour en parler et faire vibrer une assistance conquise? L’immense cantatrice, ambassadrice à vie du Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés, a évoqué avec la complicité de Christophe de la Chaise un parcours de vie «peuplé d’anges» et que rien sauf la rencontre, à vingt ans, avec Jennie Tourel à la Julliard School de New York, n’aurait détourné de ses études de mathématiques et de chimie. Une rencontre décisive pour la petite fille de Stephens dans l’Arkansas qui ne connaissait du chant que les cantiques dans l’église méthodiste dont le père était pasteur, une enfant noire qui avait du mal, déjà, à comprendre et accepter ce que pouvait être la ségrégation en 1955 dans un état du sud des Etats-Unis. Du combat qu’elle mène depuis la Suède sa seconde patrie, elle parle avec les mots de la passion pour le genre humain, celle qu’elle met, ces temps-ci, à accompagner le HCR auprès des quelques 700.000 apatrides de Côte d’Ivoire….En manière de réponse à une dernière question qui lui était posée Barbara Hendricks accepta de façon inattendue de chanter ; elle offrît alors aux participants de l’Université un «I’ll be free» si émouvant qu’il déchaîna une standing ovation dont tous se souviendront. Et ceci avant de se prêter de bonne grâce à l’invitation de la Machine à Lire à la signature de «Ma Voie», son livre publié aux Editions les Arènes en 2010.

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