Vu de mon canapé : en Rugby, Christian Jeanpierre n’aura jamais raison.


Kaboutchy
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 08/10/2011 PAR Olivier Darrioumerle

Aujourd’hui encore, la rivalité franco-anglaise, la puissance des joueurs et les pratiques opaques et complexes du rugby ont été manipulées pour être les éléments essentiels du spectacle. « Au large, au très large », le rugby de Christian Jeanpierre est aux goûts du jour pour satisfaire l’Homo festivus, coupé entre l’hystérie exagérée et la mollesse affective. Le rugby de Christian Jeanpierre tient à tout prix à améliorer lespectacle avec de l’exotique, de la violence et du refoulé !Voilà ce que veut le spectateur selon TF1 : l’euphorie stérile d’unejeune fille en fleur pour une touche gagnée ou les muscles d’ImanolHarinordoquy !Avec l’alibi démocratique (égalitarisme et uniformisation par la majorité), les commentateurs de TF1 traduisent, vulgarisent, normalisent, un sport d’essence aristocratique. Ils soumettent le rugby au modèle unique du spectacle sportif, le football,pour en faire une messe nationale.

« Allez les petits ! »
Qu’avons-nous fait de nos mythologies fondatrices ? Que signifiait le fighting spirit ou le french flair ? Will Carling était-il le dernier « rugger » anglais ? Certes l’équipe d’Irlande s’est inclinée contre le pays de Galles en quart de finale de la coupe du monde, mais leur victoire en poule contre l’Australie est une bouffée d’optimisme pour les amoureux du Rubgy. Les veinards qui étaient devant leur télévision le 17 septembre ont pu voir une rébellion irlandaise animée du fameux « fighting spirit ». Le lendemain, un éclair de « French flair » est apparu contre le Canada… durant les arrêts de jeu. Une occasion avec la geste qui donne le quatrième essai synonyme de bonus offensif et, au final, de qualification pour les Français. Aujourd’hui personne n’a oublié ce «  french flair qui prenait à contre pied toutes les équipes du monde et signait une façon de jouer », comme l’écrit par ailleurs Joël Aubert. Personne ne l’a oublié, pas même les joueurs qui sortent à peine des centres de formation français. Je veux la vista d’Alexis Palisson ( 80 kilos ) pour exemple. Du haut de ses 24 ans, il donne une passe à l’intérieur à Maxime Médard, en fixant trois défenseurs anglais. Un essai signé.

« Vers l’hyperrugby. Triomphe du sport unidimensionnel »
Dans la collection diagnostics, aux éditions « Le Bord de l’eau », Xavier Lacarce lance un appel aux dinosaures, aux grincheux et aux rétrogrades pour relever la mêlée ! Dans une étude documentée, argumentée et illustrée d’exemples succulents, l’universitaire bordelais propose une anthropologie du rugby à travers une grille de lecture intéressante ; histoire, sociologie et philosophie, un arsenal de sciences humaines qui conduisent une étude sans concession sur le «noble game» d’hier et le rugby d’aujourd’hui. Selon l’auteur, le rugby est « mort », son ouvrage fait oeuvre d’autopsie. A travers une réflexion qui peut paraître anodine, la « mort » du rugby nous fournit un prisme parfait pour observer le monde moderne et la perte des valeurs.

dessin : Kaboutchy

Olivier Darrioumerle

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