L’association Wintegreat aide les réfugiés dans leur intégration à Bordeaux


Wintegreat
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 14/02/2019 PAR Alizé Sibella

L’association Wintegreat a été créée à Paris le 15 septembre 2015 par Théo Scubla et Eymeric Guinet qui se sont rencontrés pendant leurs études à l’ESCP Europe Business School à Paris au moment même où la crise des réfugiés battait son plein. Parler de cette réalité ne leur suffisait pas ; ils souhaitaient, au contraire, agir sur le long terme et ainsi lutter contre une forme latente de misérabilisme en proposant à certains réfugiés de s’intégrer durablement sans déclassement. Ainsi, pour mettre fin à ce qu’ils voyaient comme “un gâchis de talents,” ils mettent en place cette initiative dont le principe fondateur est l’optimisme. Cette association a, depuis, fait des émules et a ouvert des antennes dans huit grandes écoles françaises. En janvier 2017, Sciences Po Bordeaux en ouvre une. Elle accueille, chaque année, une vingtaine de réfugiés. “Wintegreat veut être la passerelle manquante entre les talents des personnes réfugiées et les opportunités en France,” nous dit Louise Haden, étudiante en Master 1 Coopération Internationale de développement et directrice du programme à Sciences Po Bordeaux. Marquée par la vision des choses en termes de politique sociale et migratoire lors de son Erasmus en Angleterre, Louise décide d’intégrer ce programme dès sa troisième année. “La crise des réfugiés était une actualité ; j’avais envie de m’engager. Cette association propose une solution sur le long terme en matière d’insertion professionnelle et d’intégration en France.

Sous certaines conditions

La France accueille plus de 43 000 réfugiés par an. Il est dit d’une personne réfugiée qu’elle a fui son pays afin d’échapper à un danger, qu’il s’agisse d’une guerre, de persécutions ou d’une catastrophe naturelle, pour ne citer que quelques raisons.

Afin d’intégrer le programme “Wintegreat”, plusieurs conditions sont requises : il faut être âgé de plus de 18 ans, avoir obtenu le statut de réfugié (soit être personnellement en danger dans son pays d’origine) ou être sous protection subsidiaire (soit être originaire d’un pays défini comme dangereux), avoir un niveau éducatif suffisant pour pouvoir suivre des études supérieures (équivalent du baccalauréat par exemple) et vouloir rester en France. Ces personnes doivent également être disponibles pour les heures de cours et avoir nécessairement un niveau A1 en français. Bien que le programme soit gratuit, leur présence est, par ailleurs, obligatoire. Cependant, le critère le plus important reste la motivation.

Syrie, Afghanistan, Soudan, Sri-Lanka, Ukraine…

Pour son cinquième semestre, le programme a débuté à Bordeaux au début du mois de février. La promotion est composée de 25 réfugiés qui sont accompagnés par 58 étudiants bénévoles de Sciences Po Bordeaux. Chaque profil de réfugié est différent et chacune des personnes ont des objectifs qui leur sont propres. Ils ont entre 21 et 59 ans mais la majorité d’entre eux sont âgés de 25 à 35 ans. Ils sont journalistes, commerciaux, informaticiens, enseignants pour certains, en reprise d’études dans l’audiovisuel et le management pour d’autres. Beaucoup d’entre eux se sont engagés pour les droits de l’homme dans leur pays et aimeraient continuer dans cette voie, comme travailler dans des organisations nationales.

Cette promotion est composée de Syriens, d’Afghans, de Soudanais, de Sri-Lankais et d’Ukrainiens. Chacun bénéficie d’un accompagnement personnalisé encadré par trois bénévoles. Ils suivent un programme intensif pendant 12 semaines : 20 heures de cours par semaine minimum dont 12 heures de français/langue étrangère (FLE) et 2 heures d’anglais. Ils doivent également assister à un cours de 2 heures intitulé ‘Vivre en France’ qui est dispensé bénévolement par des professeurs de Sciences Po, sur des thématiques différentes chaque semaine : la laïcité, les femmes en France, comment ouvrir un compte en banque, par exemple. A cela viennent s’ajouter 2 heures d’un module professionnalisant qui inclue des workshops, des interventions hebdomadaires de professionnels avec pour thèmes : comment se présenter, comment faire un CV, comment fonctionne la recherche d’emploi en France, etc.

Trois stades d’encadrement : le buddy, le coach et le mentor

Le buddy et le coach sont des étudiants de Sciences Po ; le mentor fait partie du monde professionnel bordelais.

Le buddy aide les étudiants à pratiquer la langue française. Les discussions sont moins formelles, ils sont là pour créer du lien social dans un esprit de partage. Ils se rencontrent, en moyenne, une fois par semaine. Des sorties sont organisées (expositions, théâtre, cinéma, visites de la ville) pour leur apprendre à pleinement s’intégrer dans la métropole bordelaise. Agathe Thomas, étudiante en quatrième année à Science Po Bordeaux témoigne : « J’ai connu l’association grâce à une présentation qui a été faite au sein de l’école mais aussi aux e-mails communs à l’école. Devenir membre a été une évidence. J’ai donc rejoint l’association en tant que buddy lors du deuxième semestre de ma seconde année. Je suis là pour accompagner le participant dans l’apprentissage du français et aider à son intégration dans la vie bordelaise. »

Pour aider les participants, le coach aide le bénéficiaire à préciser son projet futur, comme par exemple au niveau des démarches à effectuer pour s’inscrire à l’université ou comment faire valider un diplôme étranger. Son rôle est de suivre ses progrès et de l’épauler lorsqu’il rencontre des incertitudes. Le coach travaille en binôme avec le mentor. « Ces derniers sont là pour les aiguiller dans leur recherche du monde professionnel et leur insertion, »  nous apprend Louise Haden. Le mentor donne son avis en tant que professionnel et met son expérience et son réseau au service de ce programme, pendant 6 à 8 mois aux côtés de 2 étudiants de Sciences Po Bordeaux.

« Notre but est de leur donner tous les outils nécessaires et leur offrir des opportunités professionnelles, mais c’est à eux de les saisir. Par contre, il est important que cela se fasse sans déclassement par rapport à ce qu’ils faisaient dans leur pays d’origine, » insiste Louise Haden.

Dans un département, la Gironde, dont Louise Haden rappelle qu’il s’agit de l’un des premiers départements qui accueille le plus de réfugiés en France, il s’agit là d’une opportunité pour les participants comme pour les étudiants qui s’engagent auprès d’eux. « Bien qu’ayant peu de grande marge de manoeuvre en tant qu’étudiants, nous pouvons faire beaucoup. Il ne faut donc pas hésiter. Le fait que nous soyons tous de culture différente est enrichissant,» conclut Louise Haden.

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