A Montignac, « Karol Beffa fait son cinéma »


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 16/08/2012 PAR Bérénice Robert

Diplôme de l’Ecole Normale Supérieure, de l’Ecole Nationale des Statistiques et de l’Administration Economique, licence d’histoire, maitrise de philosophie, master d’anglais à Cambridge, mais aussi élève du Conservatoire national supérieur de Paris, où il a obtenu sept premiers prix, le CV de Karol Beffa a de quoi impressionner. Pourtant, ce pianiste compositeur et interprète de 39 ans n’en fait pas grand cas. « J’avais envie de faire des choses différentes, j’avais du mal à choisir et ça ne me dérangeait pas de multiplier les expériences et les disciplines », explique-t-il simplement. Des expériences, qui, selon lui, n’ont pas eu d’influence sur sa façon de pratiquer la musique. « C’est triste à dire, mais je pense qu’on peut être un très bon interprète et compositeur et être totalement inculte », souligne-t-il.

Il a néanmoins fini par se décider, un jour, pour la musique. « J’ai toujours fait de la musique et j’ai toujours songé à être compositeur, raconte-t-il, même si je ne pensais jamais pouvoir l’être. Puis j’ai compris que c’était dans la musique que j’avais le plus de facilités et je m’y suis consacré totalement ». Il avait alors une vingtaine d’années. D’élève, il devient rapidement professeur, après un doctorat en musicologie. L’ENS lui ouvre ses portes, ainsi que Polytechnique. Et l’année prochaine, c’est au Collège de France que l’on pourra également l’écouter, puisqu’il a été élu à la chaire annuelle de création artistique pour 2012-2013. Car Karol Beffa a la passion de l’enseignement. Pour plusieurs raisons : « déjà cela me permet de ne pas passer quinze heures sur 24 devant une page blanche, c’est bon pour mon équilibre personnel. Et c’est aussi une façon d’éprouver une vraie satisfaction quand les élèves font des progrès, quand les choses évoluent ».

Deux films muets pour un pianoUn emploi du temps chargé qui ne laisse pas beaucoup de place à l’imprévu et à l’improvisation, donc. Surtout si l’on y rajoute son activité de compositeur. Pourtant improviser, c’est un de ses domaines de prédilection, à Karol Beffa, lui qui dit avoir « toujours un peu improvisé dès [qu’il a] su jouer du piano ». C’est d’ailleurs pour cela qu’il revient chaque année depuis sept ans au Festival du Périgord Noir, à l’occasion d’un ciné-concert qui a maintenant son lot d’habitués. Le principe est simple : deux films muets pour un piano. Le reste appartient à l’artiste, qui va improviser au gré des images et de son inspiration la musique du film qui défile au dessus de lui. Comme il le précise, « je connais le film car je l’ai visualisé au moins une fois mais au moment où je pose mes mains sur le clavier je ne sais pas du tout ce que je vais faire. C’est vraiment ça l’intérêt pour moi, il faut que ce soit sans filet, pour avoir à chaque fois un plaisir renouvelé.»

La projection commence avec « Go West », de Buster Keaton, un film burlesque dans lequel le piano accompagne les (més)aventures du vagabond Friendless, atterri dans un ranch où il se prendra d’amitié avec Brown Eyes, une vache qu’il fera tout pour sauver de l’abattoir. Puis « The Lodger », d’Alfred Hitchcock, dans lequel un mystérieux « Vengeur » assassine chaque mardi soir une jeune fille blonde. Il est insaisissable, jusqu’au jour où un étrange locataire pousse la porte des Bunting. Le doute s’immisce dans leur esprit, et ils commencent à craindre pour leur fille aux boucles d’or, la charmante Daisy, qui s’éprend de l’inconnu en dépit de leurs recommandations. Là, le piano se fait sombre, exacerbant le suspens et la tension dramatique de l’œuvre déjà portés par la caméra d’Hitchcock. Daisy s’en sortira-t-elle ?

Karol Beffa, lui, s’en sort avec brio. « L’essentiel, déclarait-il avant sa prestation, c’est que le public, qu’il soit cinéphile, mélomane, ou les deux en même temps, prenne du plaisir ». C’est réussi.

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