Un plan de vol chargé pour l’ADS Show 2018


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 23/05/2018 PAR Romain Béteille

Restructuration

Officiellement, la France se situe comme le premier marché européen en matière de MCO dans le secteur de la Défense, avec un budget prévisionnel du Ministère des Armées de trois milliards d’euros par an (+25%) pour assurer le maintien en condition opérationnelle de ses flottes aériennes en 2018. Ça, c’est pour le discours officiel. En moins lisse, la raison pour laquelle la Défense s’intéresse aux acteurs de la maintenance aéronautique, c’est notamment parce que le taux de disponibilité des aéronefs militaires nationaux n’est pas vraiment dans le peloton de tête. Pour en attester, les rapports ne manquent pas. Le dernier en date, rédigé par le spécialiste Christian Chabert (ingénieur général de l’armement), sur lequel s’est basée la Ministre Florence Parly pour annoncer une mission spécialement dédiée au Maintien en Condition Opérationnelle), montre en effet que la disponibilité des flottes des forces françaises stagne autour de 44% depuis 2012, soit moins d’un aéronef sur deux capable de réaliser la mission pour laquelle il a été demandé. Pour tenter de faire face à cette faille importante, le projet de loi de programmation militaire 2019-2025 (en ce moment étudié au Sénat) prévoit donc de moderniser les processus et les outils de ce fameux MCO. C’est sans doute la raison pour laquelle la nouvelle direction de la maintenance aéronautique fait les yeux doux à la mise en concurrence telle qu’elle est déjà réalisée dans des services comme la DGA (Direction Générale des Armées). Même si les premiers contrats ne sont pas attendus avant la fin de l’année voir au début 2019 (pour les flottes dont les performances sont les moins bonnes notamment, comme l’A 400M ou le Rafale pour les avions), leur durée pourrait s’étaler sur cinq ou dix ans. L’innovation est elle aussi un levier sur lequel l’armée compte jouer, notamment auprès des industriels, qui travaillent déjà depuis plusieurs années sur la maintenance prédictive (on pense notamment à Dassault et Airbus et leur nouveau projet, pour ne citer qu’eux).

Ambitions locales

Voilà pour le contexte. Là où la Nouvelle Aquitaine entre en jeu, c’est dans sa capacité à mettre en place ses forces pour contribuer à ce vaste plan. Par exemple, à la fin du mois de mars dernier, la naissance de la DMAé (Direction de la Maintenance Aéronautique) sur la base aérienne de Bordeaux-Mérignac n’avait évidemment rien d’un hasard : c’est dans la région que l’on trouve déjà les DGA, SIAé, états-majors, unités opérationnelles et de très nombreuses entreprises de la filière aéronautique, l’un des poumons économiques locaux, avec pas moins de 60 000 emplois, dont un tiers dans la défense et douze centres de formation (dont trois sont spécialisés dans la maintenance, Aérocampus étant en bonne place). Le fait que le seul salon européen dédié au MCO se déroule sur la même base aérienne de Bordeaux-Mérignac tous les deux ans, et s’apprête à rempiler pour une quatrième édition les 26 et 27 septembre prochain arrive donc à point nommé, au carrefour des ambitions politiques et économiques nationales, chantier dont le président de la Région Nouvelle Aquitaine, Alain Rousset, n’a jamais cessé de s’emparer (même pour défendre son pré carré). La Région ne se prive d’ailleurs jamais d’abonder la filière ASD en fonds publics : plus de 20 millions d’euros par an selon les derniers chiffres, dont 45% sont dédiés à l’innovation. « C’est un enjeu industriel considérable », a réaffirmé Alain Rousset, « autant en termes d’emplois industriels que de formation. La révolution de la maintenance prédictive, le fait que demain, on puisse réparer les moteurs en fonction de l’usure, c’est une révolution technologique colossale, il était donc normal d’avoir un lieu de visibilité, de rencontre, d’échanges ». 

Vitrine et enjeux

C’est ce qu’est devenu, petit à petit, l’ADS Show. Car le moteur tourne à plein régime : en 2017, le secteur ASD (Aéronautique Spatial Défense) national enregistrait le premier solde excédentaire de la balance commerciale nationale avec 17 milliards d’euros. Régionalement, la Nouvelle Aquitaine ne compte pas moins de six milliards d’euros de chiffre d’affaire global, à 60% à l’export. Le fait que l’ensemble des acteurs de la filière à l’échelle européenne compte répondre présent n’est donc pas une surprise. Le salon en lui même se déploiera au travers de cinq pôles stratégiques d’activité : ISR et combat (aéronefs et drones), appui, transformation numérique (c’est là, notamment, que l’on retrouvera la transformation additive utilisant le laser, une autre spécificité régionale…) et enfin un important pôle dédié aux « formations innovantes » (sujet chaud s’il en est). C’est que, comme aime souvent à le rappeler Jérôme Verschave, directeur d’Aérocampus, les besoins en bras du secteur ne cessent de croître (depuis 2009 selon le Gifas, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, qui a récemment avancé le chiffre de 12 000 recrutements prévus en 2018 face à des carnets de commandes déjà bien remplis). « Souvent, on se représente la filière à travers des métiers comme les pilotes, stewarts et ingénieurs. Mais le gros des troupes est dans la maintenance. L’année 2018 a commencé très mal en termes de sécurité des avions. Or, on estime que leur nombre va encore grimper dans les années à venir, avec des risques de crash et des questions de sécurité d’autant plus importantes. Ces gens dont on ne parle pas, c’est aussi ça l’enjeu d’un tel salon », a d’ailleurs souligné ce dernier.

Mais l’ADS Show, de l’aveu même d’Aymar de Blomac, son Commissaire Général, ne compte pas être simplement une vitrine bonne à serrer des mains, il vise plus concret. À travers différents temps forts (réflexions et échanges stratégiques au travers d’un grand séminaire, rencontres entre entreprises et donneurs d’ordres pour le volet économique et présentation des innovations qui est la grande nouveauté cette année,  le volet « démonstration » restant le centre névralgique de l’évènement), l’ADS, qui attend chaque année entre 4500 et 5000 visiteurs « rêve de devenir le premier salon en termes de maintenance globale aérienne ». « L’enjeu du MCO pour les armées, raison pour laquelle nous devons être au rendez-vous de toute cette innovation, c’est la garantie de notre autonomie d’action et de posséder un armement à long rayon d’action. La capacité à former des experts est donc un moyen évident d’améliorer ce soutien global à la soutenabilité des systèmes d’armements », a pour sa part justifié Pascal Delerce, Général de brigade aérienne du corps des officiers de l’air. Il n’y a qu’à voir l’important développement du volet business (pas moins de 1000 rendez-vous programmés) pour constater les ambitions plurielles et hautement stratégiques d’un tel rendez-vous. Et si son aspect biennal n’a pour l’instant pas été remis en cause, on nous a murmuré que les organisateurs comptaient déjà réfléchir à la tenue d’un séminaire annuel pour 2019. En attendant l’intentionnelle vitrine imposée par la future Cité Aéronautique, le contexte de rentrée devrait permettre à l’ADS Show d’être scruté de près… 

L’info en plus : pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur le programme et l’aspect pratique de ce salon se déroulant sur la BA 106, rendez-vous sur le site officiel de l’évènement www.adsshow.eu.

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